Crise du Covid-19 : contre la précarité, le patriotisme énergétique

OPINION. Si nous sommes sortis de la crise pétrolière à travers une logique productiviste, il est aujourd'hui primordial d'opérer un retour à la localité, estime Vincent Maillard, (*) co-fondateur et président de Plüm Énergie.
(Crédits : Reuters)

Nous savions depuis longtemps que notre Terre, notre patrimoine le plus précieux, était fragile et menacée par nos modèles économiques productivistes et mondialisés. Dans cette crise sanitaire sans équivalent, nous comprenons maintenant - dans la toux, les fièvres et malheureusement parfois les deuils - que l'humanité elle-même est vulnérable, mais aussi - à travers les pénuries d'équipements de protection sanitaire ou les tensions sur la chaîne d'approvisionnement alimentaire - que notre système globalisé a atteint ses limites. Tirons leçons de la période inédite et douloureuse que nous traversons pour accélérer la transition écologique via le développement de filières locales, et ce dans tous les secteurs, à commencer par les plus vitaux: santé et alimentation bien sûr, mais aussi énergie.

Solidarité et Accompagnement comme remparts à la précarité énergétique

L'humanité a basculé en quelques jours d'un monde ouvert, où tout voyageait sans frein, à un monde où l'on ne peut plus s'écarter de plus de 100 mètres de chez soi sans justificatif écrit. Effet direct du confinement, la consommation électrique des ménages à domicile a sensiblement augmenté (environ +15% en moyenne d'après nos évaluations). Cette consommation inhabituelle constitue un budget supplémentaire qui est loin d'arriver au meilleur moment, notamment pour les foyers déjà affectés financièrement par des pertes de revenus, souvent dues à un arrêt de travail pour garde d'enfants, une mise en activité partielle ou encore la fermeture d'un commerce.

Cette crise, si elle est de nature sanitaire, tend comme les précédentes, à accentuer plus encore les inégalités sociales existantes. Or, nous l'avons vu par le passé: au niveau énergétique, la mauvaise gestion d'une crise peut avoir des conséquences sur le long terme. Prenons l'exemple de la crise pétrolière des années 1970. Elle a entraîné une introduction massive du chauffage électrique en France sans que ce nouvel usage ne soit accompagné d'informations sur les bonnes pratiques de consommation ou d'isolation, l'électricité étant alors majoritairement nucléaire et bon marché. Une logique productiviste avant tout, qui a fortement contribué à la précarité énergétique pour les 30 années qui ont suivi.

Nous devons dès aujourd'hui réfléchir et trouver les modalités d'accompagnement qui nous permettront d'éviter ce type de conséquences dramatiques au sortir de la crise. Pour que chacun commence par réduire sa consommation énergétique, nous nous devons d'abord - acteurs du secteur de l'énergie - de partager notre savoir, nos conseils et astuces pour le mieux consommer. Seulement, face à l'urgence de la situation, ce n'est pas uniquement de conseils dont ont besoin les français, mais aussi d'actions concrètes, humaines. Dans ce monde qui se fragilise, l'entraide doit être notre guide. Nous pouvons constater l'impact de cette crise et ne rien changer. Ou bien nous pouvons faire le choix, plus courageux, de la solidarité. Le seul choix, j'en suis convaincu, qui apportera la force dont nos concitoyens, notre pays, notre planète, ont besoin.

Stop au productivisme, le localisme en sortie de crise

Si nous sommes sortis de la crise pétrolière à travers une logique productiviste, il est aujourd'hui primordial d'opérer un retour à la localité. Le sujet polémique des masques sanitaires est un exemple criant des limites de nos modèles économiques mondialisés. Résultat de politiques de délocalisation visant à produire à bas coûts, nous ne disposons plus aujourd'hui des moyens de production nécessaires sur le territoire national, voire européen. Il en est de même dans le secteur de l'énergie. Le virus, qui a d'abord touché la Chine et ralenti son économie, a compliqué les approvisionnements des producteurs d'énergies renouvelables, notamment en panneaux photovoltaïques.

Si nous voulons sortir grandis de cette crise, sans qu'elle ne nous ralentisse, mais plutôt qu'elle nous permette d'accélérer la dynamique de transition énergétique amorcée, nous devons faire le choix d'un approvisionnement en énergie renouvelable produite exclusivement localement, donc, pour qui nous concerne, en France. Une production d'énergie locale qui permettra la création de valeur dans l'Hexagone en favorisant les emplois locaux, l'insertion sociale et la transition agricole. Alors que les mesures de confinement offrent à la nature la possibilité de reprendre progressivement ses droits et changent radicalement le rapport que nous entretenons avec elle, faisons en sorte que cette pandémie ne soit pas un frein à la transition écologique, mais bien un accélérateur et le point de départ d'une nouvelle économie, plus locale. La réponse devra être collective et nous avons tous à prendre notre part : États, gouvernements, élus, associations, entreprises et citoyens.

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Commentaires 8
à écrit le 01/05/2020 à 19:27
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Ouai c’est ça ...revenons au communisme ? Ça vous va ? Qui vous dit de «  contrôler la consommation «  des gens en énergie , en quoi ça vous regarde ? C’est nous payons , non ? Nous ne voulons pas que vous utilisez nos données , nous vous demandons d...

à écrit le 29/04/2020 à 12:33
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ce Mr Maillard souhaite que les consommateurs français subventionnent encore davantage son entreprise qui revend à un tarif garanti élevé de l'électricité achetée à EDF à un prix cassé . c'est tellement juteux qu'il en réclame encore davantage . et...

à écrit le 28/04/2020 à 21:03
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Cet article est un non sens, on n’a pas de problème avec l’électricité en France et il propose de basculer sur de la production locale qui ne sera ni efficace ni protectrice, ce qui çreera des problèmes de coûts et d’intermittence. Du grand n’importe...

à écrit le 28/04/2020 à 15:54
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"L'humanité a basculé en quelques jours d'un monde ouvert, où tout voyageait sans frein, à un monde où l'on ne peut plus s'écarter de plus de 100 mètres de chez soi sans justificatif écrit." Notons comme la cupidité de nos dirigeants politiques e...

à écrit le 28/04/2020 à 15:45
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Complètement d'accord avec vous, il est urgent de rapatrier la production des panneaux solaires en France. Mais aussi des batteries de stockage !

le 28/04/2020 à 16:10
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Sauf qu’on va les payer 2 fois plus cher ce qui impactera le coût de production de l’énergie électrique !!! Le pouvoir d’achat moyen n’est pas prêt à l’heure actuelle de faire face aux surcoûts générés par la relocalisation des productions !!!

le 29/04/2020 à 0:15
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Vous partez du préjugé que les chinois n'ont pas conscience de leur position hégémonique sur le marché et n'en ont pas profité pour augmenter les prix en conséquence... Ce ne sont pas des idiots et ce sont des marchands de première force, iks save...

à écrit le 28/04/2020 à 14:29
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Arrêtez avec la solidarité, la justice sociale et la lutte contre la précarité... C'est insupportable. L'économie mondiale néolibérale repose sur toujours plus de précarité, en lien avec les nouvelles conceptions de la démocratie à la sauce Macron/...

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