Des réponses à la désertification médicale

Des réponses existent à la question de la désertification médicale, au niveau tant national que régional. par Philippe Vigier, député d'Eure et Loir, secrétaire général du Nouveau centre

Pour des millions d'hommes et de femmes qui habitent à la campagne ou en ville, vivre dans l'angoisse de ne pas pouvoir être pris en charge en cas de maladie est une réalité quotidienne. Lorsqu'un petit village des Côtes-d'Armor publie une annonce sur Le bon coin afin de se trouver un médecin, lorsqu'avoir un rendez-vous chez un généraliste ou un spécialiste relève du parcours d'obstacles, que les délais sont si longs que certains patients sont contraints de renoncer aux soins, comme les beaux discours de Marisol Touraine sur le tiers-payant généralisé peuvent sembler bien loin !

Ces fractures territoriales soulèvent plusieurs problématiques, en particulier dans ma région Centre-Val de Loire, qui demeure, classement après classement, le plus grand désert médical français.

Une présence médicale essentielle pour l'attractivité des territoires

D'abord parce qu'il est inacceptable qu'un Français, une Française, qui cotise à la sécurité sociale, soit mieux ou moins bien soigné selon qu'il vit dans l'Indre ou dans les Alpes-Maritimes ! Ensuite parce que la présence de médecins est vitale pour renforcer l'attractivité des territoires : une offre de soins cohérente est un facteur déterminant pour choisir de s'installer ou non sur un territoire. Enfin, parce que les inégalités d'accès aux soins devraient s'aggraver sous l'effet conjugué du vieillissement de la population, de l'évolution des modes de prise en charge, de la hausse du niveau d'exigence de nos compatriotes et de la forte prévalence des maladies chroniques.

Pouvons-nous lutter contre les déserts médicaux sans l'appui des professionnels de santé ? Je ne le crois pas : la liberté d'installation doit être préservée. Sa remise en cause ne ferait qu'affaiblir la médecine libérale. Les professionnels de santé, et plus particulièrement les nouvelles générations, attendent de nouveaux modes d'organisation et d'exercice, permettant plus de souplesse et d'efficacité et de nouvelles formes de rémunérations. Nous devons répondre à leurs attentes.

Supprimer les numerus clausus

Nous devons également aller plus loin. Il faut aujourd'hui envisager la suppression pure et simple du numerus clausus qui, depuis 1971, constitue le levier d'action privilégié par les pouvoirs publics pour équilibrer le niveau de l'offre de soins. Ce mécanisme a montré ses limites : il accentue la fracture médicale, il est responsable du gâchis humain qui conduit des milliers d'étudiantes et d'étudiants à redoubler leur première année, et il ne garantit en rien que les médecins étrangers, auxquels nous avons recours pour pallier le manque de médecins, possèdent un niveau de compétence suffisant.

Quelle est aujourd'hui sa seule utilité ? Eviter une augmentation des effectifs qui appauvrirait les médecins. Alors sortons enfin de l'hypocrisie et osons dire que le coût de la consultation, bloqué depuis quatre ans, doit être augmenté. Si nous ne garantissons pas des revenus plus attractifs aux médecins, nous aurons demain une médecine au rabais.

Régionaliser la formation des médecins

Parallèlement, il faut régionaliser la formation des médecins, en remplaçant les épreuves classantes nationales par un internat régional. Ce concours d'internat ouvert uniquement aux étudiants ayant validé leur deuxième cycle d'études médicales dans la même région permettrait de les enraciner dans la région dans laquelle ils auront effectué l'ensemble de leurs études médicales et de mettre ainsi fin à l'exil des blouses blanches.

Le rôle des collectivités

Enfin, les collectivités doivent davantage se saisir de la problématique de la désertification médicale car elle appelle des réponses adaptées à chaque territoire. Le rôle des collectivités doit être de soutenir la formation des professionnels de santé qui s'engagent à s'installer dans des zones en souffrance, de travailler ensemble et de proposer, en concertation avec les professionnels de santé, des aides financières supplémentaires, des solutions innovantes, pour faire en sorte que personne ne se trouve à plus de 20 minutes des soins d'urgence.

Les collectivités doivent également accélérer le développement du numérique pour favoriser la télémédecine et de nouvelles formes de soins et des consultations à distance, pour connecter entre elles les Maisons de Santé Pluridisciplinaires, pour réaliser des diagnostics partagés, pluridisciplinaires, des échographies à distance, favoriser les échanges entre praticiens ou améliorer la protection des personnes âgées.

Les réponses à la désertification médicale existent. Prenons les décisions courageuses qui s'imposent maintenant ou les fossés qui se creusent aujourd'hui entre les territoires et leurs habitants feront imploser notre système social.

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Commentaires 4
à écrit le 12/01/2016 à 10:08
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Ma fille est malade, ils ne l'acceptent pas à l'école. Je ne peux pas aller travailler puisque je dois la garder. Je dois donc justifier mon absence auprès de mon employeur par un certificat médical. J'appelle mon médecin traitant : RDV dans 6 jours ...

à écrit le 14/12/2015 à 15:22
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28 ans l'age pour finir les études de médecines. A cet age en général on fonde une famille et fait des enfants. Si on n'y envoie pas des cinquantenaires proches de la retraite dont les enfants ont pris leur indépendance pour réimplanter les services ...

à écrit le 14/12/2015 à 14:08
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Ce type est completement à cote d ela plaque : les revenus des médecins sont déja très attractifs il est bien plus urgent de revaloriser le salaire des enseignants Supprimer le nuimérus clausus alors qu'il y a déjà 2 fois plus de médecins qu'en ...

le 14/12/2015 à 14:38
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L'auteur de l'article oublie les aspirations des nouvelles générations de médecins, les moins de 40 ans. Si depuis la nuit des temps l'idée a toujours été qu'il fallait travailler pour vivre aujourd'hui ce qui revient régulièrement dans les propos...

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