France-Qatar  : une relation aux enjeux économiques multiples

Emmanuel Macron recevra à l'Élysée l'émir du Qatar, le Cheikh Tamim al-Thani, ce vendredi 6 juillet. L'occasion de faire le point sur les relations économiques qu'entretiennent la France et le Qatar. Par Sylvie Matelly, directrice adjointe de l'IRIS.
L'émir du Qatar, le Cheikh Tamim al-Thani, a déjà rencontré le 15 septembre 2017 le président français Emmanuel Macron.
L'émir du Qatar, le Cheikh Tamim al-Thani, a déjà rencontré le 15 septembre 2017 le président français Emmanuel Macron. (Crédits : Reuters)

Les économies française et qatarie sont très différentes, à la fois par le niveau de production qu'elles génèrent, mais aussi par la nature de ces productions. Sixième puissance économique mondiale, la France est un pays où les activités tertiaires sont prédominantes, même si le pays maintient une production industrielle à forte valeur ajoutée et une agriculture diversifiée. Le Qatar reste quant à lui, malgré une diversification largement engagée de son économie, un pays dont les ressources sont encore fortement dépendantes des exportations d'hydrocarbures.

Dans ce contexte, les relations économiques entre les deux pays sont, d'un point de vue à la fois quantitatif, stratégique et politique, relativement déséquilibrées. Le Qatar n'étant que le quarantième client de la France.

8e excédent commercial de la France

Pour autant, les relations économiques entre les deux pays sont solides, et comme le soulignent les publications du service économique de l'ambassade de France à Doha, les flux commerciaux entre les deux pays dépassent depuis 2014 les 2 milliards d'euros à l'avantage des Français, dont l'excédent commercial s'élève, en 2017, à 1,3 milliard d'euros, soit le 8e excédent commercial de la France.

Cette relation commerciale tend qui plus est à se renforcer ces dernières années. Les exportations françaises à destination du petit émirat ont en effet bondi de 10% en 2017. Alors qu'elles atteignaient à peine 850 millions d'euros en moyenne par an entre 2007 et 2011, elles dépassent en moyenne, chaque année, les 1,7 milliard depuis 5 ans (2012-2017), soit le double. Il en va de même pour les importations qataries en France, qui ont été multipliées par 3 en 2017, essentiellement du fait de l'essor des exportations de pétrole raffiné (+876% en 2017).

Au-delà de ces échanges commerciaux, la France est un pays clé pour les investissements des entreprises qataries et, en retour, les secteurs d'activité clés ou en développement au Qatar (infrastructures, aéronautique, énergie, luxe, etc.) sont particulièrement attractifs pour les entreprises françaises.

Plus de 120 entreprises françaises sont ainsi présentes au Qatar, de la franchise commerciale (Dior, Louboutin, Fauchon, mais aussi Camaïeu ou Jennifer) à la grande entreprise (Total, Accor, Vinci, etc.) qui exploite des gisements de pétrole dans le pays, construit des routes ou des lignes de métro, etc. Pour autant, l'investissement français au Qatar reste instable (-340 millions d'euros entre 2016 et 2017), à la fois pour des raisons économiques (ralentissement de la croissance), mais aussi politiques, notamment en raison des incertitudes liées aux différends entre le Qatar et ses voisins.

Les investissements qataris, une aubaine pour la France

Plus intéressant peut-être est le positionnement des investisseurs qataris en France. L'Hexagone serait dans le top 5 des pays récipiendaires de l'investissement qatarien. Mais le plus intéressant est peut-être la nature de ces investissements. Outre le très médiatique Paris Saint-Germain (PSG), le Qatar investit également dans l'hôtellerie de luxe ou dans les startups.

Dans les deux cas, les choix d'investissements sont à la fois hautement stratégiques et symboliques. Qu'ils soient dans les palaces parisiens ou de la Côte d'Azur (Royal Monceau, Concorde Lafayette, Martinez, Carlton, etc.), ces investissements accompagnent la volonté des autorités qataries de diversifier leur économie vers le tourisme haut de gamme. En retour, la restauration à grands frais de ces établissements est une aubaine pour l'artisanat de luxe et le savoir-faire français, mais aussi pour nos grandes entreprises : l'Airbus A-350 a par exemple d'abord été développé pour la compagnie Qatar Airways.

Un fonds d'investissement bilatéral

Par ailleurs, un fonds d'investissement bilatéral, le Future French Champions, doté de 300 millions d'euros, a été créé en 2013. Partenariat entre la Caisse des Dépôts et le fonds souverain qatari Qatar Investment Authority, ce fonds soutient les PME et ETI françaises innovantes. Là encore, le symbole est fort, mais au-delà du symbole, l'enjeu est évident pour le Qatar, notamment dans le cadre de sa stratégie de développement et de diversification de son économie.

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Commentaires 3
à écrit le 06/07/2018 à 10:04
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Inquiétant quand même que les relations internationales du mac soient toutes dirigées vers des pays en déclin. Ca sent le racrochage aux branches à n'importe quel prix. Encore une conséquence dramatique du manque cruel de puissance politique de n...

à écrit le 06/07/2018 à 9:01
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On refait le "protocole de Barcelone" : pétrole contre mosquées ; il est vrai qu'il y encore de la place.

à écrit le 05/07/2018 à 17:56
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C’est pour cela qu’on ferme les yeux sur l’’argent Qataris qui a été dépensé pour financer le terrorism regional servant à déstabiliser la région pour le compte de l’Iran.

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