Hollande et la réforme : l'arroseur arrosé

La gauche et la droite ne doivent s'en prendre qu'à elles mêmes si les Français refusent le libéralisme. Par Marc Guyot et Radu Vranceanu, professeurs à l'ESSEC

Manifestations de rue, violences urbaines, destructions d'infrastructures publiques, vandalismes des vitrines de magasins et de banques, piquets de grèves, et enfin blocages des raffineries et assèchement des stations d'essence, voici l'image de la France que découvre - mais est-ce une découverte - le reste du monde. Outre ce déchaînement d'émotions et de violences, ce qui est également sidérant est la cause avancée par les auteurs de ces troubles à l'ordre public. En effet, la réforme initiale du droit du travail a été largement vidée de son contenu. Dans sa version actuelle telle qu'adoptée par le parlement, la nouvelle loi introduit des mesures limitées qui autorisent les entreprises en situation difficile à procéder à des ajustements négociés des effectifs, des horaires et de salaires.

Empêcher le « monstre libéral » de passer

En réalité, les protagonistes réagissent au principe même d'une telle réforme, indépendamment de son contenu effectif, car elle viole un tabou ancré depuis plus de 50 ans dans les mentalités politiques et populaires, selon lequel la flexibilité du marché du travail élimine à terme le chômage. Le refus de cette idée s'inscrivant au niveau émotionnel et identitaire, le fait que le chômage de masse persiste en France alors qu'il diminue dans les pays qui se sont réformés, ne pèse rien. Faut-il encore une fois rappeler que notre taux de chômage est le double de celui des Etats-Unis ou de l'Allemagne et que le chômage qui était élevé en Italie et en Espagne est en baisse depuis l'adoption des réformes du marché du travail?

Il y a un déni total, qui fait que la cause du chômage massif et de l'exclusion provient non plus de réalités structurelles et économiques, mais des émotions infantiles de leaders syndicaux prêts à tout brûler et tout détruire pour empêcher le « monstre libéral » de passer. Le seul aspect pragmatique que l'on pourrait trouver est la défense de rente de situation de travailleurs surprotégés et qui entendent le rester. Mais cela ne concerne pas la meute d'étudiants endoctrinés qui détruisent ou incendient des voitures de police, ni le rejet populaire apparent de la réforme.

Une conversion difficile au libéralisme

Le parti socialiste au pouvoir qui voit ses permanences attaquées et sa parole tomber dans le vide ne peut s'en prendre qu'à lui-même. En effet, il a trop longtemps prospéré sur ce fond idéologique anti-libéral pour escompter que son virage vers l'économie de marché soit suivi comme un seul homme par son électorat et celui de ses alliés d'extrême gauche.

L'opposition de droite qui a pris le même virage et qui campe actuellement sur une position ouvertement libérale tombe sous la même critique. Ses sympathisants ne vont pas se convertir du jour au lendemain à quelque chose que la droite et l'ancien Président de la République a longtemps présenté comme étranger à la France.

Le gouvernement actuel, arroseur arrosé, n'a pas d'autres choix, que de faire respecter la loi et restaurer l'ordre républicain, garantir la liberté de mouvement et de travail, et persister dans sa volonté timide de réformer le marché du travail. Ce premier pas est vital pour commencer à inverser l'endoctrinement collectiviste et donner un espoir d'intégration à la société aux exclus du monde du travail.

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Commentaires 23
à écrit le 27/05/2016 à 22:29
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Ils sont drôles ces deux zouaves... Je suis dans une région où les principaux employeurs locaux emploient des milliers de personnes en intérim alors qu'ils ont au moins une décennie de travail dans leur carnet de commande... Ces deux hurluberlu...

à écrit le 27/05/2016 à 21:36
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Aucun argument, aucun fondement scientifique. Honte à l'Essec! Quand je lis Patrick Artus (polytechnique), JeanTirole (IAE toulouse), Benassy Quéré, David Thesmar (HEC) argumenter pour cette réforme, je vois un faussé énorme avec ces deux comm...

à écrit le 27/05/2016 à 10:54
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Bravo pour tous vos commentaires. Donc on ne touche à rien, on reste à 10% de chômage. Les chômeurs restent chômeurs et ceux qui bossent continuent de bosser. En fait la solidarité ne concerne que la grève puisque chaque salarié protège ses pseudos a...

le 27/05/2016 à 13:56
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Oui, il faut faire quelque chose. Mais quoi et comment? Je propose de mettre une taxe sur l'énergie pour réduire le cout du travail.

le 27/05/2016 à 21:29
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Parce que tu crois une seule seconde que cette réforme va réduire le chômage? Cela fait 40 ans qu'on libéralise l'économie en Europe et 40 ans que le chômage oscille entre énorme et colossal!

