Bienvenue dans la Mad Max Economy

VOTRE TRIBUNE DE LA SEMAINE. En panne sèche, les Français vont-ils profiter du retour du Mondial de l'Auto pour basculer vers la voiture électrique ? Probablement, à condition que la hausse des salaires leur permette d'en acheter une...
Philippe Mabille
(Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)

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L'ironie de l'histoire a voulu que la France tombe en panne d'essence à l'occasion du  retour du Mondial de l'Automobile. Quel symbole alors que le tiers des stations-service françaises était encore en panne sèche à la veille du week-end, poussant nombre d'automobilistes à s'interroger sur l'opportunité de basculer vers la voiture électrique ! Celle-ci sera à l'évidence la star de l'édition 2022 du Mondial, qui donnera un aperçu de la très profonde transformation de l'objet automobile après quatre ans sans salon en France pour cause de Covid.

A défaut de BMW, de Volkswagen, de Jaguar ou de Lamborghini, grands absents, on verra donc des voitures françaises certes, mais surtout les nouvelles marques chinoises et vietnamiennes de voitures électriques qui s'apprêtent à déferler. De là à dire qu'avec sa grève « préventive » dans les raffineries, reconduite malgré un accord majoritaire sur les salaires concédé vendredi dans la nuit par TotalEnergies, la CGT a ouvert un boulevard aux concurrents chinois de Peugeot et de Renault, il y a un pas que nous ne franchirons qu'avec prudence. Après tout, une grève chez EDF aura demain le même effet de blocage du pays : déjà en Californie, cet été, les autorités ont fixé des restrictions au rechargement des voitures électriques pour économiser l'énergie.

C'est en tout cas pour marquer son soutien à la filière automobile française qu'Emmanuel Macron recevra dimanche soir à l'Elysée les dirigeants d'un secteur en pleine mutation, raconte Fanny Guinochet. Le chef de l'Etat, qui sera lundi Porte de Versailles pour l'ouverture officielle du Mondial, veut accélérer la transition vers la voiture électrique, alors que l'Europe veut la fin des motorisations thermiques en 2035. Usines de batteries, bornes de recharge, mais aussi prix des voitures électriques, le menu du dîner à l'Elysée sera intense, sans oublier la promesse du président de rendre celles-ci accessibles aux plus modestes pour un loyer de 100 euros par mois. Offre qui serait réservée à des modèles comme la Renault Twingo, la Dacia Spring, ou encore la Peugeot e-208.

Cette transition ne se fera pas en un jour et la crise des carburants en montre les dangers. Plus que jamais, la France est divisée en deux, une France des grandes métropoles qui peut se passer de voiture ayant accès à des transports publics et la France périurbaine et rurale qui n'a pas d'autre choix pour se déplacer. Cette France des Gilets Jaunes qui se rappelle au bon souvenir d'Emmanuel Macron, comme le rappelle notre chroniqueur Marc Endeweld.

Les tensions qui se sont manifestées dans les stations-service cette semaine sont le symptôme d'une fracture sociale qui n'est pas sans faire penser à un avenir à la Mad Max, du nom du film australien où des bandes sauvages s'entre-tuent pour la dernière goutte de carburants. Rixes dans les queues, attaques de stations-service, siphonnages de réservoirs, on a assisté à des comportements qui donnent le ton de ce qui pourrait advenir en cas de pénuries alimentaires.

La grève dans les raffineries sera-t-elle l'étincelle qui allume le feu social cet automne ? Force est de constater que les conflits se multiplient un peu partout pour revaloriser les salaires, dans le privé comme dans le public. La température va monter dans les prochains jours avec la marche contre la vie chère à l'appel de Mélenchon ce dimanche et la journée d'action annoncée pour mardi. A Sandrine Rousseau qui rêve de « grève générale », le patron sur le départ de la CGT répond sur un ton plus modéré « généralisation de la grève ». Nuance. Si à l'évidence, la bataille d'influence au sein de la CGT pour savoir qui remplacera Martinez lors du prochain congrès joue un rôle dans la radicalisation des positions, la montée des tensions s'explique aussi par le fait que l'on ne sait plus trop faire du dialogue social sur les salaires en France, souligne un expert patronal. « Personne, dans la génération actuelle des dirigeants, n'a connu de période de forte inflation. Ceci explique peut-être pourquoi la pression monte dans la cocotte-minute »...

Il n'est donc peut-être pas besoin d'attendre un Grenelle des salaires pour rétablir la situation par le dialogue justement. Avec une inflation qui commence à ralentir en septembre, l'important est d'éviter d'enclencher une spirale prix-salaires. D'autant que la conjoncture reste volatile : de premières mesures de chômage partiel sont en train d'être décidées. Entre des secteurs en plein boom, comme l'énergie, ou des entreprises hyper-profitables, comme TotalEnergies, et la réalité vécue sur le terrain par des milliers de PME et d'ETI, l'écart est abyssal.

L'actualité de la semaine est d'ailleurs moins les blocages des stations-services, qui vont se résorber dans les quinze jours, que le revirement du gouvernement qui a enfin mis en place un plan pour amortir la hausse du prix de l'électricité pour l'industrie française prise à la gorge. Une réponse tardive mais indispensable alors que l'Espagne et le Portugal ont obtenu une dérogation aux règles européennes sur l'indexation de l'électricité sur le prix du gaz et que l'Allemagne a accordé un plan d'aide massif à son industrie au mépris de toutes les règles sur les aides d'Etat.

Philippe Mabille

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Commentaire 1
à écrit le 17/10/2022 à 12:57
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Elles émettent en revanche une quantité importante de particules fines. La cause : le poids important de leurs batteries, qui contraint les constructeurs à utiliser des pneus plus larges.

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