L'Argentine reste engluée dans le populisme

Les gouvernements argentins continuent de gérer à la petite semaine, à coup de restrictions de changes, une économie en difficulté. Faute de réformes, impossibles tant que l'héritage populiste n'aura pas été évacué, le marasme risque de perdurer. Par Quentin Gollier, consultant en stratégie
Il y a un peu plus de douze ans, pendant la dernière semaine de décembre 2001, au cœur de l'été austral, le Sénat argentin votait sous les vivats des membres du parlement le défaut du pays sur une énorme partie de sa dette extérieure. Depuis cette semaine historique, de l'Amérique Latine n'a cessé de se débattre dans des réformes économiques insuffisantes face à une population qui n'a jamais su retrouver confiance dans ses institutions, et des instances internationales plus que méfiantes envers une série de gouvernements populistes, n'hésitant jamais à sacrifier des perspectives de long terme au nom d'intérêts purement électoraux.

Des politiques économiques inadaptées, des gouvernants incapables de s'attaquer aux problèmes de fond

Il y a quelque chose de vaguement hypnotique à regarder l'Argentine s'approcher sans cesse d'un statut de pays développé sans jamais y parvenir sous l'assaut conjugué de politiques économiques niant la mondialisation et de gouvernants incapables de s'attaquer aux problèmes de fond du pays. « Aucun autre pays n'est jamais arrivé si près de rejoindre le monde riche, seulement pour sans cesse trébucher », y allait ainsi, il y a peu, The Economist, « persuader la population d'accepter le concept de douleur nécessaire [des réformes économiques] sera difficile ».
Toujours est-il que pour mettre en place ces ajustements que l'Argentine attend depuis près d'un demi-siècle, encore faudrait-il que des politiciens désirant vraiment réformer soient au pouvoir. A l'heure actuelle, au vu de la collection de candidats potentiels à la prochaine élection présidentielle, peu d'éléments laissent croire à une telle situation. « Il n'y a rien de plus élastique que l'économie », disait Perón, « elle est quelque chose que tout le monde craint puisque personne ne la comprend » : peu a changé depuis au regard des dernières tentatives des Kirchner de résoudre le déficit commercial, le danger principal pour l'économie du pays.
 

Un strict contrôle des changes, la filiale de Porsche contrainte d'exporter du vin...

Alors que le taux de change non officiel du « Dolar Blue » a atteint des niveaux historiques depuis le début de la contraction économique actuelle, les Argentins sont à nouveau astreints à de stricts contrôles de changes. La taxation massive des retraits en espèce à l'étranger (jusqu'à 30%), les restrictions drastiques sur certains imports voire même l'obligation pour les importateurs d'exporter une valeur équivalente (la branche locale de Hyundai s'étant donc vu obligée de se lancer dans l'export de haricots, Porsche dans le vin) contribuent tous à transformer l'Argentine en un pays où le cadre juridique de l'activité économique aurait probablement halluciné Kafka. En attendant, les Argentins votent avec leurs pieds, Montevideo - à une quarantaine de minutes d'avion de Buenos Aires - n'ayant jamais enregistré autant d'immatriculations d'entreprises que ces dernières années. 


L'électorat déprimé par l'absence de perspectives économiques

Le péronisme gouvernemental se trouve confronté à une crise profonde entre l'impossibilité d'établir un commerce extérieur équilibré (le pilier de son idéologie) et un électorat déprimé par l'absence de perspectives économiques. Comme le répétait également Perón, « la guerre est la mère de toute chose », et puisque les Malouines ne peuvent plus être envahies pour divertir la population, la confrontation permanente est devenue l'arme de choix des politiciens.

Un revolver sur la table pendant les négociations...

Guillermo Moreno, dit le « cowboy », un proche des Kirchner et secrétaire au commerce intérieur de 2005 à 2013, avait pour manie pendant les négociations importantes de poser en évidence un revolver sur la table, façon comme une autre de retrouver symboliquement la puissance perdue d'un gouvernement sans aucune marge de manœuvre politique.
Les 10 morts, pendant la grève nationale des policiers en décembre dernier (apparemment pour cause de la fermeture de plusieurs maisons closes, réduisant leurs pots-de-vin), témoignent également chacun de la descente dans l'absurdité d'un pays où le gouvernement a tenté jusqu'au bout de récupérer politiquement le mécontentement populaire contre les élites alors que certaines villes en venaient à imposer le couvre-feu face à l'ampleur des pillages.
Des milliers de magasins ont été dévastés pendant que la présidente se refusait à tout commentaire et laissant les politiciens locaux se déchirer entre eux pour déterminer les responsabilités dans cette vague de violence.


