Et si on parlait en « nouveau dollar »

Le 27 décembre 1958, le conseil des ministres adoptait le principe du nouveau franc. C'est peut-être une piste de réflexion pour les équipes de Barack Obama.

Je rencontre souvent des chefs d'entreprise américains du secteur des nouvelles technologies. A chaque fois, la même question revient :

What do you think about the crisis

? En bon français, cela revient surtout à se demander si les Etats-Unis vont s'en sortir. Et là, on s'aperçoit que le nouveau président des Etats-Unis aura du pain sur la planche. Entre l'immobilier résidentiel bien enfoncé dans la crise, l'immobilier commercial qui le suit, les encours des cartes de crédit menacés par la faillite personnel des porteurs, les collectivités locales qui, elles aussi, n'ont plus les moyens d'assurer certains services de base et l'industrie qui licencie, on se demande si la barackomania durera jusqu'à l'inauguration de janvier.

Reste à espérer une politique de relance comme cela a été présenté dans la campagne et qui fait dire à un ami banquier : « au moins, les spécialistes en valeur du Trésor américain sont sûrs de conserver leur job ».

Jusqu'à présent, l'endettement considérable des Etats-Unis est financé par les pays qui vendent les biens et les services devenus trop chers à produire dans les cinquante Etats de l'Union. Ces pays reçoivent des dollars et ils les investissent en bon du Trésor. Tout va bien ? Non, car malgré la hausse récente du dollar, ceux qui financent le mode de vie américain doute de la solidité du modèle. Au vrai, cela fait plus de quinze ans que les Cassandres annoncent une catastrophe sur le dollar...

Quand on explique cela aux chefs d'entreprise américains, ils hochent la tête et conçoivent que leur fameux dollar n'est peut-être pas aussi solide qu'il y parait. Existe-t-il une solution ?

Peut-être en prenant l'exemple du nouveau franc, il y a cinquante ans. On se souvient qu'il avait fallu diviser par 100 les anciens francs. Le Richelieu de 1000 francs était passé à 10 NF, le Victor Hugo de 500 francs était revenu à 5 NF. Sur les marchés (les vrais, ceux où on achète des carottes, des poireaux et des volailles pour faire la soupe), ce fut une belle pagaille. Les personnes âgées parlaient encore en sou et les plus jeunes parlaient toujours en francs mais rarement en nouveaux francs. Le sou ? Ah, cela vient du latin solidus, une monnaie romaine et, au début du vingtième siècle, un sou valait un vingtième de francs. Lorsque ma grand-mère me donnait une pièce de 5 centimes, elle me disait : « Tient, voila cent sous ». Et on pouvait acheter un carambar avec cent sous.

Pagaille sur les marchés donc, mais belle réussite économique du plan de l'économiste

Jacques Rueff

auquel

Antoine Pinay

, le ministre des finances du

Général de Gaulle

, s'associera (on parle du

plan Rueff-Pinay

). Il comprenait une dévaluation de 17% du franc, l'introduction des nouveaux francs (appelés francs lourds) et la convertibilité des monnaies, plus la libéralisation des importations et la suppression de subvention et une augmentation des impôts.

Un peu plus tard, en 1963,

Charles de Gaulle

prône un retour à l'étalon-or. Et pendant l'été 1971,

Richard Nixon

suspend la convertibilité du dollar en or. La machine infernale est lancée et aujourd'hui, les Etats-Unis n'ont plus un sou vaillant. Alors, M.

Obama

, on passe au nouveau dollar ?

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