Pas d'emballement pour 2011

Par Eric Benhamou, éditorialiste à La Tribune.
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Il y a tout juste un an, le prestigieux Institutional Investor avait annoncé, avec fracas, "la fin du culte des actions", après une décennie "perdue". Aujourd'hui, avec un Dow Jones au plus haut depuis deux ans, les investisseurs s'intéressent à nouveau à cette classe d'actifs, reine déchue des marchés. Pas d'emballement toutefois, le graphique publié par Crossingwallstreet.com sur la performance à long terme de l'indice S&P (majoré des dividendes et déflaté de l'inflation) est sans appel : pas d'argent gagné depuis mars 1998 ! Mais, comme le rappelle le dicton, "les performances passées ne préjugent pas des performances futures".

L'interprétation du faible niveau de la volatilité agite d'ailleurs beaucoup les blogs, certains y voient un appétit plus fort des investisseurs pour le risque (InvestorPlace), d'autres les prémices d'une vente massive sur les actions (Pragmatic Capitalism). En attendant, Peridotcapitalist.com relève que les stratégistes des douze plus grandes banques de Wall Street tablent sur une hausse de 10 % du S&P l'an prochain. Ce qui équivaut à une valorisation d'environ 15 fois les bénéfices estimés, en ligne avec la moyenne historique de l'indice sur très longue période. C'est rassurant. Mieux, le blogueur Michael Bigger (Thisisbigger.com) le répète à l'envi : le meilleur moment pour être un trader est maintenant.

La période est naturellement propice aux prédictions. Le site Business Insider passe ainsi en revue les cinq grands thèmes économiques de 2011. Le premier verra enfin la reprise économique se matérialiser dans les pays OCDE. Ce qui vient conforter l'hypothèse d'une hausse de 10 % à 15 % des marchés actions. Le deuxième thème porte sur les matières premières, dont le cycle haussier devrait se confirmer à la faveur d'un déséquilibre plus marqué entre l'offre et la demande des pays émergents.

La confrontation Chine-Etats-Unis sur la question des changes et du commerce extérieur devrait à nouveau tenir le devant de la scène l'an prochain. Sans grande chance d'ailleurs de parvenir à un accord entre les deux puissances. La politique monétaire restera également un sujet majeur, avec une nouveauté toutefois, des pressions inflationnistes de plus en plus fortes en Chine. Mais les taux aux États-Unis, au Japon et en Europe devraient rester bas. Enfin, cinquième et dernier thème, les politiques d'austérité domineront le monde industrialisé. Après l'Europe et le Royaume-Uni, les marchés devraient en effet commencer à s'intéresser et à mettre la pression sur les États-Unis et le Japon.

Dans une note relayée par le site Pragmatic Capitalism, le stratège de Credit Suisse, Andrew Garthwaite, recense pour sa part les cinq principaux risques de 2011 : l'inflation en Chine, les Piigs (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne), avec à la clé un plan de soutien de 500 milliards d'euros, le déstockage après la forte reconstitution des stocks en 2010, le matraquage fiscal et la contraction du crédit bancaire, alors même que l'effet de levier bancaire est au plus bas depuis trente ans. Bonne année !

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