Rasmussen fâché contre Barroso

Le président du Parti socialiste européen Poul Nyrup Rasmussen ne décolère pas.

Après des mois d'attente, la Commission européenne vient en effet de repousser au 29 avril sa proposition de réglementation des hedge funds et des fonds dits de "private equity". Il s'agit des fonds d'investissement dits "alternatifs" réservés aux individus très fortunés et plus souvent aux investisseurs institutionnels qui sont actuellement très inégalement régulés en Europe.  "Nous sommes un peu épuisés d'aller de report en délai. Soit José Manuel Barroso [président de la Commission européenne] a pour but de repousser à plus tard toute législation, soit il est incapable de réconcilier les opinions au sein de la Commission et alors cela relève d'un manque patent de leadership", déclarait ce matin l'eurodéputé et ancien Premier Ministre danois lors d'une mini-conférence de presse improvisée dans son bureau du Parlement à Bruxelles.

Ce n'est pas tant le retard pris par ce texte promise au Parlement il y a plusieurs mois, que le contenu du projet qui circule depuis quelques jours qui l'exaspère. Dans une lettre datée de ce jour et cosignée par Pervenche Bérès, la présidente socialiste et française de la Commission des affaires économiques et monétaires, ainsi que Martin Schulz, le président, allemand, du groupe socialiste au Parlement, il en détaille toutes les "lacunes". Certains professionnels de la gestion d'actifs eux-mêmes s'étaient montré surpris ces dernières semaines de la relative légèreté des garanties en capital et des obligations de transparence faites aux gestionnaires de ces fonds alternatifs.

Bien qu'elle soit flanquée d'une longue annexe très précise qui pourrait servir de base à une nouvelle proposition législative, la lettre des trois élus socialistes est donc avant tout politique. Le PSE veut hisser la régulation financière au rang de thème de campagne aux Européennes. Histoire de lever toute ambiguité, les trois poids lourds du PSE concluent leur adresse au président de la Commission par un : "une réelle proposition doit être complète, efficace et tournée vers l'avenir... C'est une question de confiance pour toute la Commission". José Manuel Barroso, candidat à sa reconduction à la Commission aura besoin de l'appui d'une partie au moins des députés socialistes européens s'il veut retrouver son poste, même s'il est choisi par les 27 chefs d'Etat et de gouvernement. Lui estime toutefois que la Commission européenne n'a pas chômé pour mettre en oeuvre les orientations du G20 sur la régulation. "Plus longtemps M. Barroso repousse toute initiative sur les hedge funds, plus il ne fait rien pour endiguer le chômage de masse, plus l'écart de nombre entre groupe socialiste et groupe conservateur au Parlement européen se réduit", avertit Poul Nyrup Rasmussen. Aujourd'hui, les prévisions donnent les conservateurs vainqueurs au scrutin européen.

F.A.

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