La mobilité électrique, c'est pas encore (totalement) automatique en régions !

OPINION. Si les Français passent doucement mais sûrement à la mobilité électrique, le juste déploiement des bornes de recharge au sein des régions demeure le véritable défi à relever par les acteurs de la filière. Par Olivier Durin, rédacteur en chef du site "Le Monde de l'énergie".
(Crédits : NW Groupe)

Le temps des bâtons dans les roues est-il en passe d'être révolu pour la voiture électrique ? Si certains freins à sa démocratisation persistent en France, d'autres obstacles comme le prix ne sont désormais plus infranchissables. Longtemps perçus comme onéreux, voire même comme des « gadgets pour bobos », les véhicules à zéro émission coûteraient maintenant moins cher que les modèles à essence ou diesel. Rien qu'à l'achat, les aides gouvernementales - prime à la conversion et bonus écologique -, et parfois locales, permettent de s'offrir une Zoé de 110 chevaux (18.000 euros) au prix d'une Clio essence de 65 chevaux, selon l'exemple choisi par Turbo. Et en considérant l'utilisation au quotidien, le coût total de possession d'une voiture électrique devient largement inférieur à celui d'une véhicule thermique dans la plupart des pays européens. Grâce aux économies de carburant, d'entretien et d'assurance, rouler en ID.3 tout électrique reviendrait par exemple, en France, à 147 euros mensuels de moins qu'au volant de son équivalent essence et 281 euros de moins que la version hybride rechargeable, selon les données du rapport Car Cost Index 2021. Et il existe un moyen de réduire encore davantage le coût du véhicule électrique : la location.

Bon pour le porte-monnaie comme pour l'environnement, louer plutôt que posséder séduit de plus en plus de Français. Dans la mobilité électrique, ce nouveau paradigme se traduit par l'émergence de services innovants, comme le Pass'Location du réseau de magasins Hubside.Store, qui permet de louer des voitures électriques en France et en Europe. D'après une étude réalisée par l'enseigne, 32 % des Français seraient ainsi prêts à louer un véhicule électrique plutôt que de l'acheter. Utiliser un véhicule uniquement quand cela est nécessaire, au lieu d'investir dans un équipement neuf, permet de supprimer les coûts d'entretien, de réparation et d'assurance annuelle.

Bornes de recharge : réduire les inégalités d'accès entre les régions

À l'achat comme à la location, la capacité de recharge est, avec le coût, un facteur déterminant pour les candidats au véhicule électrique. En 2021, la peur de la panne n'est plus aussi grande qu'il y a quelques années. D'après une enquête de l'American Automobile Association (AAA), cette crainte s'atténuerait grandement à l'usage. En effet, 95 % des répondants ne se seraient jamais retrouvés avec une batterie à plat. Pourtant, près de la moitié d'entre eux (43 %) affirment rouler plus qu'avec leur ancienne voiture thermique. Et si plus des trois-quarts (78 %) ont conservé leur vieux modèle diesel ou essence, presque tous (87 %) déclarent effectuer la majorité de leurs déplacements avec leur véhicule électrique.

Le constat est assez similaire en France, où ce ratio s'élève à 65 % pour les usagers de voitures électriques, et à 94 % pour ceux d'hybrides rechargeables, selon un sondage de l'Institut BVA pour Enedis. Et même si l'objectif de 100.000 points de recharge publics fixé par le gouvernement pour la fin 2021 ne sera pas atteint (seulement 43.700 fonctionnent à ce jour), cela ne semble pas poser problème. D'après l'enquête d'Enedis, la grande majorité des recharges s'effectuent à la maison, 88 % des sondés n'ayant jamais ou presque jamais utilisé de borne de recharge publique en 2020. De quoi relativiser les retards de déploiement du réseau, qui n'en reste pas moins nécessaire sur l'ensemble des territoires. Car l'inégalité d'accès aux bornes de recharge constitue un réel enjeu pour la démocratisation du véhicule électrique. Par manque de point de charge ou de synergie des différents acteurs, certaines régions sont (beaucoup) plus ou moins bien loties. Si la Bretagne, le Grand-Est ou l'Occitanie sont déjà sur la voie d'un réseau suffisamment dense et unifié, d'autres pèchent encore lourdement par manque d'installations (Corse), d'homogénéité entre les territoires (Auvergne-Rhône-Alpes) ou d'équilibre entre zones urbaines et rurales (Bourgogne-Franche-Comté).

Ce « panier à crabes » stoppera-t-il l'irrésistible accélération de l'électrique ? Aspirée par une croissance économique à deux chiffres et une réglementation toujours plus favorable, la voiture électrique reléguera, d'ici 20 à 30 ans, tous les modèles thermiques aux oubliettes. Charge aux régions de déployer la mobilité électrique que leurs habitants méritent.

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Commentaires 3
à écrit le 24/11/2021 à 6:58
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Magnifique Tout va bien Grand moment de béatitude pro électrique hors sol Par contre rien sur la production électrique, pas assez de bornes, pas grave, l impact de l obsolescence forcée en terme de co2, pas un mot. Pour faire 1000 bornes rien sur...

le 24/11/2021 à 8:43
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rien de plus polluant que cette solution, merci de votre propagande de la croissance infinie.

à écrit le 23/11/2021 à 22:42
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Vivement l'hydrogène Je n'en veux pas de ces bouses électriques: je veux faire 800 bornes sans devoir perdre une heure à achercher une borne .

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