La baisse de l'euro, une opportunité pour les PME ?

La baisse de l'euro est une bonne nouvelle pour les grands groupes. Mais aussi pour les PME? Elles pourraient saisir cette occasion pour se tourner vers les marchés extérieurs. Par Bernard Cohen-Hadad, Président du think tank Etienne Marcel

N'en déplaise aux anti-européens, depuis plusieurs semaines la Banque Centrale Européenne (BCE) intervient méthodiquement pour accompagner les Etats et étayer l'amorce de la reprise économique en Europe. La baisse des taux directeurs a été bien perçue par les marchés, les investisseurs et les grandes entreprises même si, en France, la confiance n'est pas encore au rendez-vous. Si elle se confirme, sur le long terme, la baisse du taux de change de l'euro, que nous avions appelée de nos vœux, est une bonne nouvelle économique car elle peut aider à financer certaines réformes indispensables et encourager un inversement de tendance.

Une stabilisation du dollar entre 1,15 et 1,20 euro

En effet, depuis un mois, la monnaie européenne prend le chemin de la baisse. Elle entame une période de rééquilibrage dont on espère que le taux se stabilisera entre 1, 15 et 1, 20 dollar pour un euro. A une ou deux exceptions près, les économies européennes sont en voie de stabilisation et les taux d'intérêts sont bas. Les engagements politiques du G20 des finances et les mécanismes mis en place par la BCE font que la crainte est écartée d'une politique monétaire en dents de scie c'est-à-dire avec, sur une courte période, des taux historiquement hauts comme en juillet 2008 (1, 60 dollar) ou historiquement bas comme en octobre 2000 (0, 82 dollar).

10 centimes de moins pour l'euro, 1 milliard d'euros de gains pour EADS

Pour les grandes entreprises, notamment dans l'industrie, la baisse n'est pas négligeable même si les grands groupes internationaux se protègent des mécanismes de fluctuations des taux de changes à travers des couvertures de change qui les garantissent sur plusieurs années. Néanmoins, une baisse de 10 centimes de l'euro équivaut à 1 milliard de gains pour EADS.
Pour les PME, l'échelle n'est pas la même ni les problématiques. Cependant la baisse de la monnaie unique, dans la durée, va rendre sur le papier les exportations plus compétitives. Sur le marché mondial, les entreprises patrimoniales qui exportent vont pouvoir devenir rentables, plus agressives et se développer sur de nouveaux territoires. Être plus concurrentielles face aux produits des pays émergents qui sont arrimés au dollar, et, bien entendu, face aux produits nord-américains. Cet avantage va être manifeste pour les PME qui, déjà actives à l'export vers les pays tiers (hors zone euro), achètent leurs fournitures en euro et vendent leurs marchandises en dollar.

Pour les PME qui exportent au sein de la zone euro, un avantage indirect

Mais pour celles qui échangent uniquement à l'intérieur de l'espace communautaire l'effet ne sera pas le même. Il ne pourra être qu'indirect notamment par la relance de l'activité globale. Ces entreprises resteront toujours en concurrence avec les produits des entreprises allemandes ou des PME italiennes qui sont soit de gamme supérieure soit présentent une palette plus diversifiée avec des taux de rentabilité supérieurs.
La stabilisation à la baisse de l'euro dans les prochains mois est donc une opportunité pour les PME françaises.

L'occasion d'aller au-delà de l'Europe?

L'occasion de se tourner vers l'international au-delà de l'Europe. En ce domaine les TPE et les PME françaises sont trop absentes. Le constat n'est pas nouveau et les chiffres du commerce extérieur sont peu flatteurs. Après de mauvais résultats en 2013, ils sont à nouveau en recul au premier semestre 2014 (-1,4% après -2,6%). La présence des PME françaises à l'export cherche sa martingale.

Les PME ont du mal à assumer seuls les risques politiques pays, les risques financiers d'un échec à l'export ou à transformer durablement un succès. Après une première réussite, trop peu réussissent à sortir durablement du complexe franco-français où ont les cantonne. Pourtant, aujourd'hui - si cette embellie sur l'euro se maintient - des projets peuvent naître et s'engager durablement en limitant les risques. En effet, tous les dispositifs d'informations, de soutiens financiers et d'accompagnement publics ont fait leur mutation. Ils sont réceptifs aux projets innovants, issus des régions, mêmes les plus modestes. Cette priorité est clairement assumée par le Quai d'Orsay, preuve s'il en est que notre monde bouge. Les banques universelles sont prêtes aussi à jouer le jeu. La baisse de l'euro qui va durer, même si elle contrarie les mauvais esprits, est l'occasion de trouver du souffle. Pourquoi ne pas en profiter ?


Bernard COHEN-HADAD
Président du think tank Etienne Marcel

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Commentaires 9
à écrit le 08/10/2014 à 6:14
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Bonne nouvelle qui peut nous éviter d'avoir encore Sarkozy ou Marine le Pen en 2017.

le 08/10/2014 à 6:22
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Oui je pense pareil lol !

le 07/01/2015 à 9:26
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Totalement en désaccord avec vous malautrus. Le FN c'est la vie! :*

à écrit le 07/10/2014 à 19:12
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Pour les PME PMI TPI TPE elles devraient se rapprocher des grands groupes exportateurs de leurs secteurs d'activités pour s'exporter, plus !

le 07/10/2014 à 23:38
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Etre considéré par "un grand groupe", quand on est une PME/PMI (je parle même pas des TPE/I, ca existe uniquement avec un relationnel un peu particulier), si ca arrive, ca prend souvent des années et ca n'est pas du tout la garantie qu'il y aura du b...

le 08/10/2014 à 6:21
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@ On n'y avait jamais pensé : vous n'avez pas totalement tort mais tappez "Pacte PME Partenariats gagnants" = Exemples de relations réussies entre PME et grands comptes. Vous verrez que de très nombreuses entreprises ont développé des partenariats ga...

le 08/10/2014 à 6:24
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@ On n'y avait jamais pensé ; vous n'avez pas totalement tort mais Tappez "Pacte PME Partenariats gagnants" et vous trouverez de nombreux exemples de relations réussies entre PME et grands comptes.

à écrit le 07/10/2014 à 13:41
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Baisse de l euro et une taxe additionnelle douaniére pour les produits de consommation courantes , fabriqués hors UE .

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