La prospérité des « derniers de cordée » n'est pas au coin de la rue  !

La stratégie budgétaire du gouvernement ressemble à une course contre la montre, entre soutien fiscal à la croissance et espoir que les réformes structurelles engagées finiront par produire des effets positifs.
Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron. (Crédits : Reuters)

« Enlisé à l'Elysée »... « Le quinquennat est déjà fini »... « Emmanuel Macron, aussi impopulaire que son (ses) prédécesseur (s) au bout d'un an de pouvoir »... La rentrée n'est pas rose pour le pouvoir, mais faut-il prêter tant d'attention à ceux qui comme Nicolas Sarkozy prédisent qu'« avec Macron, ça risque de très mal finir » (à Marseille le 22 octobre devant ses « amis » LR) ou comme François Hollande critiquent « les comportements excessifs » et « les décisions injustes », ajoutant, dans une forme de retour vers le futur : « si ce pouvoir-là échoue, qui peut prendre la place... » ! Peut-être s'y voient-ils déjà...

Syndrome du ras-le-bol fiscal

Face à ces oiseaux de mauvais augure, l'acte II du Macronisme, avec le projet de budget 2019 adresse un signal fort à l'opinion : 6 milliards d'euros pour le pouvoir d'achat, claironne Bercy, additionnant les baisses d'impôts pour apaiser les Français, atteints du syndrome du ras-le-bol fiscal. Poursuite de la suppression de la taxe d'habitation, allégements de charges sociales, exonération des heures sup', atténuation de la hausse de la CSG pour une partie des retraités : apparemment, l'argent coule à flot, et ce budget miraculeux baisse tout, les impôts, la dépense publique, les effectifs de fonctionnaires..., tout sauf le déficit qui remonte. Bref, Macron 2019 fait du Sarkozy 2007, lorsque, juste un an avant la chute de Lehman Brothers, l'ancien président avait tiré avec sa loi Croissance et pouvoir d'achat une traite sur l'avenir. Un pari risqué dont les effets avaient été annulés par la grande crise de 2008-2009 et fait exploser la dette publique.

Contesté par les économistes

6 milliards pour le pouvoir d'achat, le chiffre est contesté par les économistes, notamment par l'OFCE, cet institut de conjoncture jugé « engagé » par le porte-parole de Macron, Benjamin Griveaux (comprendre «  ce repaire de dangereux gauchistes »), qui ne compte lui « que » 3,5 milliards en soustrayant à la fête annoncée les mesures négatives prises en catimini pour financer le grand bazar fiscal, comme la désindexation de nombreuses prestations (retraites, allocations familiales).

Chaque budget est coutumier de cette bataille de « chiffronniers » et celui-là n'échappe pas à la règle, prouvant que l'ancien monde est toujours de la partie, quoi qu'on en dise. Ainsi, pour Bercy, le déficit public n'augmente pas vraiment à 2,8% puisqu'il faudrait en retirer l'impact des 20 milliards d'euros de la transformation du CICE en allégements de charges : il ne serait donc que de 1,9% en 2019. Ce raisonnement affichant un déficit « hors mesures exceptionnelles » en dit long sur le degré de créativité comptable que doivent assumer Gérald Darmanin et Bruno Le Maire. Mais il ne masque pas la cruelle réalité : la dette publique de la France reste calée à 98,6% du PIB (elle dépassera les 100% après l'intégration prévue de celle de la SNCF) et on voit mal comment elle pourrait diminuer de 5 points d'ici la fin du quinquennat.

Fin prochaine de la politique du "quantitative easing"

Ce sera d'autant plus difficile que la prévision de croissance de 1,7% affichée pour 2019 semble pour le moins optimiste alors que les prix du pétrole flambent (déjà plus de 82 dollars sur le Brent contre 73 dollars dans les prévisions de Bercy) et que la poussée de l'inflation sous-jacente commence à mettre la pression sur Mario Draghi, le président de la BCE, qui va devoir mettre fin l'an prochain à sa politique de « quantitative easing » (achats d'actifs) ce qui se traduira par une hausse des taux d'intérêt qui réduira encore un peu plus les maigres marges budgétaires.

Pour résumer, la stratégie budgétaire de la France ressemble à s'y méprendre à une course contre la montre, entre soutien fiscal à la croissance et espoir que les réformes structurelles engagées finiront par produire des effets positifs. Bercy, dans une note du Trésor, a ainsi affirmé que la loi PACTE en cours de discussion au Parlement pourrait doper le PIB français de 0,3 point d'ici 2025, voire même de 1 point à long terme (un horizon incertain dont on cherche encore la date dans les couloirs du ministère) si on y ajoute la hausse de productivité induite par l'allégement du coût du travail. L'objectif de la loi est de donner un « coup de booster » à l'économie, affirme Bruno Le Maire en présentant ce texte fourre-tout de plus de 70 articles sur la création d'entreprise, l'épargne salariale, l'assurance-vie, les privatisations, etc. Un coup de booster nécessaire, Emmanuel Macron est en train de le découvrir, car l'espoir qu'il nourrissait de pouvoir compter sur un cycle économique de reprise pour accompagner ses réformes est en train de se retourner contre lui.

