Peugeot, changement de pilote

Peugeot change de pilote. La famille Peugeot, majoritaire au capital du groupe, a débarqué, hier, son PDG, Christian Streiff, remplacé par Philippe Varin, le patron du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus. Un changement brutal et inattendu...

Brutal, oui. Inattendu, non.

Brutal. La crise n'est pas fatale qu'aux seuls salariés de base; elle provoque aussi une véritable valse des PDG. Les familles, les grands actionnaires, l'Etat n'hésitent pas à licencier les patrons qui ne leur donnent pas satisfaction.

On l'a vu la semaine dernière chez De

Wendel

, il y a quelques semaines chez

Carrefour

ou aux Caisses d'Epargne. On devrait le voir aussi aux Etats-Unis où le patron de General Motors, Dick Wagoner, devrait lui aussi prendre la porte aujourd'hui, sur injonction de l'Etat - de Barack Obama plus précisément. On ne va pas pleurer sur le sort des PDG. On remarquera seulement que Christian Streiff part sans parachute doré. Il touchera les indemnités conventionnelles de licenciement économique, a précisé hier soir le groupe.

Un changement qui ne vous surprend pas, Erik ?

Oui, un licenciement fatal. Christian Streiff avait été nommé, il y a deux ans, à la tête de PSA-

Peugeot

-Citroen. Depuis, les résultats du groupe se sont effondrés. Avec, l'an dernier, pour la première fois depuis dix ans, des pertes - 350 millions d'euros. Cela étant, tous les constructeurs sont en difficulté.

Ce qui a été fatal à Christian Streiff, c'est qu'il a réussi, en deux ans, à se mettre tout le monde à dos - les salariés pour la brutalité de sa politique de réduction d'effectifs, les cadres pour son caractère colérique, l'Etat pour son comportement maladroit, la famille finalement pour désaccord stratégique, semble-t-il.

L'arrivée de Philippe Varin pourrait se traduire par un changement de stratégie pour le groupe ?

Pas dans l'immédiat. Il ne faut pas s'attendre à un virage à 180 degrés. Ce n'est pas dans les habitudes chez

Peugeot

.

Le profil de Philippe Varin, le nouveau patron, donne néanmoins quelques indications sur ce qui pourrait se passer maintenant. Philippe Varin a jusqu'à présent été un fournisseur de l'automobile - chez Péchiney d'abord dans l'aluminium, puis chez Corus, dans l'acier. Il va sans doute chercher à améliorer les relations entre le constructeur et ses fournisseurs, tous ses sous-traitants.

Varin a été ensuite un redresseur d'entreprise. Il a remis en cinq ans dans le vert, un groupe, Corus, qui connaissait de grandes difficultés.

Il a été enfin un marieur d'entreprises. C'est lui qui, à la tête de Corus, a piloté le mariage avec l'indien Tata Steel. Ce talent d'agent matrimonial, il pourrait le mettre au service de

Peugeot

. Le groupe, courtisé à la fois par

Fiat

et par BMW, hésite à se marier.

Un fournisseur, un redresseur, un marieur - avec Philippe Varin, PSA-

Peugeot

Citroën s'engage en tout cas, c'est sûr, sur une nouvelle route.

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