Pour un Grand Paris de l'eau

Alors que la consommation d'eau baisse à Paris, il faut mettre fin à la concurrence désastreuse entre Eau de Paris et la société des eaux d'Ile de France, pour bâtir une coopération entre ces deux acteurs. par Eric Azière, Président du groupe UDI-MoDem du Conseil de Paris et Administrateur d’Eau de Paris

Le rapport publié par la Chambre Régionale des Comptes sur Eau de Paris vient d'être examiné au Conseil de Paris du 18 novembre. Outre les difficultés techniques du passage en régie et l'absence de séparation budgétaire et comptable entre les réseaux d'eau non potable et les réseaux d'eau potable que soulève le rapport, c'est la viabilité du modèle économique lui-même qu'il convient d'interroger.
Au-delà d'un bilan de « la remunicipalisation », il apparait indispensable de saisir cette opportunité pour voir plus loin que le périmètre parisien dans lequel il n'est plus possible d'enfermer les grandes problématiques urbaines, que ce soient l'eau, l'air, le logement, les déchets...

Quel est le constat de la Chambre Régionale des Comptes ?

Moins de consommation à Paris

Il souligne la diminution des recettes d' « Eau de Paris », liée à la baisse régulière de la consommation d'eau des parisiens (-3% par an), dont il faut sans doute voir pour causes majeures, la désindustrialisation de Paris, la modification des modes de vie des parisiens, et la responsabilisation croissante de nos concitoyens.

A l'image de la gestion municipale depuis plusieurs années, à cette baisse des recettes, correspond une augmentation des dépenses des charges de personnel et une masse salariale qui progresse chaque année d'environ 3%.
Il en résulte une baisse significative du résultat d'exploitation d' « Eau de Paris » et par voie de conséquence, compte tenu des programmes d'investissements, qui étaient autrefois à la charge des concessionnaires, et faute de toute capacité d'autofinancement, un recours à l'emprunt est devenu inéluctable !
En effet, il faut entretenir, moderniser, renouveler, réseaux et branchements, d'une installation surdimensionnée (c'est un constat, pas une critique), et au bout du compte, assumer la charge des couts fixes ou en hausse.

 Les tarifs en hausse

Conséquence de ce constat : une augmentation, une de plus, celle des tarifs de vente d'eau aux parisiennes et parisiens !
Cette fois l'état de grâce de la remunicipalisation est terminé !

Il ne s'agît pas de revenir en arrière, une idéologie en chassant une autre, privatiser, municipaliser, et inversement. Il me paraît plus opportun de saisir cette occasion d'évaluation de notre gestion de l'eau à Paris, pour changer enfin d'horizon. Sortir des considérations idéologiques pour parvenir à une solution objective, structurelle et durable.

Un enjeu à l'échelle métropolitaine

Pour le groupe UDI-MoDem, tout l'enjeu se joue à l'échelle métropolitaine.
La surcapacité de production en Ile-de-France, liée à une redondance des sources d'approvisionnement entre Paris et la Région, s'avère un réel handicap dans le contexte de diminution régulière de la consommation d'eau. La seule solution structurelle pour faire baisser les tarifs réside donc dans la mutualisation des moyens de production au niveau métropolitain. Pourquoi ne pas repenser la carte de la production de l'eau en Ile-de-France ? Quel projet plus concret pour la région capitale que de créer une solidarité métropolitaine sur l'eau tout en permettant la baisse des tarifs ?

Un projet concret pour le Grand Paris: une communauté de l'eau

Tous les jours, dans la construction de ce grand ensemble institutionnel que doit devenir le Grand Paris, on se perd incessamment dans des schémas géographiques, on tergiverse, on discute, on palabre, on préfigure, on ergote, on s'éparpille...Pourtant, à l'image de la Communauté économique européenne à sa naissance, le Grand Paris doit chercher à s'incarner dans un projet concret. Par exemple, celui de bâtir une grande communauté de l'eau, qui rejoindrait dans sa dimension écologique et dans sa dimension économique, l'ambition de protéger, produire, distribuer, traiter, l'eau au bénéfice de tous les habitants de notre future métropole.
Construire une vision pour la métropolisation des enjeux de l'eau, cela veut dire aussi prendre à bras-le-corps le sujet du financement, non plus du seul petit cycle de l'eau, c'est-à-dire, de la chaîne production-consommation-traitement, mais aussi aborder celui du grand cycle de l'eau, celui de la protection de nos milieux naturels en zones urbanisées, de nos eaux de surface comme de nos eaux souterraines. Cela signifie que le Grand Paris de l'eau imaginé au fil du fleuve et de ses affluents soit aussi l'occasion d'une nouvelle culture de l'eau, équilibrée, juste et raisonnée.

