Intelligence artificielle :  l'avocat et l'artiste, un duo complémentaire au service de la création

OPINION. Face aux réseaux sociaux et aux intelligences artificielles et dans un monde où l’art s’est démocratisé et ne cesse de se réinventer grâce aux innovations technologiques et numériques, la conciliation entre l’artiste et l’avocat est plus que jamais cruciale. Par le Collectif Fetart, avec Gilles Amsallem, Managing Partner de Taylor Wessing
(Crédits : DR)

 À l'occasion de l'ouverture de la 13e édition du festival de jeune photographie européenne Circulation(s), le collectif Fetart et son partenaire, le cabinet d'avocats d'affaires Taylor Wessing, reviennent sur la puissance des liens qui réunissent l'artiste et l'avocat dans le processus de création et de protection de l'œuvre.

Qu'il semble loin le temps où l'art n'était diffusé qu'au sein d'un petit cercle d'initiés. Avec les réseaux sociaux, les artistes, les photographestout particulièrement, disposent désormais d'un précieux outil de diffusion massive de leurs œuvres. Une formidable opportunité pour partager leurs réalisations et se nourrir de l'échange qui en découle avec le public, mais aussi un défi majeur : comment concilier le désir de partager une œuvre et la nécessité impérieuse de la protéger ?

Face à cette effervescence artistique et numérique, le droit s'adapte : fort de son aptitude à conseiller, à défendre, et à anticiper, l'avocat joue un rôle essentiel pour épauler et protéger les jeunes artistes face à ces nouvelles incertitudes.

L'avocat, artisan de l'équilibre entre le partage et la protection de l'œuvre

Désireux de transmettre leur perception du monde et issus d'une génération particulièrement sensible aux enjeux de transversalité et d'ouverture, les jeunes artistes souhaitent se faire connaître du plus grand nombre, une diffusion qui ne peut se faire au détriment de la protection de leurs œuvres. Quoi de plus injuste et décourageant pour un talent émergent que de voir un illustre inconnu faire main basse sur sa production au mépris du droit ? De facto, les nouvelles générations d'artistes sont à la recherche d'un équilibre complexe entre ces deux exigences qui s'entrechoquent : ouverture et sécurité.

Cette conciliation est plus que jamais cruciale, dans un monde où l'art s'est démocratisé et ne cesse de se réinventer et de se diffuser, grâce aux innovations technologiques et numériques. Cette accélération a besoin d'être accompagnée et encadrée, et c'est là que l'avocat joue son rôle. Car le droit, loin d'être un frein à la création et une contrainte, apporte un cadre rassurant au sein duquel l'art peut pleinement s'épanouir. Il protège à la fois les droits de l'œuvre et les droits de l'artiste, et peut sensibiliser les nouveaux talents au droit à l'image, les prémunir contre le vol et toutes les utilisations frauduleuses dont leur œuvre peut faire l'objet.

Art et droit à la croisée des chemins

Cette nouvelle dialectique de l'artistique et du numérique pose plus largement question. À titre d'illustration, le photographe Iván Puñal Garcia, mis à l'honneur à l'occasion du festival Circulation(s), a généré une série de photographies à partir d'une intelligence artificielle. Peut-on encore parler de création en présence d'une œuvre produite par l'intelligence artificielle ? Ne faut-il pas changer de paradigme ?

Et quand de nouveaux usages émergent sur le plan créatif, de nouvelles réflexions naissent sur le plan juridique : il n'y a pas un angle de la création où le droit n'est pas bousculé. Les cadres juridiques se confrontent à ces mutations et évoluent pour appréhender toutes ces nouvelles pratiques artistiques. L'art révèle en effet les enjeux propres à chaque époque et connecte le droit à un certain principe de réalité : le regard et les usages du jeune artiste font cheminer l'avocat et l'enrichissent, et l'encouragent à repenser les cadres juridiques existants.

Comme à plusieurs reprises au cours de son histoire, l'art est à nouveau questionné par l'évolution des modes de création, au sein desquels se posent d'ores et déjà les grandes interrogations de notre monde, sociétales, climatiques, environnementales. Aux avocats d'accompagner le mouvement, en s'engageant dans des dossiers qui feront bouger les lignes juridiques. Car si l'artiste questionne le monde, l'avocat contribue à façonner le droit et la société de demain.

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