Macron a peu de prise sur la situation

Le malheur, pour le chef de l'Etat, est qu'il aura peu de prise sur cette situation : l'avenir de la croissance est entre les mains de Donald Trump et de Xi Jin Ping, dans un affrontement commercial dont nul ne sait jusqu'où il ira, et dans celle d'une Europe incapable de s'unir pour se montrer à la hauteur des défis qui l'attendent. La chance d'Emmanuel Macron est la faiblesse de ses adversaires politiques et la conscience qu'il a que les temps à venir seront « napoléoniens », comme l'écrit Jean-Marc Daniel dans « La valse folle de Jupiter » (L'Archipel). Dans un diagnostic sévère des débuts du quinquennat, l'économiste déplore qu'après avoir été « à la fois réformateur sur le fond et sur la forme » comme ministre de l'Economie, « Emmanuel Macron, président, se montre beaucoup plus hésitant (...) Il engage des réformes sans aller jusqu'au bout les menant en quelque sorte 'à mi-chemin' ».

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Commentaires 31
à écrit le 05/10/2018 à 20:56
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Mdr.. Il n’y a ni premier ni dernier de cordée .😃 Il y a juste la parallèle immatérielle du cac40... La France imaginaire comme le malade imaginaire . Toutes les catégories confondues : Pôv de nous...

à écrit le 30/09/2018 à 18:50
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merci de valider mon commentaire précédent , il apporte un point de vue partagé par beaucoup de personnes .

à écrit le 29/09/2018 à 23:20
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la hausse massive des prélèvements obligatoires et autres impôts et taxes diverses à fait plonger la consommation et les investissements des ménages . sur le quinquennat Macron cette hausse peut se chiffrer à minima à plus de 100 milliards d'euro soi...

à écrit le 29/09/2018 à 15:52
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Ils nous prennent pour des idiots : ce qu'ils donnent d'une main , ils vous le prennent de l'autre ... Prochain effet Kiss Kool , la montée vertigineuse du prix à la pompe puisqu'ils ont monté discrètement les taxes lorsque le baril était au plus bas...

à écrit le 27/09/2018 à 11:34
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Personnes a plus confiance chez macron macron a mentis c est impardonnables de la parts d un president Avec macron le pouvoir d achat ne baisses pas exemple LeS retraitees 2018 geles plus une grosses inflation plus csg plus revalorisation des retrai...

à écrit le 27/09/2018 à 10:59
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L'état gère la france dans l'intérêt de l'état, pas des français, ce n'est pas nouveau dans notre élite républicaine, sauf que là, ça fait bizarre a dire, il n'y a même plus ces gredins de politiques traditionnels en "contre pouvoir" de la haute adm...

à écrit le 27/09/2018 à 10:38
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Beaucoup de gesticulation de ce gouvernement pour finalement aboutir à rien ! au final rien ne changera la descente aux enfers du peuple vers des moins disant et l'enrichissement des plus riches .

à écrit le 27/09/2018 à 10:11
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"et dans celle d'une Europe incapable de s'unir pour se montrer à la hauteur des défis qui l'attendent" Tout le problème n'est il pas là au final ? La france n'existe plus, du moins l'absence de pouvoir politique dramatique de notre président...

à écrit le 27/09/2018 à 9:47
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"atténuation de la hausse de la CSG pour une partie des retraités " Pendant ce temps : Le choix du plus grand nombre. Le gouvernement a annoncé que 300.000 foyers bénéficieront en 2019 d’une exonération de la hausse de la Contribution sociale g...

à écrit le 27/09/2018 à 9:46
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si nos industriels étaient un peu plus conscient que l emploi créé l emploi!.......la 2008 de PSA produite en frnce est délocalisée....toutes les Citroën qui se vendent vraiment sont produites a l étranger Espagne ou Europe de l est .a des prix facia...

à écrit le 27/09/2018 à 9:36
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Si croissance <= 1,7 % Veuillez sélection l'option qui vous parait la plus logique : 1) baisse des dépenses 2) augmentation des impôts 3) usage de la magie http://www.financespubliques.fr/dette#/dette

le 27/09/2018 à 11:32
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La réponse 2 est la meilleure réponse dans tous les cas de figure.Perso ,la magie je trouve ça risqué

le 27/09/2018 à 18:43
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On peut à la fois baisser les dépenses et augmenter les impôts... Et j'avoue que macron en tenue d'enchanteur avec un chapeau pointu, ça pourrait amuser les enfants (qui ne le prennent plus au sérieux non plus depuis longtemps)... Au point où l'o...

