Hyperdéficit aujourd’hui, hyperaustérité demain

Demain, l'austérité ! C'est ce qu'annonçait hier François Fillon dans « Le Monde ». Le premier ministre présentera début 2010 une nouvelle stratégie pour les finances de l'Etat. Objectif : l'équilibre en 2016. Ambitieux, non...

Très très très ambitieux, trop peut-être pour être totalement crédible !

« Du sang et des larmes », c'est, effectivement, en gros, ce que nous promet François Fillon pour les années à venir. Objectifs : mettre fin à la dérive des comptes de l'Etat. Stopper la spirale infernale de la dette. Remettre la France dans les clous européens.

Nous - l'Etat, les collectivités locales, la sécurité sociale - nous dépensons beaucoup trop par rapport à nos recettes, par rapport à notre richesse. Le déficit public total, ce sera l'an prochain 8,5% de notre production - comme cette année. De tels records, ils ne sont pas tenables longtemps. Fillon promet de ramener ce déficit à 3% en 2014, puis à 0% en 2016...

L'équilibre en 2016 ! Une promesse qui ne l'engage pas beaucoup ?

Oui, on avait un peu l'impression ces derniers temps qu'en 2016, Fillon ne serait plus à Matignon ! Ce genre de promesses, on sait d'ailleurs ce qu'elles valent. Nicolas Sarkozy avait déjà promis l'équilibre pour 2012. On sera sûrement au dessus de 6% !

Cela étant, ce tournant, annoncé, de la rigueur, il est indispensable. Pourquoi ? D'abord, parce que si la France continue à s'endetter alors que l'Allemagne s'enrichit, la France risque de tomber, politiquement, dans une situation de dépendance à l'égard de l'Allemagne de plus en plus insupportable. Ensuite, sur le plan économique, si un peu de déficit, un peu de dette, un peu de grand emprunt, ça peut stimuler la croissance. Trop de déficit, trop de dette, trop de grand emprunt, eh bien, ça peut avoir l'effet inverse.

C'est ce qui menace aujourd'hui. Les Français commencent à comprendre que ces montagnes de dettes, il faudra les rembourser. Comment ? Soit par une hausse des impôts, soit par une baisse des retraites, soit par une privatisation des hôpitaux. Face à cela, au lieu de consommer, d'investir, de soutenir l'activité, les Français vont épargner. Au risque de plomber la croissance.

Alors, l'équilibre en 2016, c'est possible ?

Sûrement. C'est aussi l'objectif des Allemands. Cela étant, ça nécessitera une politique de la hache, des coupes violentes dans les dépenses publiques notamment. « Des ajustements très importants », comme le dit, dans une belle périphrase, le premier ministre. Passer de 8,5% de déficit à l'équilibre budgétaire en cinq ans, des pays, le Canada, la Suède par exemple, y sont parvenus. Comment ont-ils fait ? Ils ont eu la croissance. Ce sera indispensable. Ils ont surtout cédé des pans entiers de l'Etat à des opérateurs privés. La France pourra-t-elle y  échapper ? Cela devient de moins en moins probable.

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