Le casse-tête de Barroso

Plus dur qu'un Rubik's cube ? Résoudre un Rubik's cube avec vingt-sept chefs d'Etat et de gouvernement regardant par-dessus votre épaule. José Manuel Barroso, qui a toutes les chances de rempiler à Bruxelles, réfléchit déjà à la répartition des portefeuilles de la future Commission. Interprétée comme un lâchage au début du mois, la tiédeur du soutien de Nicolas Sarkozy au Portugais pour un second mandat n'était en fait qu'un "rappel à Barroso qu'il doit faire attention à ce qu'il va faire avec les postes", confie un responsable français.

"Les nouveaux pays membres qui n'étaient pas très ambitieux à leur arrivée en 2004 vont être demandeurs de postes plus importants," avertit Paul Adamson, directeur du think tank The Centre. "S'ils avaient su que l'énergie deviendrait un dossier aussi stratégique, ils ne me l'auraient jamais confié", s'était amusé le letton Andris Piebalgs, au moment de la crise énergétique. Les Roumains devraient se montrer revanchards, vexés que leur représentant ait écopé du multilinguisme : un "poste de gardien d'immeuble HLM" s'était indigné un quotidien de Bucarest.

Il existe des lignes rouges dans la distribution. Un pays hors zone euro ne peut prétendre aux affaires économiques tout comme un pays n'appartenant pas à Schengen n'a pas sa place à la justice et aux affaires intérieures. Il y également des considérations politiques : "on n'imaginerait pas donner la fiscalité à un Irlandais", explique une source européenne. "Idem pour l'énergie à un pays contre le nucléaire ou à un Vert". Autre considération, extérieure cette fois : confier l'énergie à la Pologne serait perçu comme une véritable provocation par Moscou.

La couleur politique a son importance. "Les postes économiques sont tous entre les mains de socialistes" aime rappeler José Manuel Barroso dès qu'on l'accuse de libéralisme. Les attentes du Parlement européen nouvellement élu devront également être prises en compte plus sérieusement qu'en 2004 : les eurodéputés avaient retoqué Rocco Buttiglione de la justice, pour ses propos jugés racistes et homophobes.

Les leaders européens qui auront manifesté tôt et avec vigueur leur soutien à José Manuel Barroso devraient être récompensés. Le lobbying en douceur peut aussi marcher : en 2004, le premier ministre néerlandais avait profité d'un match de football Portugal - Pays-Bas à Lisbonne pour plaider la cause de Neelie Kroes à la concurrence.

La France et l'Allemagne auraient toutes les deux des vues sur le marché intérieur. Mais attention, prévient Paul Adamson : "Souvent, les grands Etats membres se battent entre eux et finissent par laisser la place à un troisième, plus petit".

Y.-A.N.

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