Il y a quelques semaines, avec 250 chefs d'entreprises et élus, j'ai signé un appel au boycott de la COP28 de Dubaï. Nous annoncions que, contrairement aux années précédentes, nous refusions de nous rendre à la COP cette année. Et les premiers échos en provenance des Émirats semblent nous donner raison, tant est palpable la déception des militants du climat qui espéraient décrocher la seule mesure susceptible de lutter efficacement contre le réchauffement climatique, à savoir une sortie organisée des énergies fossiles.
En réalité, on savait à quoi s'attendre dès le 21 novembre dernier quand le Président du sommet le Sultan Al Jaber déclarait qu'« aucune étude scientifique, aucun scénario, ne dit que la sortie des énergies fossiles nous permettra d'atteindre 1,5 °C. » Des propos révoltants, à la limite du climatoscepticisme. Comme lors des éditions précédentes — mais à un degré encore jamais atteint — les lobbyistes des énergies fossiles ont paralysé les débats : en 1995 à Berlin, la COP comptait seulement 11 représentants des énergies fossiles. Ils étaient 503 à Glasgow en 2021, 636 à Charm El-Cheikh en 2022 et ils sont... 2.456 à la COP28 à Dubaï aujourd'hui.
Dans cette lente dérive, la COP21 de Paris aura été la dernière édition véritablement réussie, avec un accord final ambitieux, une coordination de toutes les énergies et un alignement réussi entre scientifiques, chefs d'entreprises, associatifs et responsables politiques. Un succès qui ne s'est jamais renouvelé.
Un modèle dépassé
Ces derniers mois, dans l'espoir que cette Cop aboutisse à un accord ambitieux, les grandes associations environnementales et de très nombreux responsables politiques ont refusé de reconnaitre que la rutilante citée du golfe n'était pas la ville adéquate pour promouvoir la sobriété énergétique. Et malgré tous ces efforts et tous ces faux semblants, cette COP s'oriente vers un échec puissant. Mais maintenant, que faire ?
Est-il toujours aussi utile et pertinent de réunir plus de 70.000 personnes, chaque année, pour si peu de résultats ? Et quel message envoyons-nous en gaspillant des centaines de millions de dollars dans l'organisation de pompeux symposiums de plus en plus inutiles ?
Un sommet tous les trois ans regroupant sur plusieurs jours tous les grands sujets environnementaux cruciaux — climat, biodiversité, eau — ne serait-il finalement pas plus adapté ? Quant à la forme des accords conclus, là encore, sachons innover : chaque année, les COP visent des accords consensuels entre 196 États. Mais le monde se réduit-il à une somme de gouvernements ? Quid des entreprises ? Quid de la société civile ? Quid des autorités infranationales ? Ces grands accords, pour être plus opérationnels sur des actions bien précises, devraient faire intégrer parmi les négociateurs et cosignataires tous ces multiples acteurs qui, eux aussi, changent le monde... peut-être même le changent-ils davantage que les États !
Nous n'avons plus le luxe d'attendre sagement d'autres échecs. Dans tous les recoins de la planète, les changements de températures bouleversent les écosystèmes, déséquilibrent les saisons, affectent durement les cultures et de plus en plus de secteurs économiques, font monter les tensions sur l'accès à l'eau, font dépérir nos forêts, et transforment nos modes de vie. Face à ces changements subis et violents auxquels nous faisons face, comme l'ont fait les initiateurs de la démarche appelée « Boycop28 » osons bousculer les institutions, les grands rendez-vous et les sommets diplomatiques.
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