
La mièvre croissance européenne -souvent qualifiée d'anémique - provient d'un excès d'épargne. La stagnation devient en effet séculaire à partir du moment où l'argent ne circule plus, c'est-à-dire dès lors que l'épargnant le conserve précieusement sur son compte et que sa banque n'est plus en mesure de le recycler vers des secteurs productifs de l'économie. De ce point de vue, les banques constituent le bras armé de la croissance, et lui sont essentielles dans la transmission, sous forme de prêts aux entreprises, de l'épargne privée. Voilà pourquoi, suite à une crise financière qui affecte et qui infecte les bilans bancaires, la croissance régresse sévèrement à la faveur de l'interruption du robinet du crédit. Voilà également pourquoi il n'est pas seulement important que les banques prêtent: il est aussi crucial qu'elles prêtent bien, en faveur du bon destinataire et pour les bonnes raisons !
Les banques ne prêtent quasiment plus aux entreprises
A cet égard, ne nous faisons aucune illusion car, y compris hors période de crise, les banques ne prêtent quasiment plus aux entreprises. Les années 1970 ont effectivement été témoins d'un bouleversement de la fonction originelle des banques occidentales qui ont progressivement destiné 60% de leurs crédits vers les transactions immobilières, au détriment évidemment des entreprises et des commerces. Aujourd'hui, nos banques seraient assimilables à des fonds de placement immobiliers géants qui parviennent à financer leurs opérations grâce aux dépôts de leurs épargnants. Du coup, on comprend mieux pourquoi la bonne tenue du marché immobilier est devenue vitale pour le système financier qui ne doit pourtant s'en prendre qu'à lui même. Cette croissance aberrante de la masse des crédits immobiliers (en Europe et aux Etats-Unis) conduisant évidemment aux bulles immobilières. Préoccupation de tous les instants des régulateurs et des banques centrales, l'instabilité financière provient donc - très banalement - de la masse phénoménale des crédits corrélés à l'immobilier.
Les crises financières deviennent prévisibles
Le corollaire étant qu'il est désormais relativement aisé de prédire une crise financière en mesurant la progression des endettements hypothécaires. En outre, de multiples études et recherches ont attesté sans équivoque que les récessions provoquées par des épisodes d'endettements excessifs liés à l'immobilier étaient plus longues et que les reprises qui s'ensuivaient moins spectaculaires, la crise présente des subprimes comme le gigantesque bulle espagnole étant là comme preuves suprêmes.
Une tendance orchestrée par les pouvoirs publics
Néanmoins, tout a été fait et orchestré par les pouvoirs publics pour forcer la main des banques à se montrer généreuse en termes de prêts immobiliers, comme pour motiver les achats à crédit de la part des citoyens. En effet, si les déductions fiscales accordées aux contribuables stimulent à l'évidence les acquisitions - voire la spéculation - immobilières. C'est les modifications des règles prudentielles dès les années 1970, et surtout dès 1988 (Bâle I), qui jetèrent littéralement les banques dans le précipice des crédits hypothécaires, à la faveur d'un assouplissement notable des ratios capitalistiques exigés pour toute opération immobilière, considérée nettement moins risquée par le régulateur qu'un prêt consenti à une entreprise.
Un redressement spectaculaire des crédits immobiliers aux Etats-Unis
Dès lors, il allait de soi que le système bancaire occidental canaliserait tout naturellement le gros de ses crédits vers la pierre au détriment d'autres secteurs d'activités monopolisant plus de réserves, et donc moins générateurs de profits. Voilà pourquoi l'exposition à l'immobilier des banques atteint des records potentiellement dévastateurs, y compris auprès des établissements allemands et suisses, pays où traditionnellement le nombre de propriétaires est le plus bas du monde occidental. Voilà également pourquoi, à la faveur de la reprise économique américaine actuelle, les statistiques indiquent clairement un redressement spectaculaire des crédits immobiliers (et donc du marché immobilier US) au détriment des prêts consentis aux PME.
