Egalité d’accès aux soins  : nous avons besoin de donneurs de sang de toutes les origines

OPINION. Encore très peu connue du grand public et du corps médical, la question des groupes sanguins rares est un enjeu sanitaire et citoyen essentiel.
(Crédits : DR)

Mieux sensibiliser à la diversité des groupes sanguins est primordial pour mobiliser des donneurs de sang de toutes les origines géographiques. Faire correspondre la diversité des groupes sanguins de la population des donneurs avec la diversité de la population générale est un véritable enjeu de santé publique et l'affaire de tous.

Les dons de sang permettent de transfuser chaque année environ 500.000 patients en France. Parmi eux, certains sont porteurs de groupes sanguins rares. Trouver la poche de sang compatible pour les soigner représente alors un véritable défi au quotidien.

Un groupe sanguin est dit « rare » lorsque moins de 4 personnes sur 1.000 le possèdent. Le sang comporte une multitude de marqueurs qui donnent aux groupes sanguins une diversité beaucoup plus grande que celle des groupes sanguins A, B, AB, O et du Rhésus (+ et -), connus du grand public. Sur 390 marqueurs de groupes sanguins, 250 sont considérés comme rares.

Ces chiffres, au-delà d'un simple constat, révèlent en réalité une question sociétale : celle de l'égalité d'accès aux soins et de l'équité de traitement de certaines maladies. Aujourd'hui, environ un million de personnes possèdent un groupe sanguin considéré comme rare en France. Au cours de leur vie, ces personnes peuvent avoir besoin d'une transfusion - à la suite d'un accident, d'un accouchement difficile ou bien pour soigner un cancer ou une maladie génétique. Il est alors impératif de pouvoir les transfuser avec le produit sanguin le plus proche de leurs caractéristiques sanguines.

En France, les personnes originaires d'Afrique subsaharienne et des outre-mer ont plus de chances d'être porteuses d'un groupe sanguin que l'on retrouve peu dans notre pays. Il existe en effet une géographie des groupes sanguins : certaines personnes peuvent avoir un groupe sanguin fréquent dans leur zone géographique d'origine, mais moins fréquent, voire rare, au sein de la population du pays dans lequel elles vivent.

Certaines pathologies, comme la drépanocytose, maladie génétique la plus répandue en France, touchent majoritairement des personnes d'origine africaine ou antillaise. On compte 30.000 personnes atteintes de drépanocytose dans notre pays. Une maladie qui entraine chez les patients des crises de douleurs intenses, des anémies très sévères, des infections ou des insuffisances respiratoires, et qui nécessite pour certains des transfusions sanguines répétées, tout au long de leur vie.

Pour vivre, ces patients n'ont pas d'autre choix que de compter sur la générosité de donneurs de sang porteurs du groupe sanguin qui leur correspond.

Pour cela, nous, professionnels de l'Établissement français du sang, soignants et membres d'associations de patients, appelons les personnes de toutes les origines à donner leur sang pour que la population des donneurs ressemble au plus près à celle de la population générale. Dans notre pays, riche de sa diversité, il est de notre responsabilité de mobiliser l'ensemble de la population, pour offrir à toutes et tous les mêmes chances et conditions de soins.

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(*) Signataires

  • M Frédéric Pacoud, Président de l'Établissement français du sang (EFS)
  • Pr Jacques Chiaroni, Directeur de l'EFS PACA-Corse
  • Dr Bruno Danic, Directeur de l'EFS Bretagne
  • Dr Thierry Peyrard, Directeur du département national de référence en immuno-hématologie et sang rare et chef de service du centre national de référence pour les groupes sanguins
  • Pr France Pirenne, Présidente de la Société francophone de transfusion sanguine, chargée de mission nationale drépanocytose et transfusion, EFS
  • Pr Jean-Benoit Arlet, Responsable du centre national de référence de la drépanocytose et autres maladies rares des globules rouges (site HEGP), Médecine interne, hôpital européen Georges Pompidou ; Université Paris-Cité
  • Pr Pablo Bartolucci, Coordonnateur des centres de référence et compétence de métropole et océan indien pour les pathologies du globule rouge et de l'érythropoïèse
  • Pr Frédéric Galacteros, Coordonnateur du centre de référence maladies rares des syndromes drépanocytaires majeurs et animateur de la filière nationale des maladies congénitales des globules rouges et de l'érythropoïèse (APHP)
  • Dr Anoosha Habibi, Centre de référence maladies rares des syndromes drépanocytaires majeurs (APHP)
  • Pr Olivier Hermine, Chef du service d'hématologie à l'hôpital Necker, Coordonnateur du labex sur les globules rouges et directeur d'une équipe de recherche sur les maladies du sang à l'institut Imagine
  • Dr Françoise Maire, Coordonnatrice nationale de la filière sangs rares et phénotypes d'intérêts
  • Pr Mariane Montalembert, Co-responsable du site Necker pour les syndromes drépanocytaires majeurs et autres pathologies rares du globule rouge et de l'érythropoïèse et directrice du réseau francilien de soin des enfants drépanocytaires (APHP)
  • Pr Corinne Pondarre, Pédiatre hématologue, Praticien hospitalier - professeure des universités, Centre hospitalier intercommunal de Créteil- Université Paris Est-Créteil
  • Mme Maryem Ait-Zerbane, Présidente et fondatrice de l'association Drepacare
  • Mme Sylvie Bardy-Plantin, Présidente de la Fédération SOS Globi
  • Mme Jenny Hippocrate, Présidente de l'APIPD
  • Mme Lucienne Lucien, Présidente de l'association Drépan'ose internationale
  • Mme Emmanuelle Schott-Fona, Présidente de Drepaland
  • Mme Mujinga Tshinyembe, Présidente de l'association Espoir Hope Elikia
  • M Constant Vodouhe, Président de l'association Dorys

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