Oui, très embêtant. Pour l'instant, personne n'a encore rien vu venir. Mais l'attitude de la France, du président Sarkozy au cours des douze derniers mois à l'égard des Chinois pourrait nous coûter cher, très cher. Elle pourrait nous faire rater le train de la reprise. De quoi s'agit-il ?

La Chine ne consomme pas assez, elle n'achète pas assez à l'étranger. C'est l'une des causes de la crise économique mondiale actuelle. Les dirigeants chinois l'ont compris. D'où le méga-plan de relance, le deuxième du genre, annoncé cette semaine. Plus de 1000 milliards de dollars ! Ce plan, ce sont des Lignes à Grande Vitesse, des centrales électriques, des autoroutes. C'est aussi l'introduction d'une sécurité sociale pour tous. Bref, tout cela, ça va faire des achats dans le monde, ça va aider au retour de la croissance dans le monde...

Sur ces marchés, la France n'est plus dans la course ?

Si, il y a encore des affaires qui se font.

Suez

vient de remporter une grosse concession d'eau à Chongqing, une mégalopole du Séchuan. Mais les choses sont en train de tourner vinaigre. Pékin en veut terriblement à Paris - la flamme Olympique, la menace de boycott des JO, le dalaï-lama, la vente Pierre Bergé. Depuis quelques semaines, l'empire a engagé une véritable stratégie d'humiliation à l'égard de la France. En janvier, le premier ministre faisait une tournée en Europe : toutes les capitales ou presque...sauf Paris. En février, le ministre du commerce est venu, avec son carnet de chèques, faire ses courses en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et en Suisse. Rien en France. A Pékin, les patrons français ont du mal à avoir des interlocuteurs de haut niveau, à signer des contrats.

La Chine a besoin d'Airbus, de centrales nucléaires, d'équipements télécoms. La France est incontournable ?

Pas du tout. Dans les télécoms, la Chine a chez elle ce qu'il lui faut. Les centrales nucléaires ? Elle a dit qu'elle allait désormais privilégier ses fournisseurs non français ! En fait, on en est revenu, entre la France et la Chine, à la pire des périodes, le début des années 90, à l'époque du contentieux sur les ventes d'armes à Taïwan ! Si la France ne veut pas être écarté du marché du siècle, il y a urgence, pour elle, à se rabibocher avec la Chine. Comment ? Ca, c'est une autre histoire, pas facile, un véritable casse-tête chinois en réalité.