Le big bazooka de la relance Macron

Avec les 100 milliards de la relance, le chef de l'État veut préparer la France de 2030 par un choc de confiance, dont la réussite est aussi hasardeuse que sa réélection en 2022. Une course poursuite est engagée pour rendre le plan opérationnel avant que les forces récessives ne l'emportent.
Philippe Mabille
(Crédits : GONZALO FUENTES)

Le plan de relance a déjà créé un emploi ! Celui de Haut-Commissaire au Plan, confié à François Bayrou, enfin récompensé d'avoir renoncé à briguer l'Élysée en 2017, ce qui a grandement contribué à la victoire d'Emmanuel Macron. Au-delà de la boutade, un esprit libre qui reviendrait d'un voyage sur Mars et retrouverait la France de septembre 2020 serait un peu surpris de découvrir à quel point sous le président en apparence libéral de 2017 se cache un colbertiste qui s'ignore. Certes, l'époque est extraordinaire et nécessite de prendre des mesures inédites et historiques. Mais à découvrir les quelques 75 mesures du plan France Relance, on en vient à se demander dans quel cerveau dément est née cette usine à gaz bureaucratique qui va conduire le pays à dépenser sur deux ans 100 milliards d'euros, soit 4 points de PIB dans de telles conditions apparente d'improvisation voire de bricolage.

Les auteurs du plan sont d'ailleurs tellement conscients de la folie de leur entreprise qu'ils ont décidé de créer une administration dédiée au pilotage de cette monstruosité, conscients que veiller à la bonne répartition de ces dépenses nouvelles ne sera pas une mince affaire. Bruno Le Maire, bombardé ministre de la Relance, pilotera un comité de pilotage hebdomadaire, et Jean Castex, le Premier ministre, aura la haute main sur un conseil de la relance qui fera le point chaque mois sur la bonne exécution du plan. Rassurez-vous, on est bien en France !  De fait, il faudra d'abord et avant tout s'assurer que les sommes prévues sont effectivement dépensées. Alors que l'économie française recommence à ralentir, retrouvant une tendance négative qui préexistait à la crise sanitaire, une course de vitesse s'engage et elle est loin d'être gagnée.

Pour simplifier encore le processus, les collectivités locales et notamment les régions seront invitées à démultiplier le plan au niveau local dans l'objectif, louable, de s'assurer que les bienfaits de la relance profitera à tous les Français, dans tous les territoires. Là encore, le pilotage demandera du doigté et créera de nouveaux jobs, celui de "sous-préfets à la relance"... Seul point rassurant, le chef de gouvernement pourra retirer des crédits aux ministères qui ne parviendraient pas à mettre en œuvre les programmes dont ils ont la charge. Il y aura donc, au moins, un pilote dans l'avion qui pourra réallouer les dépenses là où elles se révèlent les plus utiles et les plus efficaces.

Coup de booster

En deuxième analyse, ce plan de relance a une vertu, celle de donner un coup de booster à une économie française gangrenée par la désindustrialisation. Les 100 milliards mis sur la table, dont 20 milliards de baisse pérenne des impôts de production, sont une formidable opportunité à saisir pour les entreprises qui sont la principale cible du plan avec des objectifs clairs. Accélérer les investissements vers la croissance verte, l'innovation et les relocalisations industrielles, beaucoup en rêvaient ; il aura fallu la crise du Coronavirus pour le faire. La demande ayant déjà été massivement soutenue depuis mars par les mécanismes de chômage partiel, qui ont maintenu  à peu près jusqu'ici les revenus des ménages, et donc la consommation, on a échappé pour cette fois au sempiternel débat sur la politique de l'offre. Oui, à l'évidence, c'est bien la capacité d'investissement des entreprises qu'il faut soutenir, sauf à connaître un décrochage durable, voire définitif de l'économie française. Certes, comme d'habitude, les syndicats vont réclamer une conditionnalité des aides, comme ils l'avaient fait sous François Hollande à propos des allégements de charges du pacte de responsabilité. Mais comment exiger des contreparties alors qu'il y a le feu au lac ? L'important, c'est d'arroser les entreprises de subventions, en les appelant à jouer le jeu de l'emploi, celui des jeunes en particulier. En rendant quasi nul le coût d'un apprenti, on peut espérer que les patrons répondent à l'appel. En ciblant en particulier la transition écologique, les filières d'avenir comme les nouvelles énergies, l'hydrogène, ou la rénovation énergétique des bâtiments, le plan adresse des signaux plutôt encourageants au secteur privé. Et peut inciter beaucoup de chômeurs à "traverser la rue" pour se convertir à des métiers d'avenir plutôt que de rester dans des secteurs condamnés par la mondialisation ou les progrès technologiques.

