Objets connectés : le secret d'une vie meilleure ?

C'est un véritable torrent de données individuelles qui va déferler sur les consommateurs, via les objets connectés. Comment vont-ils l'utiliser? Par Christine Milan, Co-directrice de la stratégie et de l’Innovation, Nurun

 Ce n'est plus de la science-fiction : le nombre d'utilisateurs d'objets connectés augmente rapidement. De quoi s'agit-il exactement ? Des appareils qui recueillent des informations, pour suivre et améliorer nos performances quotidiennes. Ce mouvement du "quantified-self" repose sur l'idée que nous pouvons améliorer la qualité de notre vie quotidienne par le suivi des données que nous produisons. Les objets comme le Fitbit Tracker, le bracelet UP ou le FuelBand de Nike font déjà souvent partie de nos habitudes, en nous aidant par exemple à faire du sport, rester en bonne santé ou mieux dormir.

Aujourd'hui, la plupart des utilisateurs s'appuient sur différents périphériques ou applications mobiles, qui chacun mesurent sur des tableaux de bord séparés une série spécifique de données. Or cette disparité des outils de mesure empêche de repérer les corrélations qui précisément pourraient s'avérer riches en enseignements. La mesure du nombre d'heures de sommeil devient beaucoup plus pertinente si elle peut être mise en relation avec le régime alimentaire et les variations de poids.

Vers de véritables bases de données individuelles

C'est lorsque tous ces objets commenceront à ne plus seulement mesurer une activité unique mais seront capables de communiquer entre eux pour contextualiser l'information délivrée que nous pourrons parler de véritables bases de données individuelles intelligentes. Les créateurs de l'application RunKeeper ont par exemple conçu leur dispositif pour qu'il puisse se nourrir d'informations extérieures provenant notamment du Social Graph de Facebook. Avec la sortie d'une API (application ouverte) dédiée à la santé, capable de puiser dans des grandes sources de données, RunKeeper a ainsi fait émerger le concept de réseaux de données interconnectés, qui permettent d'apporter des informations précieuses et inédites à l'utilisateur.

Rendre visible l'invisible

Si la plupart des objets connectés que nous connaissons aujourd'hui sont clairement, du point de vue du design et de l'interface, les héritiers de nos smartphones et ordinateurs, nous pouvons nous attendre à voir émerger dans un futur proche des objets beaucoup plus discrets. À terme, tous les objets familiers de notre quotidien pourraient être connectés et servir à l'analyse de notre environnement : la brosse à dent, le rasoir, la machine à café ... Et grâce à la quantité de données générée, rendre visible l'invisible, en donnant des informations et des alertes sur un comportement, une tendance. Le suivi médical pourrait ainsi connaître une véritable révolution avec la généralisation de capteurs invisibles, que les patients pourront faire fonctionner eux-mêmes. Du miroir capable de mesurer le rythme cardiaque à la capsule personnelle qui établit un diagnostique et le transmet à distance au médecin, les possibilités offertes sont presque infinies.

Les médecins concentrés sur la prévention et l'assistance

L'application du "quantified self" à l'industrie médicale permettra aux médecins de se concentrer davantage sur la prévention et l'assistance plutôt que strictement sur le traitement. L'iBGStar par exemple est un lecteur de glycémie qui se connecte à un smartphone et permet aux diabétiques d'accéder aux informations utiles en temps réel et de les partager avec leur médecin pour les aider à gérer leur maladie. Nurun a d'ailleurs collaboré avec Sanofi Canada pour élaborer le service qui donne aux diabétiques la possibilité de suivre leurs propres progrès et de reprendre le contrôle sur une situation auparavant compliquée à gérer au quotidien.

Créer un écosystème ouvert mais sécurisé

La limite de ces objets aujourd'hui: l'absence de standardisation des modes d'opération, qui rend difficile voire impossible leur inter-opérabilité. Cela dit, nous pouvons déjà voir les signes d'un abandon progressif des systèmes propriétaires fermés de la première génération d'objets connectés. On se dirige désormais vers un écosystème ouvert qui encouragerait les tiers à développer des applications intégrées, et faciliterait ainsi l'interopérabilité des différents objets.

De l'industrie du fitness au monde médical, le nombre d'objets connectés ne va cesser de croître et de générer d'énormes quantités de données qui devront être gérées, analysées et protégées. Une entreprise comme Telus s'est déjà positionnée dans ce domaine avec son service d'espace santé optimisé par Microsoft HealthVault. Le service fournit une série d'applications et de périphériques connectés qui peuvent aider les utilisateurs à recueillir, stocker, gérer et partager leurs informations de santé avec des personnes de confiance.

Il est certainement trop tôt pour prédire comment les utilisateurs vont réellement se servir de ce torrent de renseignements personnels. A mesure que les outils se fondent dans notre environnement et que les données deviennent de plus en plus précises, on peut s'attendre à ce qu'elles modifient parfois en profondeur nos comportements. Les objets connectés nous aideront peut-être à vivre plus intelligemment, plus sainement, en nous donnant plus de contrôle sur nous-mêmes, notre santé et notre mode de vie - à condition de coopérer entre eux.

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