L'entreprise va réconcilier les Français avec la mondialisation

Si les entrepreneurs ont le devoir de s'inscrire dans l'économie telle qu'elle est, c'est-à-dire mondialisée, ils ne demandent qu'à créer de la richesse et de l'emploi sur leur territoire d'origine. Par Jean-Baptiste Danet, Président de Croissance plus et co-président d'Ipanema

Mercredi, les Hollandais ont porté au pouvoir Mark Rutte, chef de file du VVD, le parti de droite. Cette victoire sur le parti d'extrême droite de Wilders n'était pourtant pas certaine. Avec le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France, ou encore l'Allemagne, les Pays-Bas rejoignent la liste des pays occidentaux où le jeu politique classique est remis en cause de plus en plus fortement. Les résultats électoraux inédits viennent souligner une distorsion croissante entre les citoyens et leurs représentants, qui résulte très largement des difficultés du pouvoir politique à accompagner les mutations économiques issues de la mondialisation.

Les cartes de l'économie redessinées

Accélérée par la révolution numérique, cette mondialisation redessine les cartes de l'économie à toutes les échelles. Les processus de production ont été éclatés à travers toute la planète. Les métropoles centralisent la plupart des créations d'emploi. Les territoires ruraux ou périurbains restent à l'écart, ne présentant pas suffisamment d'avantages concurrentiels pour attirer les acteurs qui portent ces changements. Oubliée de ces transformations, une large part de la population ressent ou craint le déclassement.

A travers ces bouleversements, nous remarquons que le territoire de l'entreprise a changé. La vie de l'entreprise se conçoit à l'échelle mondiale. Les entreprises du numérique, dès leur création, se trouvent en concurrence avec des entreprises américaines, chinoises, ou d'autres nationalités. Pour les entreprises, la mondialisation n'est pas une idée mais une réalité.

Territoire mondialisé

Ce territoire mondialisé de l'entreprise coexiste avec celui du politique, qui demeure national (à l'exception de l'Union européenne, où un timide dépassement se concrétise dans l'élection du Parlement). C'est à cette échelle que demeurent la protection sociale, la langue, la culture ou la sécurité. C'est à cette échelle que les électeurs attendent de leurs représentants la capacité à faire face aux problèmes qu'ils considèrent issus de la mondialisation économique, résumé dans l'iniquité perçue entre une précarisation du plus grand nombre et les bénéfices croissants de quelques-uns.

Les élections récentes témoignent de l'inquiétude des déclassés. Mais pourtant, les territoires de l'économie et de la politique ne doivent pas être opposés.

 Deux écueils

Deux écueils utopiques sont à éviter. Le premier est celui du dépassement des Etats nation par l'avènement d'une ère globalisée, où se multiplieraient les gouvernances post nationales, que la vérité des faits et des scrutins rend largement improbable. Le second est celui du retour frileux et exclusif à la sphère nationale, où certains espèrent retrouver la suprématie du politique sur la mondialisation, qu'ils qualifient d'idéologie. Mais il ne suffit pas de proclamer de manière incantatoire la fin du territoire des entreprises. L'autarcie les condamnerait au déclin, et toute l'économie nationale avec elles. S'il existe une réponse politique aux dommages de la mondialisation, elle est dans le prolongement du national par les coopérations internationales, seules en capacité de trouver des leviers d'efficacité. L'inverse de la tentation du repli, qui met à mal les régulations globales nécessaires.

En réponse aux difficultés de la réponse politique, et du déclin de l'indispensable coordination internationale, il faut donc promouvoir celles qui relèvent de l'entreprise : si les entrepreneurs ont le devoir de s'inscrire dans l'économie telle qu'elle est, c'est-à-dire mondialisée, ils ne demandent qu'à créer de la richesse et de l'emploi sur leur territoire d'origine. Pour agir comme citoyens responsables ancrés dans le réel, ils souhaitent des évolutions, sur lesquelles le politique national a la main. Leur seule crainte, ce sont les freins liés à l'idéologie et au manque de confiance.

Un CDI agile

Les entrepreneurs de CroissancePlus appellent donc les candidats à l'élection présidentielle à réfléchir sérieusement à cette distorsion entre territoire économique et territoire politique qui ne crée que frondes et pauvreté. Ils leur demandent de réconcilier la politique et l'économie en donnant aux entreprises les moyens de prendre leur part, par leur croissance, à la résolution des difficultés nationales. Il y a urgence à réaliser les réformes qui redonneront du souffle !

Quelles sont ces principales réformes attendues ? En voici trois exemples, issus du livre blanc que nous avons adressé aux candidats. Au plan fiscal, de la simplicité, de la stabilité et de la lisibilité. Certains candidats proposent des taux uniques, notamment pour l'impôt sur les sociétés. Nous l'appelons de nos vœux. Au plan social, CroissancePlus demande la fin des CDD, pour mettre un terme à la précarité de ces contrats, et la création de CDI agile qui permettraient à l'employeur comme au salarié de faire ensemble le pari de l'emploi en s'accordant sur des objectifs qui conditionneraient la poursuite du contrat. Un gagnant-gagnant, pour sortir du perdant-perdant du chômage. Au niveau du dialogue social, décloisonner et assouplir, mais aussi sortir des logiques syndicales professionnelles afin de donner aux acteurs un vrai rôle de partenaires.

Les entrepreneurs attendent des pouvoirs publics qu'ils leur facilitent la tâche plutôt que de compliquer leur vie quotidienne. Ils pourront ainsi mieux se consacrer à l'expansion, à la création de richesse et d'emplois au bénéfice de tous.

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Commentaires 3
à écrit le 22/03/2017 à 17:28
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"Au niveau du dialogue social, décloisonner et assouplir," Quel dialogue social, la plupart du temps il s'agit de décision unilatéral de l’employeur.

à écrit le 22/03/2017 à 17:26
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"la création de CDI agile qui permettraient à l'employeur comme au salarié de faire ensemble le pari de l'emploi en s'accordant sur des objectifs qui conditionneraient la poursuite du contrat" Un CDI suffira ,merci

à écrit le 22/03/2017 à 14:33
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C'est les excédents locaux qui permettent l'exportation, le reste n'est qu'une politique artificielle applicable a tout les pays par spécialisation désastreuse!

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