Davos, mythe

Début ce matin à Davos, en Suisse, du Forum de l'Economie mondiale. 2500 personnes, dont 40 chefs d'Etat, s'y retrouvent pour « Imaginer le monde d'après la crise », le thème de cette année. Il peut sortir quelque chose de ce genre de réunion?

Erreur sur la personne ! Ce Forum - le 39ème du genre - ce n'est pas un directoire du monde. Ce n'est pas une organisation internationale qui aurait un pouvoir de décider de quoi que ce soit. Non, Davos, c'est un business privée, une machine à gagner de l'argent qui a trouvé, avec cette réunion annuelle des stars du business, un modèle économique formidable. Si des patrons acceptent de payer 40.000 euros pour passer 5 jours au fin fonds de la Suisse, si les PDG des plus grands groupes mondiaux se libèrent pour ce Forum, c'est qu'ils considèrent que c'est un bon business pour eux...

Ils y vont pour se faire voire, pour montrer qu'ils font partie de l'élite mondiale ?

A ce prix là, non ! Davos, il y a le cinéma, ce que nous allons en voir d'ici, pendant cinq jours : les Poutine, Merkel et autres Trichet. Ca, c'est pour la galerie. Les PDG assisteront bien sûr au show. Histoire de dire, en rentrant, moi, j'y étais.

Mais en réalité, Davos, en coulisse, c'est tout autre chose. C'est d'abord, un, un incroyable « Business center » : on y rencontre ses clients, ses fournisseurs, ses concurrents du monde entier ; on y échange des cartes de visite ; bref, on y fait des affaires, de grosses affaires.

C'est, deuxièmement, un gigantesque Festival de Cannes des nations : tous les pays sont là, cherchant à séduire les investisseurs potentiels, les patrons de General Electric, Coca, Volkswagen,

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ou Orange !

C'est ensuite, trois, pour tous ces PDG un centre de formation continue haut de gamme. Les meilleurs experts - beaucoup de Nobel - y assurent dans plus de deux cents ateliers des cours sur les derniers développements scientifiques - sur les bio, le Web 3.0 ou l'entreprise éclatée.

C'est aussi, quatre, un baromètre de l'économie mondiale. On y trouve, en concentré, le reflet des mouvements de la planète : les pays, les secteurs qui montent, ceux qui vont plonger. C'est enfin un petit Club Med. On travaille dur, on s'y détend aussi : expo, cocktails, il y a même, le dimanche une compétition de ski !

Davos, le Forum, beaucoup ont essayé de reproduire le modèle ?

Oui. Davos, c'est une affaire qui marche, c'est une entreprise, qui gagne de l'argent, beaucoup d'argent. Alors, bien sûr, Davos a fait des jaloux. On a vu les Davos se multiplier sur la planète : Davos des femmes, Davos des Nobel, Davos social, Davos de l'Est. Davos, souvent imité, jamais égalé néanmoins. Faire croire qu'on organise le directoire du monde alors qu'on est un simple business, c'est tout le génie du Forum. Davos, c'est finalement la « Montagne magique » - le nom du fameux roman de Thomas Mann, rédigé justement dans la petite station des Grisons !

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