"Big bazooka"

À ceux qui se plaignent de voir l'État keynésien faire ainsi son grand retour, on pourra rétorquer que c'est quand même l'État qui a décidé, unilatéralement, de mettre à l'arrêt l'économie, pour des raisons sanitaires compréhensibles, mais avec des effets catastrophiques qu'il faut désormais panser. Il n'est donc pas illogique de réclamer à l'État de rallumer le moteur par une relance massive. Le « big bazooka » de la Banque centrale européenne atteignant ses limites, c'est désormais aux budgets nationaux de prendre le relais.

Pour Emmanuel Macron, c'est une opportunité politique exceptionnelle, pour tenter de rebondir en 2022. Le seul juge de paix, alors que la crise économique va détruire 800.000 emplois, sera la capacité du gouvernement à faire jouer au plan son rôle contra-cyclique. Les mesures plus structurelles, pour faire naître des filières et des métiers d'avenir, mettront plus de temps pour produire leurs effets.

Trois écueils

Trois écueils devront être évités : le risque bureaucratique, déjà cité, qui rendrait inefficace les mesures prises, le risque d'un trop grand saupoudrage, un mal bien français qui veut qu'à force de vouloir faire plaisir à tout le monde, on finit par ne contenter personne... et enfin, le risque que le plan rate sa cible principale, qui est de rétablir la confiance des ménages et des entreprises, qui, bien plus que l'État, ont les clefs de la réussite.

Le pari de Macron est clair, et il le dit dans l'édito que signe le président de la République dans le dossier de presse :

« La véritable ambition de France Relance n'est pas tant dans l'importance des moyens mobilisés pour soutenir l'activité à court terme, que dans la philosophie de transformation qui sous-tend le plan. Il y a deux façons de concevoir un plan de relance. La première : reconduire à l'identique l'existant, déverser des milliards de subventions, y compris dans des secteurs dont on sait qu'ils ne peuvent plus opérer comme avant. La seconde : transformer le risque en chance, la crise en opportunité, en investissant prioritairement dans les domaines les plus porteurs, ceux qui feront l'économie et créeront les emplois de demain. C'est le choix que nous faisons, celui de l'avenir, de la projection. Avec France Relance, nous voulons construire aujourd'hui la France de 2030. »

Emmanuel Macron a raison, mais a-t-il encore le crédit suffisant pour en convaincre les Français ? Eux seuls ont la réponse...

Philippe Mabille

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Commentaires 21
à écrit le 12/09/2020 à 7:11
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et toujours et encore de nouvelle taxes pour pénaliser la france au niveau international et quand vas t"on taxer les écolos pour haute trahison car inventer des taxes qui penalise l'économie de la nation est une trahison ne serais ce qu'un seul s...

à écrit le 07/09/2020 à 17:27
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Pendant ce temps : Alors que le gouvernement s'arrête à boucler son budget 2021 et le plan de relance de 100 milliards d'euros, l'organisme paritaire Action Logement, qui compte parmi les principaux acteurs du logement social en France, va être mi...

à écrit le 06/09/2020 à 13:40
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Le fric balance dans le désert ne nous rapporte que des morts et des migrants ... on voit que Macron à fait ses classes dans les jupes de sa maîtresse . Il a déjà perdu même si il refuse de voir que nos gesticulations militaires ne conduisent qu'a l'...

à écrit le 06/09/2020 à 5:35
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Il n'est pas admissible dans un regime pretendu democratique qu'un homme elu par un peuple ait autant de pouvoir. La France agonise de ses politiques.

à écrit le 05/09/2020 à 23:40
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Foutaise ! Leur but est souffrance et zizanie dans le monde , humain et mondiale !

