Campagne de Brousse : Ça décante doucement. Pourvu qu’on ne déchante pas !

CHRONIQUE. Ingénieur, éditeur, observateur attentif des sociétés, du monde et des gens, Jean Brousse, corrézien, bretteur de mots, a publié "Deux mois ferme", collection de ses chroniques quotidiennes du confinement. En cette année présidentielle, il tient dans La Tribune une revue de la crise politique et sanitaire, intitulée comme il se doit Campagne de... Brousse.
(Crédits : Jean Brousse LT)

Les écologistes en étaient au carrefour de « woke » et « don't woke ». Ils ont élu leur candidat et le spectre du « woke in progress » s'éloigne, pour l'instant. Les Républicains ont enfin, eux, après de longs et douloureux conciliabules, à peu près trouvé la manière de désigner, le 4 décembre prochain, celui auquel chacun pense sans oser l'avouer. On n'est cependant pas à l'abri d'une surprise. Marine Le Pen chute et les sondages n'arrivent pas à faire décoller la championne parisienne du parti socialiste. Mélenchon stagne, malgré de louables efforts.

Il semblerait que les Français, décidément désespérés de la politique, soient toujours à la recherche de nouveau, d'autre chose, d'une tête qu'on n'a pas encore vue, d'un truc qu'on n'a pas essayé. Souvenons-nous de 2016. A cette aune, Yannick Jadot pourrait bien faire l'affaire, mais il est pour l'instant engoncé par sa rivale et balayé par l'irruption incongrue du maître du marketing littéraire, l'incroyable histrion toujours pas candidat, le chroniqueur rebondissant qui vient flatter ce qu'il y a de moins noble, mais sans doute de plus simpliste, chez certains de nos compatriotes. A force de répéter ses antiennes, Il atteint 14 %. C'est heureusement moins que Coluche en son temps, et la croissance des intentions en sa faveur pourrait bien ne pas épouser la courbe des ventes de son dernier opus, sur laquelle il garde les yeux rivés.

L'avalanche de consultations sondagières quotidiennes ne joue pas en faveur de la clarté d'une opinion qui tangue et dont certains aimeraient connaître les fluctuations minute par minute, voire mieux, comme on surveille son diabète. Les politologues accrédités et les commentateurs trop pressés des chaines de télévision en continu n'aident pas non plus à relever le niveau du débat. Ça sent la bulle, ça peut lasser. Mais restons éveillés.

Pendant ce temps, le Président travaille. Le risque sanitaire a l'air de s'éteindre (la preuve : les médias menacent d'une flambée de grippes, rhumes et gastros), et l'activité, telle une économie d'après-guerre, semble repartir. Il n'a plus beaucoup de temps pour finir le boulot annoncé en 2017. Alors, vous pensez bien, il n'y pense pas. Il n'a pas le temps. Il peaufine le plan de relance. Au prix de quelques dépenses, notre autre éminent non-candidat répare la France. Il restaure les écoles de Marseille, invente le chèque énergie avant de bloquer le prix du gaz, double le nombre de policiers, relance le « fonds friche » cœur de ville, prépare un plan pour les travailleurs indépendants, crée à Lyon un centre d'excellence pour la gastronomie, promet aux assises de la santé mentale des consultations gratuites en psychopathologie et défiscalise les pourboires des serveurs de cafés-restaurants, etc.

Entre deux hommages nationaux légitimes, il garde un œil sur l'Allemagne et prépare la présidence française de l'Europe. Il restreint les visas aux pays du Maghreb, entretient Joe Biden, et vend pour se venger au moins trois frégates Bellhara et six avions Rafale à non amis Grecs. Avons-nous bien, cette fois, verrouillé le contrat ? D'où cette question adaptée des annales du certificat d'études 1930 : au prix du sous-marin Barracuda et compte tenu du panier grec, combien faut-il exporter de tonnes de Roquefort, de foies gras et d'hectolitres de bon crus français pour récupérer le manque à gagner australien ? La campagne serait-elle lancée ?



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