Une concurrence absurde et rétrograde

L'enjeu est immense. Aujourd'hui, la Société des eaux d'Ile-de-France, S.E.D.I.F., distribue chaque jour 800.000 mètres cubes dans 144 communes franciliennes. "Eau de Paris", quant à elle, distribue chaque jour 600.000 mètres cubes dans la Capitale. Actuellement, ces deux acteurs cherchent plutôt à étendre leur territoire, à vendre de l'eau brute ou traitée à de nouvelles communes, tout ceci est absurde. Cette concurrence entre les deux acteurs majeurs est rétrograde.
Il serait plus logique de regrouper à terme ces deux principaux opérateurs publics de l'eau de l'agglomération de Paris. André SANTINI, le président de la S.E.D.I.F., préconise régulièrement une mutualisation industriellement intelligente et respectueuse des choix de gestion des collectivités impliquées, qui aurait pour effet à terme de réduire le prix de l'eau et d'optimiser les équipements existants. C'est la meilleure façon d'éviter les hausses répétées des tarifs de l'eau pour les Parisiens.
Tous nous y appellent : la Cour des comptes dans un rapport en 2003, le Conseil de la concurrence dans un avis en 2005 ; en 2008, la revue "Que choisir", dans un rapport publié ; autant de recommandations qui ne sont pas entendues.


Dans l'intérêt des Parisiens et des franciliens, nous devons œuvrer à un rapprochement S.E.D.I.F. - "Eau de Paris". Dès à présent, il faut commencer à travailler sur la mutualisation des outils de connaissance, de surveillance de la ressource, la gestion informatisée.
A l'horizon 2030, la population de notre métropole va augmenter d'un million d'habitants. La seule façon de garantir aux Parisiens une eau durable à un prix raisonné, c'est de provoquer une véritable solidarité métropolitaine de tous les acteurs de l'eau.
Voilà un projet et une ambition à dimension écologique, à dimension économique, enfin, à la dimension du Grand Paris.

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Commentaires 8
à écrit le 04/12/2014 à 17:11
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Prix de l'eau à Paris 3,11 € le m3 en régie publique Prix de l'eau aux Lilas 3,99 € le m3 avec le SEDIF et VEOLIA. ss commentaires

à écrit le 04/12/2014 à 17:09
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pourquoi vous sucrez mon commentaire ?

à écrit le 04/12/2014 à 17:08
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Foutaises !!! Prix de l'eau à Paris : 3,11 le m3 Prix de l'eau dans le 93 : 3.99 le m3 A oui les pauvres parisiens souffrent gravement des augmentations !!! Régie publique dans le grand paris, bordel !

à écrit le 04/12/2014 à 11:19
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la récupération d eau de pluie est possible mais ces sangsues préfere nous pomper l argent que de faire cela, des prix différent des compagnies a plus savoir que faire une véritable escroquerie que nous payons pour le traitement de l eau de l entret...

à écrit le 04/12/2014 à 10:52
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Surtout pas de concurrence ! Dormons tranquillement sur nos deux oreilles, négligeons la réparation fastidieuse des multiples fuites qui se multiplient de jour en jour, et après moi le déluge...

à écrit le 04/12/2014 à 10:14
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BON ARTICLE? IL EST VRAIS QUE L EAU MEME S IL PLEUT BEAUCOUP CETTE ANNEE? VA DEVENIR UN ENJEUX INPORTANT DANS L AVENIR AUX MEME TITRE QUE LE PETROLE? SANS PETROLE ON PEUT S ADAPTEZ ? SANS EAU ON MEURT????

le 04/12/2014 à 10:54
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Vous enfoncez des portes ouvertes à coup de ???

à écrit le 04/12/2014 à 9:17
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Le pb ce sont les elus qui ici veulent proteger leur pre carre, la conserver tel avantage, encore garder telle influence en vue des senatoriales ou autres... Rien de plus

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