Ne pas faire comme les autres. Exit la séquence émotion en Israël. Emmanuel Macron n'a pas voulu emboîter le pas à Joe Biden. Ni s'inscrire dans le défilé des visites de dirigeants européens, de l'Allemand Olaf Scholz au Britannique Rishi Sunak. Tous ont fait le voyage de Jérusalem pour exprimer leur solidarité. Seul dirigeant à avoir posé des conditions pour cette visite (ce qui a agacé les Israéliens), le Français préfère attendre et faire coïncider son déplacement avec une « avancée ». Pari hasardeux. Le précédent ukrainien - une trop longue hésitation l'avait conduit à se rendre à Kiev après tout le monde - avait montré les limites de sa stratégie.
Au Proche-Orient, Emmanuel Macron avance à tâtons et cherche comment relancer l'influence française, réduite aux acquêts depuis la fin de l'ère Chirac. Prudent sur le front extérieur, il l'est tout autant à l'intérieur. Lors de son allocution télévisée du 13 octobre, il a brandi son « bouclier d'unité » pour ralentir l'importation du conflit israélo-palestinien sur notre sol : « N'ajoutons pas de fractures nationales aux fractures internationales. » Des mots violemment démentis dès le lendemain avec l'assassinat du professeur d'Arras poignardé au cri d'« Allah akbar » par un jeune radicalisé fiché S. Jeudi, en rentrant des obsèques de Dominique Bernard, le chef de l'État a tenté de convaincre un groupe d'étudiants en BTS à Gagny (Seine-Saint-Denis) croisés sur les quais à Paris du bien-fondé de son choix d'interdire les manifs propalestiniennes. Le soir même, et pour la deuxième semaine d'affilée, 4 000 personnes se rassemblaient place de la République scandant à plusieurs reprises « Allah akbar ». Et il y a fort à parier que les mêmes pseudo-manifestants de la paix, mélange de militants pro-Hamas et de l'ultragauche islamisée, récidiveront aujourd'hui à Paris.
Comme un exemple de ce « djihadisme d'atmosphère » théorisé par l'islamologue Gilles Kepel. Désavoué par le Conseil d'État, l'exécutif a été contraint de lever les interdictions qui pesaient sur ces rassemblements. Le risque d'incidents est pourtant majeur dans un pays où vivent la plus grande communauté juive d'Europe (700 000 personnes) et plus de 6 millions de personnes de confession musulmane. Une cohabitation unique qui fait de notre pays un chaudron explosif dans de nombreux quartiers. On comprend mieux pourquoi Emmanuel Macron marche sur des charbons ardents, redoutant un affrontement qu'il qualifie d'« intercommunautaire ».
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