Cultiver et se nourrir de science

LA CHRONIQUE DU "CONTRARIAN" OPTIMISTE. Bien que cela suscite des craintes, notre agriculture a besoin de la science et des technologies pour faire face aux nouveaux défis que rencontre ce secteur.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

Le 23 février, le président de la République a déambulé toute la journée au Salon international de l'agriculture. Emmanuel Macron y a prononcé un long discours englobant tous les dossiers, notamment la PAC (Politique agricole commune). À l'occasion de la sortie du Royaume-Uni de l'UE, celle-ci va être renégociée, ce qui inquiète les agriculteurs français, qui dépendent des aides financières européennes.

Le président a également insisté sur la nécessité de s'appuyer, en matière agricole, sur « des études scientifiques indépendantes et incontestées » pour éviter que se « crée le doute », qui favorise « le soupçon, le complotisme ». Prônant une « véritable intégrité scientifique irréprochable », il demande « une réforme de l'Autorité européenne de sécurité des aliments ».

Le progrès pour faire reculer la faim dans le monde

Il est vrai que le progrès scientifique fait l'objet de tous les soupçons. Pourtant, c'est grâce à lui, notamment en biologie, que la faim a reculé dans le monde. Ainsi, entre 1961 et 2015, le rendement moyen des céréales (blé, riz, maïs, orge, avoine, seigle, millet, sorgho, sarrasin et grains mélangés, voir le graphique ci-dessous) est passé de 1,5 tonne à l'hectare à 4 tonnes (+ 167%), selon la FAO.

Dans la même période, les surfaces dédiées à l'agriculture sont passées de 37,3 à 48,6 millions de km², superficie qui tend à rester stable depuis le début des années 2000.

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Rendement moyen des céréales

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Et cette nourriture est produite à un prix accessible. Contrairement à une idée reçue, les prix sur le long terme restent stables (voir le graphique ci-dessous), même si différents aléas, en particulier climatiques, peuvent provoquer de forts mouvements des prix, à la hausse comme à la baisse. En termes réels (compte tenu de l'inflation), l'indice des prix de la nourriture de la FAO (qui agrège les prix des céréales, des viandes, des produits laitiers, des huiles et du sucre) était au même niveau en ce début d'année qu'en 1961.

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Indice des prix de la nourriture (FAO)

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L'aversion d'une partie de la société à l'encontre d'une agriculture productive

De plus, cette nourriture est mieux distribuée. La consommation alimentaire moyenne mondiale par personne a augmenté de près d'un cinquième, passant de 2.360 calories par personne et par jour au milieu des années 1960 à 2.800 calories aujourd'hui, indique la FAO. Mais il faut faire encore mieux. Aujourd'hui, une personne sur six souffre encore de malnutrition, et à l'horizon 2050 il faudra nourrir 10 milliards d'individus, soit quelque 3 milliards de plus qu'aujourd'hui.

Dans ces conditions, les accusations portées à l'encontre de l'agriculture intensive doivent être relativisées. Comme le dit la FAO, « le génie génétique a le pouvoir d'aider à accroître la production et la productivité dans l'agriculture, la foresterie et les pêches », ajoutant que cela « pourrait se traduire par de meilleurs rendements sur les terres marginales dans les pays qui, aujourd'hui, ne cultivent pas assez de nourriture pour donner à manger à leur peuple ». Il est urgent en la matière de cultiver la science !

Robert Jules

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Commentaires 2
à écrit le 04/03/2019 à 11:38
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Ben la silicon valley française agricole se trouve à Angers après avoir été celle de l'informatique années 60, les nombreux ingénieurs de l'inra, des start'ups, des laboratoires privés travaillent à l'agriculture de demain et beaucoup de nouveaux pro...

à écrit le 04/03/2019 à 8:51
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Et le bilan de l'agro-industrie avec ses cancers par millions ? Toujours cette sale habitude de sauter les étapes de remise en question de notre oligarchie peuplée de gens visiblement totalement demeurés c'est pour qu'il faut les cacher, nos poss...

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