Le Comité Social et Economique : l’opportunité de transformer le pacte social, l'entreprise et la société

NE NOUS FÂCHONS PAS! Chaque semaine, l'Odissée (*) présente une chronique proposant un Discours de la méthode 2 ! Aujourd'hui : Le Comité Social et Economique, l’opportunité de transformer le pacte social, l'entreprise et la société

L'Objet social de l'entreprise n'est pas sa propre croissance ni ses propres profits : statutairement, sa vocation est de rendre un service utile. Son objectif est de donc servir et non pas de se servir. Son résultat n'est que la conséquence de son engagement dans sa mission au service des autres.

La vocation de l'entreprise : servir le Bien commun

Le client solide est celui que l'on satisfait durablement, celui dont on sait prendre en compte les besoins immédiats et à long terme. La réussite durable repose donc sur un lien fidèle tissé sans discontinuer. Renouveler sans cesse cette confiance suppose donc, outre des compétences techniques, marketing ou encore financières,  de donner des gages tangibles d'implication pour des valeurs partagées à tous ses interlocuteurs, qu'ils soient salariés, clients, fournisseurs ou actionnaires.

L'entreprise citoyenne

Pour durer, une entreprise s'inscrit dans son environnement : responsable des territoires où elle opère, elle conjugue ses objectifs de profits avec les conséquences de ses actes. In fine, elle vise à contribuer au Bien commun.

- Une posture : l'entreprise citoyenne traite tous ses interlocuteurs en adultes responsables, à égalité de capacité d'analyse et d'innovation. Elle les associe à ses réflexions sur des sujets d'intérêt partagés pour construire ensemble un avenir meilleur.

- Une pratique : l'entreprise citoyenne assimile l'être au paraître. Elle met en adéquation son discours avec son rôle social et son fonctionnement relationnel. Elle intègre les enjeux de société dans son projet. Toutes ses actions sont ainsi imprégnées de cette volonté de contribuer à la recherche du Bien commun.

En rendant un service utile au consommateur, l'entreprise répond directement à un besoin. Mais, c'est en s'attachant à répondre aux attentes indirectes de toutes ses parties prenantes (personnes, entreprises, société dans son ensemble, planète), qu'elle construit sa dimension citoyenne.

La force du  projet de l'entreprise suppose l'actualisation continue d'une même vision des enjeux passés, présents et à venir avec ses parties prenantes internes et externes. Pour cela, il est indispensable de donner à tous ses interlocuteurs la possibilité de contribuer à l'optimisation permanente et de sa déclinaison au quotidien.  Les dirigeants de l'entreprise, doivent donc adopter une stratégie de management durable, véritable posture personnelle de reconnaissance de chaque personne et de chaque information à travers des processus de dialogue permanent renforçant la spirale du respect mutuel.

Président :
Organiser le dialogue sur la vision

Le Président de l'entreprise devra appliquer le Processus W sur des sujets relevant du rôle social, de la raison d'être de l'entreprise, tel qu'il est défini dans son Objet social. Il associera des personnalités extérieures, ainsi que l'ensemble des parties prenantes concernées par l'avenir de l'entreprise, son rôle et ses impacts dans la cité et dans ses territoires de proximité.

Directeur général :
Organiser le dialogue sur le
Réussir ensemble

Si le Président donne les orientations à long terme, le Directeur général prend les décisions opérationnelles à court terme. A lui d'assumer et faire assumer toutes les contraintes économiques, sociales et environnementales. Pour construire des arbitrages compris par tous, il devra organiser des Processus W avec ses collaborateurs et interlocuteurs sur les modes de production des produits et offres de l'entreprise.

Directeur des Ressources Humaines :
Organiser le dialogue sur le
Vivre ensemble

Le DRH devra déployer des Processus W qui organisent la participation effective des salariés à la recherche de solutions sur tous les vecteurs de relation de l'Entreprise - Société et Entreprise - Salariés.

1% de formation : formation pratique à la citoyenneté

Comment maîtriser son parcours sans comprendre les mécanismes économiques, sociaux et financiers ...? Pour tous les collaborateurs, une perception plus fine du contexte dans lequel leurs entreprises et eux-mêmes interviennent est indispensable à la conduite de leur vie personnelle et professionnelle. L'entreprise devra donc consacrer à la formation à la citoyenneté une partie des sommes qu'elle est légalement astreinte à dépenser au titre du 1,6% formation. Si une formation théorique donne accès à des modèles, une formation-action les ancre dans les comportements. Il convient donc de prévoir des travaux pratiques en instaurant concrètement la participation des collaborateurs sur ces mêmes enjeux.

Directeur de la communication et du Marketing : 
Organiser le dialogue sur les produits et services

Certaines entreprises mènent des actions de mécénat consistant à mettre en adéquation leur projet et leur image avec des questions de société, alors même qu'elles pourraient consacrer l'ensemble de leurs budgets de communication à vanter leurs produits. C'est déjà mieux que beaucoup. Mais cela reste encore hors sujet : l'entreprise citoyenne va plus loin et associera les citoyens, à travers des Processus W, à la recherche de solutions aux problèmes de société qui relèvent de son Objet social. Elle construira ainsi un mécanisme de recherche citoyenne participative qui anticipera les besoins et permettra la mise au point de nouveau produits et services.

