Du bon usage de Twitter

Par Pierre Kupferman, rédacteur en chef de latribune.fr.
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Mesdames, messieurs les "twittos", il va vous falloir apprendre à modérer vos ardeurs. Non pas que la loi ait changé. Depuis le 21 juin 2004, les sites Internet sont, en France, soumis aux mêmes droits et devoirs que les organes de presse. Et ceux qui s'y expriment ne peuvent se prémunir d'avoir un public restreint pour justifier d'une totale liberté de ton. On peut avoir la langue fielleuse dans un dîner en ville. Si l'un des convives s'en offusque, tout juste risque-t-on une contravention. Mais sur la Toile, mettre en cause sans preuve une personne ou une entreprise constitue un délit. La règle vaut pour ce qu'on y écrit comme pour les informations signées d'autrui qu'on y relaie. Et si Twitter semblait pour l'heure bizarrement épargné par les tribunaux, c'est que les victimes ne se préoccupaient guère de ce qui s'y disait.

Mais avec deux millions et demi d'adeptes, rien qu'en France, le réseau social californien doit s'attendre à voir la machine judiciaire se mettre en branle. Et cette nouvelle donne n'est pas anodine. Cent quarante signes pour étayer une accusation, c'est un peu court. Et une amende de 12.000 euros pour le plaisir d'un bon mot, c'est un peu cher. Sans compter le risque pour un salarié de perdre son emploi ou pour le titulaire d'un contrat de s'en voir privé. Certains sportifs en ont déjà fait l'amère expérience.

Les personnalités comme les entreprises soucieuses de leur e-reputation s'en réjouiront. Comme s'en lamenteront les défenseurs du droit d'expression. D'autant que les plus fortunées des personnes mises en cause manient souvent mieux que leurs contempteurs, les arcanes du droit. Si vous dégainez vite en oubliant vos munitions, ils ne vous rateront pas.

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