Le banquet des banquiers

La banque américaine se porte bien, déjà ! La première banque de Wall Street, Goldman Sachs, a annoncé hier un chiffre d'affaires historique pour les trois derniers mois, des profits très élevés aussi. Finie, la crise, pour les banques...

Oui, quelle insolence ! Aux Etats-Unis aussi, les faillites se multiplient ; le chômage explose ; l'industrie souffre. Et déjà, la banque, celle par laquelle la crise est arrivée, affiche une santé retrouvée. Goldman Sachs, la première banque d'affaires américaine, est la première aussi à révéler ses résultats trimestriels. Et ils sont, vous le disiez, excellents, surprenants même. Jamais la banque new-yorkaise n'avait été aussi active. Elle a fait, avec 16% de salariés en moins, un chiffre d'affaires supérieur de 46% , des profits en hausse de 65% ! Sûr que ces résultats, ceux des autres banques américaines qui seront connues cette semaine, vont faire grincer bien des dents...

Les banques ont largement profité des aides de l'Etat américain...

Oui, il y a eu ces plans, massifs, de sauvetage des banques. Et on peut dire que ces plans ont finalement plutôt bien réussi... à certaines banques en tout cas. L'objectif de ces plans, on a eu les mêmes ou presque en Europe, c'était de remettre en état marche le système financier, complètement tétanisé après la crise des subprimes.

De ce point de vue, le retour à bonne fortune des banques, c'est une bonne nouvelle. Il ne peut y avoir de vraie reprise, un vrai retour de la croissance tant que les banques ne fonctionnent pas. Aux Etats-Unis, on devrait en avoir la confirmation cette semaine avec les résultats des autres grands mastodontes financiers du pays, les banques ont recommencé à animer les marchés, à prêter de l'argent, voire à investir elles-mêmes. L'Etat et la banque centrale y ont travaillé. Avec succès. Goldman Sachs a d'ailleurs déjà renoncé aux béquilles que l'Etat lui avait prêtées : elle a déjà remboursé l'aide de 10 milliards dont elle avait bénéficiée...

Pour ne plus avoir à dépendre de l'Etat, pour pouvoir distribuer des méga-bonus comme bon lui semble ?

Oui, succès des plans de sauvetage donc. Mais ces plans ont aussi, et on le voit aujourd'hui, des effets pervers. Ils ont contribué, qu'on le veuille ou non, à affaiblir la concurrence dans le secteur. Après la crise, aux Etats-Unis, le nombre d'acteurs dans la banque, s'est beaucoup réduit. De nombreux établissements ont disparu - on se souvient de Lehman Brothers.

Pour les survivants, c'est pain béni. Le gâteau s'est un peu rétréci. Mais il y a beaucoup moins de convives autour de la table. Chacun des survivants s'en sort avec une part finalement plus grande. Le risque, c'est que ces quelques banques survivantes ne cherchent à abuser de leur position dominante. Un risque réel, aux Etats-Unis, avec Goldman Sachs notamment, une banque très proche de la Maison Blanche. Après avoir sauvé les banques, l'Etat américain va devoir maintenant lutter contre toutes les formes de monopole, contre toutes les distorsions de concurrence. Pas sûr que les conseillers d'Obama, souvent issus de cette fameuse banque, Goldman Sachs, y pensent.

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