La Région Île-de-France a le taux de mortalité infantile le plus élevé de l'Hexagone

OPINION. La mortalité infantile fait partie, dans l'esprit des Français, de ces problèmes d'un autre temps. Pourtant, elle augmente depuis plusieurs années. Par Hadrien Laurent et Stéphanie Le Meur (*)
(Crédits : DR)

Entre 1980 et 2020, la France est passée de la 5e à la 18e position en matière de mortalité des enfants de moins d'un an. A l'heure où le président de la République parle, maladroitement, de « réarmement démographique » et que le déclin du taux de natalité s'accélère, il s'agit plus que jamais de prendre le sujet de la mortalité infantile à bras-le-corps.

En 2012, 3,32 bébés sur 1.000 décédaient avant leur premier anniversaire. En 2019, 3,56. L'évolution peut certes sembler mince, mais alors que ce taux ne faisait que diminuer depuis deux siècles, on assiste aujourd'hui à une trajectoire inverse, bien inquiétante. Ces chiffres reflètent une réalité nationale qu'il convient d'examiner plus précisément pour comprendre où, en France, se situent les zones avec un taux de mortalité infantile élevé.

Une étude de 2022 a montré qu'en Île-de-France, pourtant la région la plus riche de France, les bébés meurent plus que dans le reste de l'hexagone. Sur les vingt dernières années, le taux de mortalité y était près de 10% plus élevé. En Seine-Saint-Denis notamment, près de 5 bébés sur 1.000 décèdent avant leur premier anniversaire, avec un écart qui tend à se creuser depuis une dizaine d'années.

Ce drame sanitaire et humain n'est pas dû au hasard ni à la fatalité. La précarité économique et sociale joue pour une grande part dans cette évolution, notamment dans les départements franciliens les plus pauvres. Le manque d'accès aux soins primaires, notamment pédiatriques, est un des facteurs renforçant la mortalité infantile.

Le programme « Réduction de la mortalité infantile »

Or l'Île-de-France est le premier désert médical de l'hexagone, avec plus de 60% de la région faiblement dotée en professionnels de santé. Ce chiffre monte à 84% pour la Seine-et-Marne et 93% pour la Seine-Saint-Denis. La pollution en Île-de-France n'arrange rien au problème de santé infantile, et la lutte contre les perturbateurs endocriniens - retardée depuis tant d'années - doit à ce titre constituer une priorité.

Il n'y a pas de fatalité dans cette dangereuse trajectoire. Entre 2012 et 2014, l'ARS avait lancé un programme « Réduction de la mortalité infantile », qui n'a pas été poursuivi les années suivantes. Il préconisait notamment un dépistage plus en amont des pathologies des femmes enceintes et le repérage des femmes en situation de précarité. Le taux de mortalité avait d'ailleurs diminué pendant la durée du programme, mais il est remonté ensuite.

Un nouveau programme doit être mis en place, en coordination entre l'État et la Région Île-de-France. Le PRS 3 (projet régional de santé) prévoit plusieurs dispositifs pour lutter contre cette mortalité infantile. Le groupe Socialiste, Écologiste et Radical propose quant à lui de nombreuses mesures notamment contre les déserts médicaux pédiatriques. Des initiatives rejetées par la majorité régionale de Valérie Pécresse. Nous l'appelons donc au sursaut sur ce qui constitue un défi générationnel que nous devons relever collectivement. Les enjeux partisans n'ont pas lieu d'être lorsqu'il est question de la santé de nos enfants.

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(*) Stéphanie Le Meur est Conseillère régionale depuis 2021, elle siège au sein de la Commission Santé. Elle est également adjointe au Maire dans la commune de Moissy-Cramayel
Hadrien Laurent est Conseiller régional depuis 2021, il siège au sein de la Commission Action sociale, Famille, Handicap. Il est Secrétaire général du PRG (Parti Radical de Gauche)

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Commentaires 4
à écrit le 21/02/2024 à 9:41
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"on assiste aujourd'hui à une trajectoire inverse, bien inquiétante" : Faut pas faire du catastrophisme, la mortalité infantile ne pouvait pas baisser indéfiniment, et il faut bien qu'il y ait une région première dans ce domaine. Le progrès n'est pas...

le 21/02/2024 à 10:03
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"la mortalité infantile ne pouvait pas baisser indéfiniment" Et pourquoi !? C'est sûr elle ne pouvait pas descendre en dessous de zéro mais avec tous les sacrifices que les peuples font à leurs dirigeants incompétents que ce chiffre finisse par zéro ...

le 22/02/2024 à 1:14
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Pour Charlie : il faut peut-être lire l'article : on est passé de la 5 ième à la 18 ième place. C'est juste le marqueur de l'incompétence qui se manifeste partout dans la société française, et dont certains s'accommodent fort bien, puisque c'est d'...

à écrit le 21/02/2024 à 8:38
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C'est en effet un indice important afin de mesurer l'évolution d'un pays mais quand on voit comme le système français de santé a été dévasté par la dictature financière on peut se dire quand même que nous avons de très bons médecins, infirmières et a...

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