Grand Paris : la métropole, cette chance qu'il faut saisir

Constituer la métropole du Grand Paris est une bonne idée... mais comment avancer avec des dirigeants immobiles comme François Hollande ou marqués par une vision étroitement parisienne (Anne Hidalgo) ? Par Alexandre Versperini, conseiller de Paris, Les Républicains

Bien qu'elle soit tardive, la naissance de la métropole du Grand Paris est une excellente nouvelle, qui traduit enfin dans nos institutions la réalité du rapprochement entre la capitale et sa couronne. C'est aussi une excellente nouvelle pour l'attractivité de l'agglomération parisienne et l'avenir de ses habitants.
Mais à peine cette collectivité a-t-elle vu le jour que, déjà, sa viabilité devient incertaine, au regard des interrogations légitimes qu'elle suscite. Interrogations d'abord sur la souplesse et l'efficacité d'une institution inédite, composée de 209 élus, représentant 131 communes et 4 départements, aux intérêts parfois divergents. Interrogations aussi, et surtout, sur les compétences de la métropole, dont les plus importantes ne seront accordées qu'en 2017, c'est-à-dire en pleine année électorale ; interrogations enfin sur l'image de cette structure auprès des citoyens, qui devront rapidement comprendre son utilité, ce qui implique donc un solide leadership à sa tête.

Le retard parisien

Ces interrogations sont d'autant plus légitimes que par rapport à notre principal concurrent, Londres, la capitale accuse un retard important dans des domaines stratégiques de la compétition entre les métropoles mondiales.
Ainsi, dans les transports, le réseau du métro parisien n'a quasiment pas bougé depuis les années 1950, le RER brille par ses défaillances et son insécurité tandis que la gestion des transports d'Ile-de-France croule sous la complexité administrative et le mille-feuille des acteurs locaux (région, villes, départements, SNCF, RATP...). Annoncé en 2009, le Grand Paris Express ne sera quant à lui mis en service qu'à partir de 2022 et accumule des retards dans la validation de son tracé comme dans ses travaux...

Dans le domaine de l'habitat, l'insuffisance de logements n'a d'égal que son injustice et son gâchis financier, sans qu'aucune coordination ne voie le jour entre les différentes collectivités franciliennes. Concernant la protection de l'environnement, la Ville de Paris néglige ses communes voisines alors que l'éradication du diesel nécessite par exemple une action qui dépasse le seul périphérique. Qu'il s'agisse enfin du tourisme et plus généralement des investissements étrangers, la promotion de Paris souffre d'une absence de stratégie de marque définie clairement. Dans ces domaines essentiels (logement, transports, qualité de l'air, développement économique...), il est donc temps d'initier une nouvelle organisation politique à l'échelle du Grand Paris, à l'instar de ce qui a été entrepris pour la sécurité depuis que la Préfecture de Police est compétente sur les territoires de la petite couronne.

Loin du baron Haussmann

Malheureusement, cette évolution institutionnelle implique un volontarisme fort et des décisions anticipatrices, au sommet de l'État ainsi qu'à la tête de la Ville de Paris. Or, entre l'immobilisme de François Hollande et le "périphérocentrisme" d'Anne Hidalgo, on est loin du dynamisme de Napoléon III et du baron Haussmann...
Au lieu de chercher à repousser les frontières de Paris à travers un dialogue équitable avec ses communes limitrophes, Anne Hidalgo affiche en effet une vision frileuse et étriquée de sa ville, consacrant surtout son énergie à exclure Nathalie Kosciusko-Morizet de l'assemblée de la future métropole, à travers des manœuvres peu démocratiques et surtout vaines.

Malgré ces obstacles, la métropole a heureusement pu aboutir et deviendra réalité en janvier prochain. Gageons qu'alors, les lenteurs de la sphère administrative, le manque d'ambition du Gouvernement actuel et les visées politiciennes des uns et des autres seront moins forts que la clairvoyance des élus de ce territoire, sur lequel se joue probablement, dans les années à venir, la relégation ou le renouveau économique de la France.


Alexandre Vesperini,
Conseiller de Paris,
Vice-président du Groupe LR à l'Hôtel de Ville

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Commentaires 6
à écrit le 29/09/2015 à 12:37
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Dans l'ensemble, je suis d'accord avec cet article. Cette métropole du Grand Paris est indispensable. D'un autre, je suis vraiment déçu par la tournure que prend cet article. Il ne fait qu'illustrer la guéguerre que mène le parti LR contre son rival ...

à écrit le 18/09/2015 à 15:22
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on ne peut que constater à quel point nos élus manquent locaux, regionaux, et même nationaux manque d'ambition et de force politique. Prêts à céder aux intérêts particuliers d'un tel ou d'un tel ils en oublient l'intérêt général, focalisant leur atte...

à écrit le 18/09/2015 à 14:57
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Manque total d'imagination et de vision de notre conseiller quant aux politiques ils ne raisonnent qu'à l'horizon de l'échéance de leur réélection ce qui explique que rien ne se fait ou si peu . Un maire de Paris ferait preuve d'audace et de courag...

à écrit le 18/09/2015 à 14:52
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"L'éradication du diesel": une fois de plus, il faudrait cesser de répéter ce qu'on voit partout. Un diesel récent n'est pas plus polluant qu'une essence. Il faudrait enfin une étude réellement OBJECTIVE et conduite par un organisme NEUTRE de tous le...

le 29/09/2015 à 12:11
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Lire ça après le scandale Volkswagen, ça n'a pas de prix.

à écrit le 18/09/2015 à 14:17
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Enorme erreur. Ce n'est pas en dépensant des milliards pour installer des populations en plein désert que vous résoudrez le problème. Ce sera même pire à long terme. Voyez la vidéo de Jancovici interrogé par le Sénat. Il résume clairement la situatio...

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