Plan anglais

Les chefs d'Etat et de gouvernement des quinze pays de l'Eurogroupe, les pays de l'euro se sont enfin mis d'accord, hier, à l'Elysée, sur un vaste plan anti-crise. Cette fois-ci, c'est le bon plan, Erik Izraelewicz ?

Avant de répondre, trois réflexions. D'abord, il s'agit incontestablement là d'un plan historique. Historique pour l'Europe. On use beaucoup ces derniers temps de l'adjectif. Avec cet accord européen, unanime des quinze, le terme d'historique est légitime.

Les crises, dit-on, sont le seul moyen pour faire avancer l'Europe, pour favoriser sa construction : on en a une nouvelle preuve aujourd'hui. Depuis des mois, c'était en Europe le règne du chacun pour soi. Eh bien, l'aggravation de la crise, la crainte d'un chaos généralisé, l'obstination et le savoir faire aussi de Nicolas Sarkozy, le président de l'Union, ont rendu possible l'impossible : une approche commune, unanime, déterminée de l'ensemble des pays de l'euro. Rappelez vous la zizanie il y a une semaine encore. Quel changement !

Ce plan autorise des nationalisations de banques.

Oui, historique, ce plan l'est aussi parce qu'il s'agit d'un plan radical. Jamais dans l'histoire, des Etats ne s'étaient autant impliqués dans le sauvetage du système financier ; jamais des mesures aussi extrêmes n'avaient été prises.

Bien sûr, ce plan, ce n'est qu'une « boîte à outils » dans laquelle chaque pays va maintenant pouvoir piocher. Tous les Etats ne vont pas nationaliser toutes leurs banques. Ils en auront néanmoins la possibilité.

Dans cette boîte, le dispositif le plus important, ce ne sont pas les prises de participation possibles des Etats dans les banques, c'est la garantie par l'Etat des prêts entre banques. Elle devrait peut-être permettre de dégeler le marché interbancaire, de réanimer le marché du crédit.

Ce plan s'inspire de celui de Gordon Brown, le premier ministre britannique...

Oui, c'est ma troisième réflexion. Ce plan, c'est une nouvelle victoire des Britanniques. Ce plan, c'est en effet du copier-coller de celui annoncé, il y a huit jours, par le premier ministre britannique. C'est là le paradoxe.

Les Britanniques ne sont pas dans l'euro ; ils arrivent quand même à imposer aux pays de l'euro leur plan. La crise, c'est d'abord celle de leur système financier, ce fameux capitalisme anglo-saxon. C'est quand même chez eux que nous allons cherché nos solutions.

Alors, il faut sans doute voir là, dans ces paradoxes, la preuve du génie financier des Britanniques. Ce n'est pas un hasard si la première place financière européenne, c'est la City, à Londres. On relèvera d'ailleurs que Paulson lui-même, le ministre américain des finances, envisage lui aussi de copier Brown !

Les Anglais ont toujours joué un rôle clé dans la finance mondiale. Rappelez vous : c'est Keynes, un économiste anglais qui avait dessiné la grande réforme du système financier mondial, à Bretton Woods, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Une preuve finalement que l'Europe peut avoir besoin, parfois, de la Grande Bretagne.

Alors, ce plan, c'est le bon plan ?

Ma réponse. Eh bien, à priori, c'est oui, mais le diable est, on le sait, dans les détails. Tout va dépendre maintenant de la manière dont les Etats européens vont le mettre en œuvre. On devrait le savoir rapidement. Dès cette semaine !

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