Les PME manquent de crédit
En effet, si les entreprises de taille importante, tant aux États-Unis qu'en Europe, se financent traditionnellement sur les marchés obligataires, les PME sont pour leur part extrêmement dépendantes des prêts bancaires. Phénomène aux conséquences regrettables et pour la croissance et pour la productivité quand on sait que c'est les petites et moyennes entreprises qui sont traditionnellement les moteurs du progrès et de l'innovation au sein de nos économies intégrées. Pour faire court, les prêts hypothécaires et la préférence manifeste accordée par nos autorités à l'immobilier parasitent - et sont même aujourd'hui sur le point d'étouffer - notre croissance.
Michel Santi est macro économiste et spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience" et "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique".
Vient de publier "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.
2)Vous voulez nous refaire les subprimes
3)L'immobilier parasite ? Alors que L'Abbée Pierre parle de 10 million de gens sans logement ???
4)Comme il n'y aura pas de retraite et que, grâce à l'ISF on ne peut investir dans une entreprise, il faut bien que les gens se préparer pour leur retraite, et c'est donc l'immobilier.
5)Le gros mensonge que l'immobilier est moins cher en RFA est pipo. C'est moins cher à Berlin, certes, qui n'est économiquement RIEN, et en faillite. Partout ailleurs, c'est aussi cher qu'à Paris. Ce qui ne dérange personne.
Enfin, les crises peuvent aussi venir d'autres secteurs. On parle des prêts aux étudiants américains, quid des liquidités injectées par les banquiers centraux et qui "dorment" dans les entreprises ? Le particulier n'est pas le seul à ne pas faire circuler l'économie et les banques ne refusent pas tant de crédit que ça...
"Le secteur du bâtiment emploie beaucoup de monde, ce qui peut jouer effectivement sur la croissance"
Vous ne devez pas avoir vu beaucoup de chantiers dernièrement. Le patron de la boîte est Français, et éventuellement un chef de chantier. Pour le reste, on ne parle que très peu français sur les chantiers (encore vu sur 3 chantiers autour de mon lieu de travail). Donc l'argument de l'emploi est caduc, vu qu'ils cherchent juste à augmenter leurs marges en employant des travailleurs détachés étrangers payés au lance-pierre.
Si les entreprises ne s'endettent pas beaucoup bien que les taux soient très bas, c'est d'abord parce qu'elles n'en ont pas envie. Et pourquoi ? Parce qu'elle n'ont pas confiance dans leur développement et dans l'environnement économique.
On le constate tous les jours, les grandes entreprises spéculent sur les marchés financiers pour des rendements hautement plus rémunérateurs ou rachètent leurs propres actions
Il ne faut pas non plus s'étonner du fait qu'ils investissent dans l'immobilier plutôt que dans les entreprises : On a tant protégé les investisseurs dans la pierre contre les baisses qu'ils expliquent naturellement qu'investir dans une entreprise est risquée.
Par ailleurs , une fois propriétaire, vous avez plus de possibilités et de garanties pour obtenir un prêt à la consommation ( qui favorise la croissance). Souvent, il est préférable d'acheter car les loyers sont prohibitifs. Dans la réalité, la Bourse peut fournir les liquidités aux PME mais hélas, le capitalisme français n'est pas soutenu par les gouvernements bien au contraire, l'épargne nationale est une des plus taxées au monde.
Ah ? La majorité du prix ce sont des impôts et autres régulations, donc vous les payerai quoiqu'il arrive.
Par ailleurs un logement apporte un énorme service, donc vaut cher par définition.
Il n'y a pas de bulle immobiliere en France, ni en GB (ou les prix sont plus élevé). Comparer avec les subprime ou ça construisait à tour de bras pour loger des pauvres est du délire.
le fait qu'il soit atrophie est lie aux politiques fiscales en vigueur, au fait que tt le monde sait ou va le systeme des retraites, au fait que le batiment c'est bcp d'emplois ' pour la prochaine election' ( cf theorie des choix publiques), et a l'argent gratuit de la bce / fed..........
pour les pme le pb est ailleurs; le banquier prete en fonction de l'endettement, des fonds propres, et de la rentabilite ( je n'ose meme pas parler de scoring...)
forcement des boites sous capitalisees car l'etat fait la chasse au grand capitalistes, ca donne ce que ca donne, effet boule de neige compris!
plus prosaiquement, un banquier me disait ' pq veux tu que je prete a une boite dont je ne sais pas si elle va me rembourser et ou les actionnaires veulent me faire porter le risque sans prendre les leurs'
Ce n'est pas un problème de banques qui ne prêtent pas.
