Dans les salles de réunions de la « zone bleue » de Glasgow où se tenaient les négociations, l'humeur était à l'optimisme. Mandela et son : « cela semble toujours impossible jusqu'à ce qu'on le fasse » ont régulièrement été cités. Sans doute l'urgence du défi climatique, et la prise de conscience de vivre un moment historique, souligné par les nombreux panneaux « The world is watching you » dans les rues de la ville, rendaient-ils l'idée d'un échec impossible.

Mais, ce qui a été radicalement différent dans cette Conférence des Parties, en comparaison de toutes celles qui l'ont précédées, c'est l'importance qui a été donnée au rôle du secteur privé. Il n'a été que trop souvent répété durant les deux dernières semaines que la clef du défi climatique résidait non pas dans les mains des négociateurs, mais dans celles des entreprises. John Kerry, le représentant spécial des États-Unis a été le premier à l'affirmer :

« We will only succeed if we have the private sector on that table, as companies are well ahead of governments on the climate change urgency. »*

Au cœur des priorités des entreprises

De fait, rarement autant d'entreprises avaient participé à une COP : sur les 28.000 participants, plus de 7.000 venaient du secteur privé parmi lesquels AstraZeneca, Bank of America, L'Oréal, IBM, Ikea, Dassault Systèmes. Le pavillon de l'Union européenne à lui seul a accueilli plus de 150 tables rondes d'industriels. Cela a donné lieu à de nombreux engagements : des constructeurs automobiles qui s'engagent à sortir des moteurs à essence d'ici 2035, des acteurs financiers qui se sont engagés à financer plus de 100 milliards de dollars de projets ou de sociétés liés à la transition écologique. Les annonces ont été nombreuses, tout comme les discussions sur la façon d'opérer ces changements.

L'impératif climatique est, en effet, désormais au cœur des priorités des entreprises : une récente étude du Financial Times qui interrogeait des dirigeants de tous secteurs industriels montrait ainsi que plus de 70% d'entre eux considéraient comme non négociable d'intégrer le développement durable dans la conception ou la production de leurs produits. Cependant, seuls 26% d'entre eux ont commencé à le mettre en place, car ils ne savent comment faire.

Et pourtant, la science prouve que, ne serait-ce qu'en adoptant les technologies actuelles, le secteur privé pourrait atteindre plus de 70% des baisses de CO2 demandées par l'Accord de Paris. L'intelligence artificielle, le machine learning, l'internet des objets, les jumeaux virtuels sont d'ores et déjà des leviers puissants pour contribuer à résoudre le défi climatique. Une étude sortie en 2021 par Accenture et Dassault Systèmes montre ainsi qu'en utilisant des jumeaux virtuels dans 5 industries (automobile, emballage, pharmaceutique, construction et électronique), nous pourrions réduire les émissions de CO2 mondiales de 7,5 Gt de CO2 d'ici 2030 - l'équivalent d'un an d'émissions mondiales du secteur du transport.

Nous n'avons plus que 10 ans pour limiter les hausses de température dans les 1,5 degrés de l'Accord de Paris. Commençons dès maintenant en utilisant les technologies les plus innovantes pour y parvenir, et créer de la croissance verte en Europe.

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*« Nous ne réussirons que si nous avons le secteur privé à cette table (de négociation), car les entreprises sont bien en avance sur les gouvernements sur l'urgence du changement climatique. ».