Il y a des moyens de relancer l'investissement !

Le sénat vient de voter le principe d'un amortissement exceptionnel. De quoi répondre au déficit d'investissement... si le gouvernement était d'accord. par  Jean-Camille Uring, président du Syndicat des machines et technologies de production

En 2015, pour la seconde année consécutive, la croissance en France va être inférieure à celle de la zone euro. Les derniers chiffres de L'Insee confirment la chute brutale de l'investissement (à nouveau -0,2% en octobre). La production industrielle continue de reculer et l'emploi s'effondre...

De nombreuses entreprises peinent à conquérir de nouveaux marchés et à rendre pérenne leur activité industrielle. Devant ce constat il est urgent d'amplifier les efforts engagés en faveur du redressement industriel de notre pays.

 Jouer la compétitivité hors coûts

Il faut souligner la détermination des sénateurs qui, largement rassemblés, viennent d'inscrire dans les lois de finances - et pour la seconde fois en moins de 15 jours - la création d'un dispositif ciblé d'aide à l'investissement des PMI. Si le coût du travail reste une question centrale, sa diminution n'est pas la seule réponse à apporter. La réindustrialisation de notre économie passera par un renforcement de la compétitivité "hors-coût" grâce notamment à un soutien à l'investissement productif pour permettre le renouvellement et la modernisation de l'outil de production de nos PMI.

 Le Sénat bouscule les clivages politiques.

Droite, gauche, centristes unis pour une cause commune ? Impensable me direz-vous ? Eh bien si, les élus de la Haute Assemblée viennent de nous prouver le contraire. En votant à deux reprises la création d'un amortissement exceptionnel sur 24 mois pour aider les entreprises à moderniser leur outil de production, les sénateurs ont fait de l'investissement productif une des priorités des lois de finances pour 2015.

 L'obsolescence accrue de l'appareil productif

Rejeté une première fois par l'Assemblée nationale dans le cadre du PLF, le Sénat insiste et vient de réintroduire, sur proposition du groupe socialiste, l'amortissement exceptionnel dans le Projet de loi de finances rectificative (PLFR). « Mesure intéressante » déclare le Secrétaire d'État au Budget. Cependant, seul le coût à court terme est jugé ... « Pas de bras, pas de chocolat ! » conclut le gouvernement.

 Un amortissement exceptionnel... mais pour quoi faire ?  Le retard de la France en matière de compétitivité « hors coût », souligné par le rapport Gallois, s'exprime sous deux angles : d'une part, le déficit d'équipement de notre tissu d'entreprises (notamment les PME) en technologies de production, d'autre part l'obsolescence accrue de l'appareil productif existant puisque l'âge moyen du parc machines français est aujourd'hui de 19 ans.

Cette obsolescence a considérablement réduit notre capacité à produire des biens à forte valeur ajoutée, contrairement à nos voisins européens qui ont modernisé leur parc de machines, augmentant ainsi leur capacité à fabriquer des produits plus complexes.

Des mesures fortes ont été engagées par le gouvernement. Le Plan Usine du Futur en est l'exemple... C'est une démarche qu'il faut soutenir aux cotés des régions, avec la conviction qu'il faut favoriser une politique innovante de la production étendue à l'ensemble des technologies pour renforcer la compétitivité des PMI françaises.

 « Pas de bras, pas de chocolat » ... et pas d'emplois ?

Monsieur le Secrétaire d'État au Budget, vous trouvez l'idée « intéressante » ? Vous avez raison. Pour établir un cercle vertueux en faveur du redressement de notre industrie et préserver l'emploi dans nos PMI, deux enjeux d'avenir sont concernés par la compétitivité du « made in France ».

Tout d'abord, gagner en productivité pour produire « plus vite et mieux ». Flexibilité et agilité, installation d'outils avancés de simulation et de conception, optimisation de la chaîne de production, amélioration de la qualité produit...  sont les nombreux défis que doivent relever nos entreprises afin de rester compétitives. Pour une entreprise, un outil de production moderne, c'est un levier de croissance et un vecteur de développement économique. Devant les exigences des grands donneurs d'ordres et face à la concurrence imposée par les pays émergents, il y a urgence à ce que nos PMI soient équipées des moyens de production les plus modernes et compétitifs.

 Innover pour continuer de produire tout en maîtrisant les coûts de production.

 La recherche de moyens industriels innovants permet de gagner en flexibilité et de répondre aux évolutions des marchés. La maîtrise des coûts de production est tout aussi importante pour maintenir les emplois dans nos territoires. En ce sens, l'innovation productive est un facteur majeur de différenciation pour les entreprises susceptibles de renforcer leur compétitivité et de dynamiser leur croissance.

C'est d'autant plus important que dans de nombreux exemples moderniser son outil de production revient à l'obtention d'un « passeport » pour gagner de nouveaux marchés à l'export, gages de nouveaux emplois.

 Jean-Camille Uring

Président du Symop

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Commentaires 3
à écrit le 15/12/2014 à 22:44
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des BRICS est toujours expliquée de la manière suivante: 1) coût du travail réduit 2) matières premières Les amortissements dérogatoires sur les investissements productifs font partie de la stratégie de croissance de ces pays. Ces règles transf...

à écrit le 15/12/2014 à 15:46
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la chute ' brutale' de l'investissement, on l'annonce depuis que ayrault a vote 'ses mesures justes', qui commencet a peine a porter leurs fruits pourris! le redressement, ca sera bcp plus long, pour des raisons que les experts en haute commission n...

à écrit le 15/12/2014 à 14:52
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très bien dit !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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