Défi, déficit

Christine Lagarde mange son chapeau. Hier, la ministre a révisé, à la baisse, la croissance pour 2009. Elle a reconnu que le déficit public serait au dessus des 3% du PIB. Le langage de la vérité, Erik Izraelewicz ?

Le langage de la vérité, c'est vite dit. Un langage plus réaliste, disons.

Sur la croissance, on ne va pas chipoter. Christine Lagarde reconnaît que le 1% annoncé pour 2009 n'est pas tenable, n'est plus tenable. Elle parie maintenant pour l'an prochain sur une croissance comprise entre 0,2% et 0,5%. Le FMI, Bruxelles, les experts en général sont moins optimistes : le Fonds parie par exemple sur une baisse de la production - de 0,3%, une vraie récession donc. Peu importe.

Disons qu'on aura, l'an prochain, une croissance zéro. Ce n'est pas une surprise. Il y a la crise financière, la baisse de la demande mondiale, le pétrole qui reste, malgré tout, à un prix élevé.

Conséquence, le déficit de l'Etat va augmenter ?

Oui, conséquence naturelle.

Moins de croissance, c'est d'abord moins de recettes pour l'Etat. Les Français vont moins consommer : l'Etat va donc encaisser moins de TVA. Les entreprises vont être moins profitables : l'Etat va encaisser moins d'impôts sur les sociétés. La masse salariale distribuée va stagner : les cotisations à la Sécu vont être moins importantes. Cette année déjà, il manque près de 7 milliards d'euros dans les caisses de l'Etat par rapport à ce qui était attendu!

Moins de recettes, plus de dépenses aussi. Avec la crise, il faut plus d'argent pour indemniser plus de chômeurs, plus d'argent pour subventionner des emplois, plus d'argent pour payer les charges de la dette. Bref, le ciseau est classique : moins de croissance, c'est automatiquement plus de déficit.

Bercy reconnaît qu'en 2009, on sera au dessus des 3% imposé par l'Europe

La France ne pourra pas tenir ses engagements européens, un déficit zéro en 2012...

C'est sûr. La France va sortir des clous de Maastricht. Impossible d'avoir un déficit zéro en 2012 comme promis. Alors, c'est grave, bien sûr. La France est toujours, dans ce domaine, le plus mauvais élève de la zone euro. L'Etat français surtout va continuer à s'endetter.

Cela étant, avec la récession, le débat sur le déficit prend une autre dimension. Difficile aujourd'hui d'envisager de le réduire. Couper davantage dans les dépenses publiques, ce serait ajouter la crise à la crise. On est en pleine tempête. Supprimer les parapluies, ce serait catastrophique. Quand Henri Guaino, le conseiller de l'Elysée, avait dit, il y a quelques semaines, que la réduction du déficit, c'était plus « la priorité des priorités », il avait raison. Bercy a fini par se rallier à sa thèse. A juste titre. Cela étant, dès que la tempête sera passée, il faudra s'attaquer, dur comme fer, à ce déficit. Le problème, c'est qu'on aura pris des habitudes. Pas sûr qu'on arrivera alors à s'en débarrasser facilement.

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