Le calcul de l'inflation enfin révisé

L'administration a toutefois fait un pas en avant considérable le mois dernier en révisant sa mesure de l'inflation (tellement imprécise qu'elle lui avait valu en 2013 la première censure de l'histoire du FMI), et en dévaluant douloureusement le peso de 20%. Toujours est-il que les changeurs de monnaie à la sauvette hantant le centre-ville de Buenos Aires autour de la rue Florida annoncent des taux très favorables aux porteurs de réals brésiliens, les rivaux nordiques séculaires qui se parent désormais des ambitions régionales que l'Argentine a douloureusement dû abandonner, avec ses ambitions de sophistication « à l'européenne ». D'ici à ce que l'Argentine retrouve son âge d'or, elle aura à évacuer les héritages décatis de ses populismes.

Quentin Gollier

Consultant en stratégie

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Commentaires 14
à écrit le 15/03/2014 à 8:23
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Et le populisme argentin fait une autre victime: le Saint-Siège. Considérez le pape régnant comme un populiste péroniste et il devient compréhensible. Lui qui n'est jamais sorti d'Argentine, il ne connait d'action publique que celle-ci.

à écrit le 14/03/2014 à 15:57
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@Hugo: Vos arguments sont à la hauteur de votre orthographe: Nullissimes !!! Cordialement.

le 14/03/2014 à 18:04
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et c'est quoi les votre argument ?

le 14/03/2014 à 21:20
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Cher Hugo, il y a encore trois fautes dans ce deuxième post. En six mots. Les records sont faits pour être battus. Félicitations.

le 15/03/2014 à 11:48
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POUR GRUICK JE PENSE QU'HUGO EST ETRANGER, DONC MERCI D'ETRE TOLERANT AVEC SON ORTHOGRAPHE

à écrit le 14/03/2014 à 14:57
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Le populisme c est pas bien.

à écrit le 14/03/2014 à 11:14
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dans quelques années avec les politiciens, gouvernants et fonctionnaires que nous avons. A suivre ...

à écrit le 14/03/2014 à 9:54
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Faut-il rappeler qu'il y a un siècle, l'Argentine était, par habitant, le pays LE PLUS RICHE de la planète ! Qu'il a évité les destructions monstrueuses de 2 guerres mondiales, récupéré à cet occasion des milliers de riches expatriés ! Et que malgré ...

à écrit le 14/03/2014 à 9:37
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Bien vu. Rajoutez y le cynisme du péronisme et vous y trouverez les raisons de la ruine de ce beau pays: d'ultra libéral sous Menem à national-populiste sous Kirchner, ce parti lie par de sombres alliances sans cesse renouvelées une partie du patrona...

à écrit le 14/03/2014 à 9:25
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tout ca c'est surtout la faute a les Etats Unis qui complote et attaque avec la cia pour destabilisé des gouvernements populaire qui lutte contre les oligarques. on le voit déja au venezuela ou les fachistes essaie de baisser un gouvernement choisi ...

le 14/03/2014 à 9:48
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Hugo, vous dites n'importe quoi !

le 14/03/2014 à 15:28
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j'espresse le sentimen des peuples oprimés mais vous voulez me faire tair comme toujour ! aujourd ui lepouvoir il est a nous et on va pas vous le rendre. la situacion elle est peut etre pas encore parfaite mais la revolucion est en marche et demain ...

le 14/03/2014 à 16:55
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@Hugo Bravo mon petit gars bien répondu

le 17/03/2014 à 22:53
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commentaires ridicUles et faux: l'ARGENTINE est et sera pour toujours l'ARGENTINE, avec Peron, avec un beau et magnifique pays, avec Gardel, ave Fangio, avec Vilas, avex Evitan avec Christine, avec Borges et même avec Mafalda......Vive l'Argentine

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