à écrit le 27/05/2016 à 9:18
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Tout ceux qui décident et nous assènent depuis trente années les nécessités du libéralisme combien gagnent ils par mois tous ces braves gens? Affichez vos fiches de salaires quand vous estimez que le SMIC nuit à la concurrence, montrez nous tous vos...

le 27/05/2016 à 17:24
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Pas de pb, étant donné le coût de la scolarité à l'Essec, les intervenants qui y enseignent ne doivent pas redouter des fins de mois difficiles. Cela dit, au vu de ce qu'ils écrivent , je découvre que les cours à l'Essec ressemblent à s'y méprendre à...

à écrit le 27/05/2016 à 8:36
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La loi travail entraînerait un recul sans précédent des droits des salariés, relégués au rang d'exploités dont on pourra se séparer très facilement en cas de besoin. Ce n'est pas cela le libéralisme et j'invite nos sympathiques chroniqueurs à en revo...

à écrit le 27/05/2016 à 8:15
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Quel endoctrinement collectiviste ? On voit partout dans la presse un endoctrinement en faveur des "réformes" "libérales" qui sont plutôt des contre-réformes qui ont pour but d'enrichir seulement les employeurs et actionnaires de leurs entreprises ...

à écrit le 26/05/2016 à 22:30
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On peut être libéral sans penser que c'est en rapprochant le CDI du CDD qu'on va lutter contre le chômage. Il est nécessaire de sécuriser la rémunération des non cadres comme il est nécessaire de flexibiliser l'activité pour les entreprises mais ceci...

à écrit le 26/05/2016 à 20:34
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les francais sont pour le liberalisme, mais pas les elites et les groupes qui ont des interets ( syndicats, assistes sociaux, etc...) la revolution francaise est venu de la, les lois le chapelier ont donne le ton! apres y a la semantique, vu que li...

à écrit le 26/05/2016 à 19:25
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" mais des émotions infantiles de leaders syndicaux prêts à tout brûler et tout détruire pour empêcher le « monstre libéral » de passer." Vous êtes la raison. Nous sommes l'émotion. Merci de votre analyse tout en finesse. La réalité est pourta...

le 26/05/2016 à 20:38
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Il est toujours surprenant de penser qu'une partie des 1% de la population mondiale puisse avoir raison contre le monde entier

à écrit le 26/05/2016 à 17:49
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"L'endoctrinement collectiviste" ... Staliniste tant qu'on y est ?! ...Il faudrait peut-être raison garder. Le libéralisme et particulièrement le néo-libéralisme ne sont pas pour rien dans le retour de la tentation collectiviste qui devrait s'affirme...

le 26/05/2016 à 20:38
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j'attend avec bonheur le jour ou vous serez devant un entrepot collectiviste de jaruzelski pour nourir votre famille ca sera un grand moment de bonheur pour moi de vous voir regretter votre iphone, avant votre depart en famille pour les camps de ree...

le 26/05/2016 à 20:44
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J'ai revu les images des manifestations de rue et autres détériorations contre la retraite à 62 ans votée sous le gouvernement Fillon. Toujours les mêmes dans la rue dès qu'il s'agit d'évoluer? ah au fait retraite à 65 ans et demi ici en Allemagne ...

le 26/05/2016 à 22:57
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La retraite est le bon exemple illustrant nos débats idéologiques : les formules de capitalisation sont certainement les formules les plus justes qu'on puisse imaginer surtout si on tient compte des écarts d'espérances de vie selon les catégories pro...

le 27/05/2016 à 21:54
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Churchill,Je ne sais pas si vous serez mieux dans les camps de Pinochet! Quand à l'émigré, la retraite à 65 ans se passe bien et bien c'est une bonne nouvelle car elle passera bientôt à 67 ans voire 69 (proposition récente de la CSU). Je ne parle ...

à écrit le 26/05/2016 à 17:22
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Qu'appelle t on "chomage"? On classe dans cette rubrique plusieurs notions, en particulier les personnes dont l'emploi a été réduit ou supprimé grace aux gains de productivité liés à l'usage de l'énergie. Il ne s'agit pas de "chomage", mais de temps ...

le 27/05/2016 à 0:40
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Je suis tout a fait d'accord

le 27/05/2016 à 13:47
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@ok. Cela en fait un de plus, ou plutôt, cela double le nombre des avis favorables. Merci. Je précise, la droite veut travailler plus pour gagner plus, la gauche veut partager le temps de travail. Il faut un compromis entre la droite et la gauche.

à écrit le 26/05/2016 à 17:10
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Ces personnes sont la preuve que l'économie n'est pas une science : on cause, on cause sans se soucier de la réalité.. Ce n'est pas grave ,c'est comme au temps du communisme, il suffit de répéter en boucle et de croire, c'est tout... En plus, ces...

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