Pour l'investissement socialement responsable, la gestion de données est aussi primordiale

Avec les règles de gestion très strictes et complexes imposées par la gestion Investissement socialement responsable (ISR), les sociétés de gestion ont tout intérêt à vérifier les capacités de leur système d'information à produire les reporting, simulations et indicateurs requis avant de se lancer. Par Tanguy de Grandpré, senior Financial Consultant, SimCorp France

Même si Novethic a publié pour 2013 des chiffres montrant un ralentissement de la croissance des sommes investies dans les fonds ISR (+14% en 2013 par rapport 2012 contre +29% en 2012 par rapport à 2011 et + 69% en 2011 comparé à 2010), ce type de gestion reste prisé par un grand nombre de gérants et de sociétés de gestion. Nous en voulons pour preuve les annonces récentes d'acteurs comme Fédéris Gestion d'Actifs, BFT Gestion ou encore Neuflize OBC Investissements qui continuent de miser et de communiquer sur des offres de placements ISR.

Le choix de l'ISR a des incidences directes

Faire le choix de l'ISR a cependant des incidences directes au quotidien pour les gestionnaires d'actifs, a fortiori lorsque les sociétés sont adhérentes à l'AFG ou au FIR : les autorités de régulation attendent d'elles plus de transparence sur leur gestion, leur demandent plus de reporting, et imposent de prendre en compte plus de règles de gestion dont les nouvelles règles d'analyse ESG qui sont propres à chaque société. Le Code de Transparence adopté en février 2013 par l'AFG, le FIR et Eurosif liste pas moins de 20 questions techniques auxquelles les sociétés de gestion doivent répondre de façon détaillée.

 Disposer de données fiables

Comment s'y prendre sans alourdir démesurément les tâches quotidiennes des gérants de portefeuille qui ont en permanence en tête à la fois la recherche de performance et le souci de maîtriser les risques opérationnels ? Tout d'abord en considérant que la clé pour répondre à ces nouvelles obligations est de disposer de données fiables, à jour et facilement accessibles. En vérifiant ensuite que les équipes utilisent des logiciels Front Office avec des fonctionnalités avancées de reporting et capables d'intégrer la complexité et la particularité des critères ESG créés et utilisés par la société de gestion. Enfin, en s'assurant que la plate-forme technologique garantisse la traçabilité des données tout en industrialisant les processus de gestion et la production des indicateurs demandés.

 Les données, clé de voûte des systèmes de gestion d'actifs

Car force est de constater que, dans le cadre de l'ISR, les données sont encore plus la clé de voûte des systèmes de gestion d'actifs : elle sont utilisées pour produire les pistes d'audits et reportings de "compliance" par émetteur et par portefeuille (indicateurs globaux et indicateurs correspondant à chaque critère ESG), mais aussi pour mesurer la performance des investissements, simuler l'impact sur la rentabilité des décisions d'investissement prises, décider éventuellement de désinvestir de certains instruments ou valeurs, ou encore pour vérifier le respect des contraintes pré- et post-trade lors des passages d'ordres.

 Interfacer avec d'autres bases

De ce fait, gérer des actifs respectant des critères ISR nécessite de veiller à quelques prérequis techniques au niveau du système d'information. En premier lieu, les bases de données doivent supporter tout type de données, mais aussi de gros volumes de données et comporter suffisamment de champs pour intégrer les critères ESG créés par chaque société de gestion. Ces bases de données doivent également permettre de sauvegarder, outre des données, des indices et ratings ISR tout en conservant l'historique et la traçabilité des opérations. Enfin, il est important de les interfacer avec d'autres bases dont celles des agences de notation sociale et environnementale comme EIRIS, Vigeo, Arcet Cotation, EthiFinance, Gavet&Bacqué ou diversum SAS, pour veiller à la pertinence et à la pérennité des choix d'investissement.

 Pas dans la vogue du big data, mais...

Concernant le système de gestion lui-même, les sociétés gagneront à avoir des plateformes embarquant des workflows déjà prêts pour l'ISR qui automatisent l'application des règles et industrialisent l'exécution des processus métier propres à ce type d'investissement ; il est important aussi qu'elles soient souples et évolutives pour accompagner les choix de gestion et tenir compte des éventuelles modifications de portefeuille en fonction de la notation ISR des fonds et instruments.

 Finalement l'ISR comme beaucoup d'autres sujets métier trouve dans les infrastructures et solutions logicielles des facteurs de performance tout en répondant aux obligations de transparence post SOX. Sans s'inscrire de (dans ?) la vogue actuelle du big data, l'ISR soulève néanmoins la question de la gestion des données à laquelle répondre s'impose comme un préalable au service de l'efficacité opérationnelle et de la maîtrise des risques.

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