Secret suisse

Question : « Et si c'était la fin du secret bancaire suisse ». C'est le titre, ce matin, de « La Tribune ». Une banque suisse, UBS, a transmis hier des informations sur 250 de ses clients à la justice américaine. Une révolution, Erik Izraelewicz ?

Eh oui ! Cette décision, hier, de la banque UBS, c'est un nouveau coup de tonnerre dans la finance mondiale. Le secret bancaire suisse, c'était un peu comme la Tour Eiffel à Paris, le Manequen Pis à Bruxelles ou la sirène à Copenhague, un élément du paysage, un monument intangible de la finance mondiale. Ce secret bancaire suisse, il existe depuis...1713 - presque trois cent ans ! C'est l'un des atouts majeurs de la place financière suisse. Les milliardaires du monde entier, les fraudeurs, les escrocs, les mafieux, tous savaient qu'ils pouvaient y mettre en sécurité leur fortune, que jamais ces banques n'iraient trahir leur confiance. La Suisse, c'était, dans son genre, un petit paradis fiscal. Eh bien, c'est peut être bientôt la fin de cette chère institution...

Le président suisse n'est pas d'accord...

Ultime résistance ! En fait, la banque UBS, l'une des grandes banques suisses, a livré hier à la justice américaine les noms et des informations précises concernant 250 de ses clients américains, des clients soupçonnés par le fisc de fraude fiscale. Pour l'instant, elle refuse de lui communiquer une liste supplémentaire de 52.000 clients. La brèche est néanmoins ouverte. Dès hier, Bruxelles a cherché à s'y faufiler. La Commission a demandé à la Suisse de collaborer avec les fiscs européens comme elle le fait maintenant avec l'administration américaine.

Comment cette brèche a-t-elle pu être ouverte ?

C'est un effet, bénéfique, de la crise. UBS, la banque en question, comme la plupart des banques suisses, est très affaiblie par la crise des subprimes. Elle est violemment affectée par le scandale Madoff. Elle n'a pu résister aux exigences de plus en plus pressantes des Américains. Si elle refusait de transmettre les informations demandées, la banque allait perdre la licence qui lui permet de travailler aux Etats-Unis. Un coup fatal pour elle.

Les Etats-Unis ont fait du chantage, en quelque sorte...

Du chantage, oui. C'est sans doute la meilleure manière pour s'attaquer aujourd'hui aux paradis fiscaux. Cette affaire, ça n'est qu'un début. Les grands pays - les Etats-Unis et la Grande Bretagne en particulier - sont aujourd'hui, et c'est nouveau, très déterminés à lutter contre les paradis fiscaux. Comme aucun pays ne peut imposer aux autres les règles du jeu, le moyen de les influencer, de les amener à renoncer à leurs exceptions, c'est de sanctionner ceux qui travaillent avec eux - entreprises, banques ou particuliers. Pour la France par exemple, sanctionner les entreprises françaises qui y créent des filiales. Ca finira bien par obliger ces pays à changer.

La fin des paradis fiscaux, c'était une revendication insistante de la France et de l'Allemagne. On croyait que c'était une chimère. Ce qui s'est passé hier entre la Suisse et les Etats-Unis montre qu'il n'en est rien. Ca pourrait peut-être bouger plus vite qu'on ne le croyait.!

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