Pas 1 pb d offre, mais de demande
Mais on ne peut pas faire cette analyse hors du contexte des dernières années. Comme dit au dessus et conformément aux dire de la banque dont je suis administrateur, les banquiers ne reçoivent plus ou peu de demandes d'emprunts et luttent réellement pour atteindre leurs objectifs de prêts au entreprises.
Pourquoi ? Les PME, qui représentent la vaste majorité des entreprises et des emplois sur le territoire français - on aurait tort de confondre l'économie française et le CAC - sont peu internationalisées et ont donc leur débouchés sur le territoire français lui-même. On peut voir cette faible internationalisation des débouches en fonction des secteurs sur le site du WIOD, la petitesse de l'export dans la production totale Française par rapport à l'Allemagne par exemple (qui fait figure d'exception à ce titre) est facilement visible.
On se retrouve donc avec une chaîne logique qui lie la fourniture de prêts par les banques à l'appareil production français à la nature de ce qui est couvert par les prêts. Or prêts = souvent investissement en capacité. Or le taux d'utilisation des capacités productives en France est proche de 70%. Cela revient à dire qu'il faudrait une augmentation de 30% de la demande adressée à cet appareil productif pour que les entreprises aient besoin d'augmenter leurs capacités.
Or comme on l'a vu au dessus, la vaste majorité de la demande adressée à l'appareil productif français de petites PME provient de la demande française. Donc de la consommation intérieure.
C'est donc du côté de la demande intérieur que va se situer le facteur le plus important de la fourniture de prêts des banques aux PME. Même si les ratios prudentiels - initialement prévus pour se prémunir des risques issus du développement de l'économie financière aussi rentable que risquée - n'incitent pas les banques à prêter aux entreprises en termes de production plus qu'en immobilier.
Et de plus, le secteur du bâtiment est très intensif en main d'oeuvre. Cela signifie que les prêts dirigées vers l'immobilier neuf vont entraîner des embauches comparativement très importantes pour la même quantité de capital débloqué initialement ... ce qui va avoir des effets retours très importants non seulement sur les secteurs associés au bâtiment (50% de la dépense totale dans le bâtiment alimente les autres branches de l'économie française sous forme de consommation intermédiaires) mais également sur la consommation finale française et donc sur la demande adressée à tout le secteur productif français.
Sans dire que les ratios prudentiels n'ont pas d'effet, ils apparaissent très mineur en comparaison des effets de la demande intérieure sur le volume d'emprunts demandés à l'heure actuellement par l'appareil productif. Et quand on tire le fil pour voir l'impact retour des prêts à l'immobilier sur la consommation, on ne peut s'empêcher de penser que les effets des prêts à l'immobilier ont un effet bénéfique pour tout le reste de l'économie.
Marre des enrichis sans cause de l'immobilier qui expliquent qu'il est bon pour le bâtiment que papi amasse sur une assurance vie le capital d'un ménage qui pourrait rénover un logement en l'absence de bulle.
C'est un non sens économique qui n'a qu'une explication : Les enrichis sans cause de la bulle immobilière forment un grand groupe d'électeur (les mêmes qui échappent aux efforts en matière de pension de retraite et de dépenses superflues de santés telles les cures).
Aucun "enrichissement", simplement les impôts, taxe, réglementation, travaux obligatoire augmentent sans cesse, ce qui évidement se répercute sur les prix finaux, mais n'enrichie en rien les propriétaire qui n'ont pas un metre carré de plus, paye plus de taxe, et ne peuvent déménager, vu les prix...
N'importe quoi. L'épargne des français finance la dette de l'Etat. Elle est donc indisponible, sauf à ce que l'Etat rembourse..
Les autres pays on des fonds de pension, donc de l'épargne : faut pas racontez n'importe quoi.
"Alors et si le problème n'était pas la crédibilité structurelle de l'entreprise française?"
Oui, l'entreprise France est en faillite. Personne ne va investir pour payer 57% de taxe : le monde est vaste.