à écrit le 05/09/2020 à 6:35
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100 milliards pour rien de l'argent qui va alourdir inutilement la dette du pays. Qui se souvient des 30 milliards du grand emprunt de l'ère Sarkozy à l'instigation de son conseiller Guaino Henri, en a t on vu un seul fruit? Et croire qu'on va relo...

à écrit le 04/09/2020 à 23:28
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100 milliards, soit un tiers de la dette de la Grèce....quel dommage que ce pognon de dingue n'ai pas été disponible avant pour notre pauvre Etat en faillite....

le 05/09/2020 à 13:14
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a quoi eût-il servis sinon à gaver nos rentiers inutiles que sont les ponctionnaires ???????????????????

à écrit le 04/09/2020 à 23:26
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Relancer l'offre dans un contexte de déflation....brillant en effet....tant que ça fait plaisir à tata Angela, c'est l'essentiel.

à écrit le 04/09/2020 à 18:29
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Que de subventions pour la croissance et le pillage des ressources naturelles, historique ! Soyons fiers de notre participation active à notre autodestruction accélérée avec, à la clef, une promo sur tous les climatiseurs, vive l'isolation ... cont...

à écrit le 04/09/2020 à 15:21
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qu'il explique aussi en quoi certains gaspillages créent la relance? ex l'augmentation de salaire dans les ministeres (rapport DOSIERE jusqu'a 70 % augmentation des conseillers de 5 par ministere pourquoi ce gouvernement pléthorique ,? PLUS les ...

à écrit le 04/09/2020 à 15:03
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Je sens que les Gilets ou les Masques, quel qu’en soit la couleur, vont ressortir dans les rues, on cherche a nous endormir "a tout prix"!

à écrit le 04/09/2020 à 14:27
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Je ne trouve aucune de sincérité chez homme. Bon, très bien, je vais essayer avec un isotope de l’uranium, on ne sait jamais.

à écrit le 04/09/2020 à 8:42
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Plus la distribution d'argent public est compliquée à comprendre et plus il terminera dans les paradis fiscaux des mégas riches, c'est comme ça qu'ils fonctionnent, mais c'est pas grave ils nous diront que c'est nous autres français qui sommes nuls, ...

le 04/09/2020 à 11:19
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probité et intègrité le doute ! les français ne sont pas dupes ni des des moutons . le role des médias n inspire pas la confiance

à écrit le 04/09/2020 à 8:20
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Alité les commentaires j’ai dessous je retrouve l état d esprit partisan de chacun... peut-être avez vous raison peut être avez vous tort bref à l instar de la schizophrénique bien francaise qui veut tout et son contraire et tout de suite, vous ne d...

à écrit le 03/09/2020 à 23:55
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c'est quoi le monde de demain ? le chômage partiel (encore un panier percé ) a pour ambition de préserver la qualification d'employés dont les employeurs veulent se débarrasser pour les remplacer par des robots et de l'intelligence artificielle ! q...

à écrit le 03/09/2020 à 23:31
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Il bénéficie de 100 milliards pour acheter sa réélection en 2022. C'est du jamais vu. Le Covid est une chance extraordinaire pour Macron. Hollande avait eu tous les emmerdements (déficit public laissée à 5.3% par Sarkozy, vague de licenciements en...

à écrit le 03/09/2020 à 21:22
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jeter l'argent par la fenetre, en expliquant qu'on verra plus tard pour le remboursement de tous ces trucs inutiles, ca c'est du bazooka! le meme choc de confiance que hollande, c'est dire ( ah ben non, hollande il n'a pas fait de choc, c'est bruta...

le 03/09/2020 à 23:09
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Rien de bien sincère dans tout cela.. et quand on pense que nos gouvernants mettent la "confiance" au coeur de leurs actions.. Il ne peut y avoir de confiance dans l'approximation, le refus de parler vrai, de ne pas vouloir, enfin, mettre sur la tabl...

le 04/09/2020 à 10:32
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la fin je vais vous la donner la france va aller au tas, et ca va finir en guerre apres, guerre civile ou autre, on verra quand ca va se produire? personne ne peut le dire, c'est comme prevoir un tremblement de terre le politicien francais croit...

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