Que faire de la rigueur ?

A trois semaines du deuxième tour, les deux candidats se sont affrontés hier par meeting interposé. Leur problème maintenant est de savoir quel poids donner au discours, pas forcément mobilisateur, sur le rétablissement de nos finances publiques dans les derniers jours de la campagne;
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Cette bataille à (faible) distance que se sont livrée hier à Paris les deux probables finalistes de l'élection présidentielle n'a, comme on pouvait s'y attendre, rien révéler de nouveau sur leurs programmes. Le moment ne s'y prêtait pas. Cette simultanéité inédite a en revanche eu la vertu de mettre à jour, de façon éclatante, les profondes dissemblances entre un président-candidat qui a convoqué la grande littérature française pour tenter d'écrire l'histoire de France de demain, et un challenger tout aussi solennel, mais beaucoup moins dramatique.

Entre la Concorde, où flottait un seul drapeau, et l'esplanade du château de Vincennes balayée par les oriflammes les plus improbables, se sont interpellés deux cultures, deux styles, deux appréhensions de la société française, deux visions de la République. Une France unique face à une France multiple. Un chassé croisé au moins aussi éclairant que le traditionnel débat d'entre deux tours, dont les codes et l'enjeu capital interdisent à toute aspérité de se faufiler.
Que faire maintenant des trois semaines à venir? Quelle séquence va s'ouvrir pour Nicolas Sarkozy et François Hollande qui tentent de se convaincre chaque jour - pour des raisons différentes ! - que la partie n'est pas jouée ? En réalité, que faire de la rigueur ? La nécessité de rétablir nos finances publiques s'est au fil des derniers mois imposée avec des succès incertains au c?ur de la campagne. Le président de la République connaît fort bien les limites de ce registre, et l'épouvantail de la faillite du pays en cas de victoire de son adversaire que ses affidés brandissent ne suffira pas à renverser la vapeur. Les performances dans les sondages de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen, qui se moquent comme de leur premier bulletin de vote de la vertu budgétaire, viennent régulièrement le lui rappeler. Le coup de pompe de François Bayrou, qui lui en a fait son leitmotiv de fin de campagne, aussi. Alors ?
Pour les deux hommes, la voie est aussi étroite que celle qui permettra de revenir à l'équilibre budgétaire en 2016 pour l'un, en 2017 pour l'autre. Marteler cet impératif, c'est risquer la statu quo, voire pire, pour un Nicolas Sarkozy en mal de désir à susciter. Celui-ci a d'ailleurs explicitement demandé hier que la BCE soit invitée à soutenir davantage la croissance. C'est s'exposer à un matraquage en provenance de sa gauche, et même à un désappointement de son propre camp, pour un François Hollande qui doit penser à sa future majorité.

Mettre en sourdine cette soudaine - suspecte ?- passion française pour la chasse aux déficits ? Dangereux pour l'un comme pour l'autre. On l'a vu la semaine dernière, les marchés sont aux aguets et le moindre faux pas serait immédiatement sanctionné. Avant, et en tout cas sûrement au lendemain du second tour. Les deux hommes ne manqueraient pas de s'en rejeter la responsabilité. Face à un tel dilemme, force est de reconnaître que le favori actuel, qui s'emploie sur ce sujet comme sur d'autres à se montrer plus précautionneux - une pusillanimité qui lui a été souvent reprochée au cours de cette campagne - se trouve dans une position plus confortable.

 

 

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Commentaires 4
à écrit le 19/04/2012 à 11:26
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J'ai réservé 3 DVD pour dimanche ! Ouf !!!!

à écrit le 17/04/2012 à 9:44
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Ce qui est exact, c'est que lorsqu'on parle autour de soi de déficit, de taux d'intérêt, de réaction des marchés, on rencontre la plus totale indifférence alos qu'il s'agit des problèmes les plus cruciaux du moment.

à écrit le 16/04/2012 à 14:35
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cet article de presse et creux! Quelle masturbation intellectuelle!! _ _ _ essayer d'en retirer une synthèse, est impossible car .. rien dedans !

à écrit le 16/04/2012 à 10:26
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c'est pas a la bce de resoudre les pbs structurels de la france; si la france a besoin de conseils, elle peut demander a l'allemagne, ils lui preteront le herr hartz

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