à écrit le 27/09/2018 à 8:58
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En parlant de prosperité : Alors que le nouvel impôt sur la fortune (l'IFI) devrait rapporter 1,53 milliard d'euros en 2019, c’est un autre chiffre étonnant sur lequel s’arrête Libération, en s’appuyant sur un rapport remis cette semaine aux déput...

le 27/09/2018 à 18:58
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Tout est dans le titre. Beaucoup de choses échapp(aient) à cet impôt qui était auto-déclaratif, cad que l'assujetti estimait lui-même la valeur de ses biens. Etaient exclus: 30% du logement principal, les biens professionnels, les objets d'arts...

à écrit le 27/09/2018 à 7:20
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Par contre les premiers de cordé grimpent vite. Il faut se rappeler que la vie du premier de cordée dépend de ceux qui sont derrière. Si les derniers tombent, les autres suivent...

le 27/09/2018 à 19:12
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N'insistez pas, la comparaison est pourrie depuis le début. En montagne le premier de cordée emmène tout le monde au même niveau que lui. C'est le principe du job. Ceux que Macron encense ont majoritairement emprunté un ascenseur social privé q...

à écrit le 27/09/2018 à 0:14
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Une bonne guerre ! et ça repart comme en 45...

le 27/09/2018 à 9:41
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si les USA vous subventionnent avec un plan Marschall. sinon c est comme en 1918 et c est pas terrible economiquement parlant

à écrit le 26/09/2018 à 23:42
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Je sens l'odeur de la subtilité de mensonges pour endormir justement ceux qui seront les nombreux dindons. A mon avis cela montre un certain cynisme .

à écrit le 26/09/2018 à 21:20
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Avec sa compétitivité qui n'a que trop peu été améliorée par le CICE beaucoup trop modeste,la France n'a que très tardivement bénéficié de la reprise européenne et a commencé très vite à ralentir...

à écrit le 26/09/2018 à 19:38
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Espérer un résultat des réformes structurelles? L'État n'a rien fait pour se réformer et tailler à la hache dans dépenses publiques. Le gouvernement ne peut plus taxer et davantage prélever, il n' y a plus rien à spolier ... On va vivre des moments ...

à écrit le 26/09/2018 à 18:51
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en tout cas, quelque soit la discussion, la Frznc est le pays qui taxe le plus grâce à Macron !

à écrit le 26/09/2018 à 18:51
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en tout cas, quelque soit la discussion, la Frznc est le pays qui taxe le plus grâce à Macron !

à écrit le 26/09/2018 à 18:34
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oui c'est embetant pour macron! hollande n'a fait aucune economie, la baisse du deficit etant lie au QE qui a fait passer les taux de 4 a 0.5%..... par contre il a cree 800.000 chomeurs en categorie a, a mis 500.000 personnes en formation, 500.000 ...

le 26/09/2018 à 21:28
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Hollande avait hérité d'un déficit public à 5%, d'une croissance étale à 0.6%, et d'une avalanche de plans sociaux que les entreprises privées ont déclenché en 2012 et 2013... Rétrospectivement il aurait pu s'en tirer plus mal et si Macron s'était...

le 27/09/2018 à 22:11
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Hollande n'a fait aucun effort sur la dépense publique, pire, il a réouvert 60000 postes à l'Educ Nat laborieusement supprimés sous le précédent quinquennat (2,5 milliards par an en année pleine, excusez du peu). Il s'est contenté de matraquage fisca...

à écrit le 26/09/2018 à 17:22
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peut être aurait il fallu revoir la formation continue, en particulier celle accessible aux chômeur, avant de faciliter les licenciement sur la formation le résultat s il y en a un, se verra dans 2 ans......

le 26/09/2018 à 21:37
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Il met la charrette avant les boeufs et croît ainsi avoir fait le boulot. Mais quand on y regarde de plus près, il casse tout et sème le désordre et la zizanie (ca pour disrupter, il disrupte), mais il n'a rien construit qui survivra à son quinqu...

à écrit le 26/09/2018 à 16:59
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Avec quelque 2300 milliards de dette incontrôlable, nous nous rapprochons progressivement des derniers et la corde est usée.

le 27/09/2018 à 8:41
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Si on nationalise Amundi et qu'on le vend, on divise cette dette par deux. Il est temps de s'intéresser aux banques comme le CA qui ont largement profité de l'argent des français, sans jamais faire de retour amicalement!.

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