La guerre des pétaflops d'Obama

C'est en 1983 que Ronald Reagan lança la Guerre des étoiles (IDS : initiative de défense stratégique) contre l'URSS.En 1993, Bill Clinton l'arrêtait. Le 29 juillet 2015, Barack Obama crée l'IISN (Initiative informatique stratégique nationale, NSCI en américain). L'objectif est d'accroître la puissance de calcul américaine pour répondre aux nouveaux défis économiques et aux possibilités technologiques des concurrents, donc de... la Chine. Il s'agit de créer un supercalculateur de 1 000 pétaflops.

Un pétaflop, c'est un quadrillon, ou un million de milliard d'opérations arithmétiques par seconde, 1 015 flops.

Cela fait (vraiment) beaucoup... Que se passe-t-il en réalité ?

Le supercalculateur est le symbole même du big data, des données massives, de l'explosion du numérique. Traiter rapidement le maximum de données, c'est répondre le plus rapidement aux besoins de la météo, de la médecine, de l'industrie, de la gestion des villes, de l'énergie, ou à l'Human Brain Project.

Le supercalculateur le plus puissant au monde est chinois : Tianhe-2. Il a une puissance de 33,86 pétaflops depuis 2013, alors que les États-Unis ont une baisse significative de leadership depuis une quinzaine d'années. Le plus puissant des calculateurs américains, Titan, n'atteint que la moitié de la puissance de Tianhe-2. Pour atteindre 1 000 pétaflops, il faudrait cinq à dix ans et un budget de 3 milliards de dollars. Obama a fixé 90 jours pour recevoir un plan de mise en oeuvre. Autant dire qu'il y a urgence !

Or, début juillet, l'Arabie Saoudite annonce la mise en service d'un supercalculateur, Shaheen II (construit par Cray) de 5,5 pétaflops, soit le 7e plus puissant au monde, à côté de la Chine, des États-Unis, du Japon et de l'Allemagne. Cette entrée parmi les grandes puissances informatiques du monde a été une surprise, et qui en annonce d'autres. Incontestablement, la puissance et la vitesse de calcul sont des marqueurs de l'efficacité potentielle économique et technologique des États. Et la France ? Le supercalculateur le plus puissant, 2 pétaflops, est le Pangea (construit par SGI) chez Total, à Pau.

En 2010, le Terra-100 du CEA atteignait pour la première fois le pétaflop.

25 pétaflops sont annoncés pour 2017 par Bull - qui appartient à Atos depuis

2014 - pour le CEA. Rapporté à sa puissance, il devrait consommer vingt fois moins que Tera-100. La France n'est donc pas à la traîne et compte avec Bull un acteur majeur dans cette course. Et la guerre des pétaflops sonne bien plus pacifiquement que la guerre des étoiles...

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

À découvrir aussi sa contribution à l'ouvrage collectif Rupture, vous avez dit disrupture ? Le futur est déjà derrière nous, Éditions Kawa, 2015.

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Commentaires 3
à écrit le 10/09/2015 à 17:38
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Encore une initiative pour dire qu'on a la plus grosse. Il serait peut être intelligent de mettre des ressources européennes ensembles, plutôt que de faire chacun dans son coin.... A coup sur nous aurions une puissance de calcul impressionnante. Mais...

à écrit le 10/09/2015 à 16:16
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Impeccable. Il faut compléter en disant que ces pétaflops conditionnent le nombre d'interventions que l'on pourrait faire en cas de guerre totale. Plus l'on peut effectuer de mesures rapides, plus l'on peut éviter une attaque par une réponse appropri...

à écrit le 10/09/2015 à 16:06
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Pendant qu'on se mesure en flops à la récré, certains pro ou marginaux imaginent l'optimisation des procédures, d'architecture etc... C'est bien d'avoir la puissance mais comme le slogan d'une certaine marque "Sans maîtrise, la puissance n'est rie...

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