La construction du sens, un impératif pour les entreprises

La CCIP vient de sortir un ouvrage (collection Les Cahiers de Friedland) sur le sens dans l'entreprise pour sortir de la crise. Jean-Louis Scaringella, Directeur général adjoint de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, chargé des études, de la prospective et de l'innovation analyse les chemins de la reconstruction.
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S'interroger sur la construction du sens et le partage des valeurs s'impose aujourd'hui plus que jamais car l'on constate fréquemment une perte de sens dans l'entreprise et, probablement, de l'entreprise. Et ceci n'est pas un simple exercice théorique. C'est, d'abord, un moyen de trouver ou retrouver efficacité et performance.

Le monde de l'entreprise doit faire face à deux contradictions majeures. D'une part, les métiers ayant trop souvent disparu au profit des fonctions, l'individu ne parvient plus à s'identifier à un rôle social, à travers l'exercice de sa profession et à trouver sa place dans la société. D'autre part, les valeurs portées par l'entreprise se révèlent trop souvent en hiatus avec celles qui émergent dans la société, portées par la génération Y.

La crise, durable et globale, mais aussi les transformations de l'emploi et des structures rendent indispensable ce travail sur les valeurs pour autant que le sens soit construit collectivement car, ainsi que le souligne la philosophe Dominique de Courcelles dans le dernier numéro des CAHIERS DE FRIEDLAND, "tout sens est sens ensemble".

Certes, beaucoup objecteront que la construction de sens est un chemin particulièrement escarpé en cette période de crise et que les entreprises ont bien d'autres priorités. Pourtant, ce peut être la voie d'une nouvelle performance tant les organisations ont aujourd'hui besoin de points d'ancrage, de valeurs dans leur activité et dans leurs relations avec les différentes parties prenantes.

Dans un contexte où le mal-être du corps social est patent, le consensus de l'ensemble des collaborateurs mais aussi de toutes les parties prenantes de l'entreprise autour d'une perspective, d'un sens ou d'une valeur forte peut largement aider à le pallier.

La sensibilité à la responsabilité sociale et environnementale (RSE) commence à porter ses fruits auprès des entreprises du CAC40 mais aussi des PME. D'autres valeurs se font jour qui vont peu à peu imprégner tout le "corps" de l'entreprise, ses relations internes autant qu'externes et se traduire dans tous ses domaines d'action : management, marketing, GRH, communication, etc.

Cette évolution est de nature à faire émerger d'autres modèles d'entreprise ; c'est, en vérité, probablement là que réside la différence entre donner du sens dans l'entreprise et donner du sens à l'entreprise.

L'on peut construire du sens dans l'entreprise et les champs du possible n'en sont pas moins nombreux. L'on peut donner du sens à l'entreprise et l'on rejoint alors les différentes formes de management alternatif ou encore ce que les fondateurs d'OpenHive nomment le cloud management, cette forme de "management libre, ouvert, interactif et participatif".

Dans les deux cas, les modèles relationnels des entreprises avec les parties prenantes vont être bousculés, chahutés. Chefs d'entreprise, managers, DRH.... sont amenés, d'ores et déjà, à repenser leur mode d'action alors que responsabilité sociétale, retour à l'humain, éthique, exemplarité ou encore transparence vont s'imposer de façon croissante à l'entreprise. Ce n'est pas le moindre des enseignements de ces temps de crise.

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