Comitologie

Par François Lenglet, directeur de la rédaction de La Tribune.
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S'il y a un domaine dans lequel ce gouvernement ne fait pas les choses à moitié, c'est la création de comités. Mercredi ont été créés le comité pour les métaux stratégiques, chargé de veiller à l'approvisionnement de la nation en matières premières rares, installé par Eric Besson, et le comité de déontologie pour le recrutement des universitaires, mis sur pied par Valérie Pécresse. La veille était né le comité pour les composants électroniques, chargé de faire le point sur les conséquences de Fukushima. Et pour demain, nous attendons avec impatience la naissance du Conseil national du numérique. Sans doute ce relevé n'est-il que partiel : tous les jours, une vaste France des comités se réunit et se congratule, une armée de présidents lit à voix haute d'innombrables ordres du jour, invoque de prestigieuses tutelles. A quoi sert un comité ? A produire des rapports volumineux. A quoi servent les rapports ? A remplir les armoires. Qui servent à tapisser les bureaux des ministères.

Bien sûr, en cas de problème grave, le gouvernement sort les grands moyens : le comité interministériel. Si les difficultés perdurent, il peut aller jusqu'à organiser des états généraux. Voire, dans les cas extrêmes, monter un Grenelle, qui est au simple bavardage ce que l'orgie romaine est au repas maigre. Après tout, la politique n'est-elle pas l'art de rendre possible ce qui est nécessaire ?

On pourrait ici invoquer l'indispensable prise en compte de l'opinion publique dans la décision politique pour justifier une telle logorrhée, et disserter sur la démocratie participative. Ou bien revenir aux connaisseurs de la chose politique française. Au choix, Clemenceau ou Queuille. Le premier : "en France, quand on veut enterrer un problème, on crée une commission." Le second : "il n'est de problème que l'absence de solution ne finisse par résoudre."

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