Des solutions pour une connexion universelle

La connexion universelle des êtres humains via l'autoroute numérique nous offrira les meilleures chances de relever les défis mondiaux. Mais pour ce faire, il faut mettre fin à l'occupation de "tuyaux" du numérique par la vidéo, qui occupe une trop grande place dans les échanges de données. Des solutions existent. Par Karim Michel Sabbagh, Président-Directeur Général de SES
Karim Michel Sabbagh, Président-Directeur Général de SES

Le plus important défi de notre époque est de relier entre eux les êtres humains de la planète.
Pourquoi ? Parce que la connexion universelle via l'autoroute numérique nous offrira les meilleures chances de relever les défis mondiaux, et ce, le plus vite possible : protéger l'environnement, économiser l'énergie, réduire la pauvreté et garantir l'accès à la justice sociale, à l'éducation et à la liberté politique pour tous et partout.

Trois forces évoluant dans la même direction


L'autoroute numérique émergente met en présence trois forces qui évoluent désormais dans la même direction. Cela commence par le moteur de la consommation, en particulier dynamisé par la nouvelle génération « connectée » qui réclame de pouvoir être en ligne et divertie - à tout moment et partout. Le progrès technologique, vient ensuite avec un éventail toujours plus large de dispositifs grand public abordables. Enfin, une troisième force vient de la reconnaissance des énormes avantages du digital pour le développement social et économique.

10% de numérique en plus, 0,75% de PIB supplémentaire

Le numérique a propulsé l'économie mondiale en réalisant un chiffre d'affaires global de 177 milliards d'euros et a créé 6 millions d'emplois dans le monde en 2011. Une progression de l'effort de numérisation d'un pays de 10 % produira une croissance supplémentaire de 0,75 % de son PIB par habitant, avec des rendements encore supérieurs pour les pays moins développés. En tant que stimulateur de l'économie, le numérique est environ 5 fois plus puissant que l'impact moyen du déploiement du haut débit sur le PIB par habitant. Il permettra également une réduction massive d'un point de pourcentage du taux de chômage, là encore environ 5 fois supérieur à l'impact du déploiement du haut débit.

 Pour une connectivité universelle

Cependant, l'autoroute numérique n'a aucun intérêt sans les apports sociaux - économiques qu'elle peut offrir, c'est à dire tant que la connectivité ne sera pas omniprésente, universelle, abordable et fiable, et que les utilisateurs ne disposeront pas des compétences et des connaissances nécessaires pour garantir que l'Homme en soit le premier bénéficiaire. Pour ce faire, nous devons nous arrêter un moment et réfléchir hors des sentiers battus.
À plus de 70 %, l'usage actuel de la connectivité est réservé à la vidéo. Dans deux ans, ce chiffre pourrait dépasser 80 %. Le volume considérable de vidéos nécessaire pour satisfaire cette demande est extraordinaire. Deux zettaoctets (ou deux trillions de gigaoctets) de contenu numérique ont été consommés sur les réseaux terrestres et satellitaires en 2013, et huit zettaoctets ou plus le seront en 2020.

La course à la qualité vidéo pourrait mener à Une faille dévastatrice

Cette course effrénée à la qualité vidéo pourrait toutefois laisser de côté une grande partie de la population mondiale, lui refusant ainsi les avantages auxquels ont droit ceux qui sont connectés. Une faille politique dévastatrice pourrait se mettre en place dans ces sociétés et ces pays, creusant de nouveaux fossés de désillusion, de dépression et de dépossession. Il s'agit d'une supernova des communications, mais, quand elle explosera, ses débris pourraient être dispersés très loin, très largement et hors de tout contrôle efficace pour la plupart.

Faire disparaître la fracture numérique

Nous pouvons éviter cette version moderne de la « tragédie des biens communs », et sans avoir besoin de partir de zéro. Nous pouvons adapter le concept de parenté des premières sociétés et civilisations, en appliquant des principes de base de coopération, de rapprochement et de transformation collective des données et des informations au savoir. Il en va de même pour les infrastructures nécessaires à l'autoroute numérique. Les réseaux terrestres peuvent apporter la connectivité et les satellites peuvent distribuer le contenu, un partenariat hybride qui nous offre ce dont nous avons besoin en assurant une couverture universelle. Cela ne sera possible que si nous nous engageons à améliorer l'expérience numérique de tous les utilisateurs, et non seulement ceux du monde développé. La fracture numérique doit disparaître.

L'internet pour la communication, et non pour la distribution des médias

L'Internet et son réseau terrestre ont été conçus pour la communication, pas pour la distribution de médias. Des réseaux construits essentiellement pour la transmission de textes, de courriers électroniques et de photos de vacances sont désormais condamnés à lutter pour transporter les colosses du multimédia. La capacité des réseaux fixes est insuffisante pour répondre à la demande, même dans un avenir proche, et les augmentations de capacité nécessaires coûteraient des centaines de milliards de dollars en réparation de routes, câbles et construction. Imaginez en plus la congestion des réseaux...
Une solution hybride peut être immédiatement opérationnelle, et soulager le poids du trafic mondial des réseaux terrestres vieillissants et les articulations douloureuses des réseaux d'accès fixes. Nous pouvons créer une combinaison fédératrice d'infrastructures, combinant les atouts uniques de plusieurs technologies en une formule hybride accessible à tous.

Réorganiser le spectre

Cela doit commencer par l'optimisation et la réorganisation du spectre, ressource essentielle comparable à l'énergie, l'eau ou la nourriture, en raison de son rôle primordial dans la fluidification des opérations et de sa capacité. Les satellites peuvent offrir une efficacité inégalée du spectre de diffusion 25 fois supérieure à celle des réseaux mobiles, car ils transportent 50 fois plus de contenu numérique consommé que tous les réseaux mobiles réunis.
Nous pouvons éliminer le gaspillage de bande passante large en partageant la capacité de grosses infrastructures. La plupart des infrastructures à large bande sont fondées sur le même modèle de «taille unique», coûteux et inutile. En Europe occidentale, un modèle hybride terrestre-satellite pourrait permettre d'économiser jusqu'à un tiers de l'investissement nécessaire et distribuer jusqu'à deux fois plus de contenu par Euro investi.
Notre défi est de créer une autoroute numérique universelle évolutive, durable, flexible, transparente et écologique. Nous devons cesser de guetter la prochaine évolution infrastructurelle importante et résoudre un des plus urgents problèmes mondiaux, c'est-à-dire la connexion universelle. Alors seulement, nous pourrons résoudre plus rapidement et plus efficacement les autres défis du monde.

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Commentaires 2
à écrit le 11/02/2015 à 13:55
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@Rutabaga: heureusement vous n'estes pas actionnaire de SES. Laissez ca aux visionnaires eclaires. Il n'y a pas que l'argent qui compte vous savez...

à écrit le 10/02/2015 à 17:54
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Dieu merci, je ne possède aucune action chez SES. Sinon je crois que j'aurai tout vendu en urgence, après avoir lu cet article rédigé par son PDG.

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