Les événements en Israël et en France nous rappellent que le combat des hommes de bonne volonté n'est jamais achevé. Hier Samuel Paty, aujourd'hui Dominique Bernard. Trois ans presque jour pour jour après la décapitation de l'enseignant de Conflans-Sainte-Honorine, la France revit le même effroi, ressent la même révolte face à la « barbarie du terrorisme islamiste », selon les mots d'Emmanuel Macron. Mais s'ajoute, cette fois, un sentiment d'impuissance. Le président de la République et ses gouvernements ne sont pas restés inertes. De la loi contre le séparatisme à l'augmentation du nombre de policiers, au renforcement des effectifs du renseignement et au vote d'une loi antiterroriste, l'État met les moyens. Depuis 2017, 43 attentats ont été déjoués. Est-ce assez ? Non, attaquent l'extrême droite et une partie de la droite. Pavlovien, Jordan Bardella a exigé la démission du ministre de l'Intérieur sur l'air du y-a-qu'à-faut-qu'on. Quant à Éric Ciotti, il a réclamé l'état d'urgence, jugeant le dispositif « urgence attentat » de la Première ministre insuffisant. Pas de trêve politique, donc. La réalité est plus prosaïque : Mohammed Mogouchkov, le tueur de la cité scolaire Gambetta-Carnot, aurait pu être expulsé avec le vote de l'une des dispositions du projet de loi immigration enlisé au Sénat. Il reste aux parlementaires LR à prendre leurs responsabilités et à la majorité à trouver un compromis. Dans l'opinion, l'inquiétude est aggravée par les attaques terroristes sans précédent en Israël, mais l'effet de sidération apparaît moins intense qu'il y a trois ans.
L'unité nationale est pourtant plus que jamais impérative après la mort sauvage de Dominique Bernard. « Tout est relié, pointe à juste raison l'ancien ministre Jean-Michel Blanquer. Notre inflexibilité face à l'hydre islamiste est la seule voie. Toutes les complicités, même intellectuelles, avec le terrorisme sont insupportables », prévient ce partisan d'une ligne républicaine ferme, dans une mise en cause indirecte des Insoumis qui surfent sur l'importation du conflit israélo-palestinien. À Arras, Emmanuel Macron a conclu sa réaction par un empathique « restons unis, groupés et debout ». Pour juguler une peur collective, celle des enseignants, des parents et des élèves. Il sait déjà qu'il ne pourra pas compter sur l'union du monde politique.
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