Comment intégrer le sport dans le quotidien des jeunes ?

OPINION. Dans l'ombre des Jeux Olympiques qui suscitent une effervescence mondiale, une réalité s'installe : le désintérêt pour la pratique du sport par de nombreux jeunes. Par Philippe Baudillon, président du Racing Club de France (*)
(Crédits : DR)

Alors que le gouvernement français a érigé l'activité physique et sportive en Grande Cause nationale pour l'année 2024 et que des discussions sont en cours pour une meilleure intégration du sport tout au long du parcours scolaire, le constat est un décrochage devenant particulièrement prégnant au moment du collège. Or, plus des 2/3 des jeunes peu ou non pratiquants aimeraient faire davantage de sport (1).

Dès lors, quel levier actionner pour remédier à cette situation ? Quel rôle pour les institutions, les clubs et les fédérations ? À l'heure où 1 jeune sur 2 âgé entre 11 et 15 ans souffre de symptôme d'anxiété (2) et que tout le monde s'accorde sur les multiples bienfaits du sport en matière de santé, cela peut-il suffire à rallumer la flamme sportive dans le quotidien des jeunes ?

Plus que la santé, renforcer la notion de plaisir comme moteur de la pratique sportive

Si les jeunes eux-mêmes placent la santé en tête de leurs motivations sportives (3), ceux qui exercent une activité physique et sportive avec pour seul motif la santé, ont plus de risque d'abandonner. S'amuser et prendre du plaisir est en effet indispensable pour inscrire la pratique sportive dans la durée. Il faut recréer des moments de convivialité et de partage autour de l'activité physique. Dans cet objectif, les clubs et fédérations jouent un rôle clé dans l'organisation d'événements en marge des cours et compétitions, favorisant ainsi des expériences sportives enrichissantes, sociales, d'échanges et de partages.

Cette notion de plaisir vient beaucoup de moment partagés avec d'autres, avec un encadrement sportif de qualité. Dans ce contexte, les clubs de sports, en particulier multisport, disposent en général d'un encadrement de grande qualité. La relation avec un coach motivant est tout aussi clé que celle que peut avoir un élève avec un professeur.

Adapter la pratique sportive aux évolutions de nos modes de vie

C'est un fait, les réseaux sociaux ne favorisent pas la pratique du sport ; entre 11 et 17 ans, 2 jeunes sur 3 passent chaque jour 2h devant les écrans versus moins d'1h à faire du sport. Dans une époque d'immédiateté et de modes de consommation « Netflix », nous sommes confrontés à une génération qui souhaite pouvoir programmer son activité sportive quand elle le veut et où elle le souhaite.  Aussi, nous devons repenser l'accès à la pratique sportive à plusieurs niveaux.

Le sport doit être « easy to do », il doit donc être organisé de telle sorte que cette catégorie de population, habituée à la facilité apportée par le digital, puise facilement accéder à une pratique sportive. Plusieurs paramètres jouent : la bonne information par des moyens de communication correspondant à leurs usages, la proximité des infrastructures et leur disponibilité la plus large possible, un encadrement de qualité.

La facilité d'accès, avec des équipements de proximité et des horaires flexibles, est un des leviers importants. En effet, 22% des 16-25 ans estiment que le manque d'équipements sportifs de proximité les empêche de pratiquer (4). Il nous faut également créer des temps forts hors les murs, au cœur de la ville, en investissant les espaces publics tels que les parcs, places et terrains de sport.

La question du coût accompagne d'autre part ces nouveaux modes de consommation à la carte. Or, le sport ne doit pas être entravé par des considérations économiques ; l'objectif est de garantir une accessibilité équitable à tous. il faut explorer, tester de nouvelles solutions telles que le Pass Sport ou la création d'un guichet unique pour les associations sportives.

Une action collective s'impose pour installer la pratique du sport au cœur du quotidien des jeunes, impliquant non seulement l'école, mais plus largement les institutions, les clubs, les fédérations, les parents, et la société dans son ensemble. L'enjeu est que le sport s'intègre naturellement dans le quotidien des jeunes pour s'inscrire durablement tout au long de la vie. Une activité sportive qui favorise les rencontres entre les jeunes, le bien-être à la fois physique et mental et participe ainsi à la construction d'une société équilibrée et solidaire. Il est crucial de considérer le rôle du sport dans le modèle de société que nous souhaitons.

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(1) Étude CREDOC UCPA
(2) Baromètre de la fondation Notre Avenir à Tous
(3) INJEP
(4) CREDOC

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(*) Philippe Baudillon est le président du Racing Club de France. Il a été Directeur Général de la candidature de Paris aux JO de 2012 et Directeur du Cabinet d'Alain Danet, alors Président du RCF et Président de la candidature de Paris aux JO de 1992. C'est un passionné, auteur en 2002 d'un ouvrage intitulé « Le modèle sportif français » publié dans le cadre de l'Institut Montaigne. Il a par ailleurs eu une carrière de diplomate de 1981 à 1988 et il a été au cabinet du 1er ministre de 1993 à 1995. Il a ensuite poursuivi une carrière dans le secteur privé en tant que PDG de Canal France International, directeur général de France 2, directeur général d'Oenobiol, Président de Clear Channel France

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Commentaires 4
à écrit le 24/05/2024 à 8:32
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Ben oui d'accord avec "non mais", le sport est devenu un support marchand trop grand pour être un vecteur de valeur humaine. L'argent fini toujours pas tout salir, nous sommes en Europe là avec 25000 ans de penseurs majeurs derrière nous qu'il serait...

à écrit le 23/05/2024 à 21:35
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On pourrait commencer par couper Facebook, Instagram, Tik tok et autres stupidités à base de jeux et d'influenceurs! Les influenceurs...une nouvelle race de feignants, non seulement des bons à riens, mais aussi des mauvais à tout, particulièrement ...

à écrit le 23/05/2024 à 16:45
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Au départ il faut une impulsion de la famille ou des prof eps et commencer par bouger par opposition à la sédentarité , s'intégrer à un groupe même pour un sport individuel et avec un peu de chance l'envie viendra ..et ne pas hésiter à changer de di...

à écrit le 23/05/2024 à 16:40
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Malheureusement le sport devient une profession, un investissement, un acte financier ce qui en fait rêver certain mais en dégoûtent d'autres qui font de l'exercice pour se maintenir en santé et éviter de rester isolé !

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