Comité Social et Economique de l'entreprise :
Devenir l'organisateur du débat

Dans leur plus grande part, les Comités d'Entreprise (CE) ont le plus souvent consacré la plus grande partie de leur budget aux voyages, fêtes et cadeaux de fin d'année. L'essentiel de leur activité n'est pourtant pas là. A l'occasion de multiples consultations prévues par la loi, ils pouvaient faire en sorte que chacun des collaborateurs participe constructivement à l'amélioration de l'ensemble de l'activité de l'entreprise. Dans leur immense majorité : ils ne l'ont pas fait !

Le Comité Social et Economique de l'Entreprise reprend le rôle du Comité d'Entreprise

« Le comité d'entreprise permet aux salariés de participer à la vie de l'entreprise. Le comité d'entreprise contribue également au bon fonctionnement de celle-ci en formulant des avis et propositions sur des sujets économiques et socioprofessionnels de l'entreprise que le chef d'entreprise peut prendre en compte. »

« Les institutions représentatives du personnel », Ministère du Travail, de l'Emploi et de la Formation Professionnelle La Documentation Française, 1994, Page 63.

Ainsi, la naissance des Comités Social et Economique est l'occasion de procéder à la mise en œuvre de vrais dialogues à travers des Processus W sur tous les thèmes qui relèvent des conditions de réussite de leur mission légale. Par exemple : Quels objectifs ? Quels investissements ? Quels produits ? Quel positionnement? Quelle stratégie ? Quelles relations ? Quel(s) projet(s) de territoire(s) ? Etc.

Pour être efficaces, les débats doivent être ouverts à l'ensemble du personnel (salariés, encadrement et direction) mais également à des acteurs extérieurs à l'entreprise, issus des sphères économique, politique, sociale, universitaire... Chaque expertise et statut doit être représenté de façon équitable pour garantir le partage des expériences, analyses et idées de tous. Les parlementaires et élus locaux devront être invités à assister à ces dialogues organisés non pour défendre leur agenda politique, mais pour affirmer leur posture d'écoute et leur pratique de vrai dialogue.

Chaque participant, interne ou externe à l'entreprise, doit être valorisé pour chaque instant passé et chaque information apportée à la réflexion collective sur la recherche de l'intérêt général : les CV citoyens doivent devenir un outil de management quotidien de l'épanouissement individuel et collectif, support du suivi de tous les dialogues.

Salarié : Alimenter son CV citoyen en continu

La participation du salarié au dialogue sur les orientations socioprofessionnelles et économiques de l'entreprise lui permettra d'aiguiser sa responsabilité et sa solidarité vis-à-vis de :

> Son entreprise :

  • Sensibiliser à l'ensemble des contraintes et opportunités de chacun,
  • Elever le débat dans la complexité et victoire des projets à long terme,
  • Inventer de nouveaux produits et services, de nouvelles relations entre ses parties prenantes.

> Lui-même :

  • Définir la mission au service d'autrui qu'il estime la plus importante,
  • Chercher un emploi non plus en fonction de ses seuls besoins de rémunération et de statut social,
  • Choisir une entreprise dont le projet qualitatif est le plus proche de ses aspirations personnelles.

> La société :

  • Inscrire son implication dans le long terme,
  • Assumer son propre développement durable,
  • Devenir l'artisan de son employabilité.

Mieux engagé dans son entreprise et dans son travail, le salarié maîtrisera mieux son destin individuel et collectif. Il renforcera sa contribution à l'édifice commun qui, en retour, sera en mesure de renforcer sa rémunération et ses responsabilités. Le salarié ne doit donc plus seulement chercher à avoir le meilleur CV possible, mais aussi à nourrir son CV citoyen qui présente ses valeurs, pratiques et engagements au service des autres.

Comprendre et développer la Personne, l'Entreprise, la Société

Ainsi, le dialogue de l'entreprise avec ses parties prenantes lui permettra d'activer la force créatrice de tous pour tous :

  • Embrasser une plus grande quantité d'informations,
  • Elever son niveau de compréhension des enjeux,
  • Développer son adhésion aux choix professionnels et sociétaux à l'élaboration desquels il aura participé.

L'organisation méthodique d'un vrai dialogue dans l'entreprise permettra à chacun de participer à la compréhension et au développement de sa personne, son entreprise et la société dans son ensemble !



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NOTES

(*) Afin d'éviter les écueils des faux dialogues générateurs de suspicion, de rupture et de conflits, La Tribune ouvre ses colonnes à l'Odissée. Pilotée par son directeur et expert de la dialectique, Jean-François Chantaraud, la chronique hebdomadaire « Ne nous fâchons pas ! » livrera les concepts, les clés opérationnelles de la méthode en s'appuyant sur des cas pratiques et sur l'actualité.

L'Odissée, l'Organisation du Dialogue et de l'Intelligence Sociale dans la Société Et l'Entreprise, est un organisme bicéphale composé d'un centre de conseil et recherche (l'Odis) et d'une ONG reconnue d'Intérêt général (les Amis de l'Odissée) dont l'objet consiste à "Faire progresser la démocratie dans tous les domaines et partout dans le monde".

Depuis 1990, l'Odissée conduit l'étude interactive permanente Comprendre et développer la Personne, l'Entreprise, la Société. Dès 1992, elle a diffusé un million de Cahiers de doléances, ce qui l'a conduit à organiser des groupes de travail regroupant des acteurs des sphères associative, sociale, politique, économique qui ont animé des centaines d'auditions, tables rondes, forums, tours de France citoyens, démarches de dialogue territorial et à l'intérieur des entreprises.




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Commentaire 1
à écrit le 11/09/2019 à 13:08
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