Le numérique au secours de l'éducation ? Un bilan de l'année 2021

OPINION. Couvre-feux, télétravail et classes fermées ont continué de rythmer cette deuxième année de crise sanitaire. Le constat dressé par la Banque mondiale est sans détours : "La COVID-19 a provoqué la pire crise de l'éducation et des apprentissages depuis un siècle". Face aux conséquences de la pandémie, les solutions numériques éducatives restent donc sur le devant de la scène, perçues comme des palliatifs aux nombreux préjudices causés par la COVID-19 sur l'éducation. Quel bilan EdTech peut-on faire de cette deuxième année houleuse pour les parents et pour les enfants ? Par Amélia Matar, CEO Colori.
(Crédits : Reuters)

Avec cette crise, force est de constater que le numérique a montré qu'il pouvait se rendre utile à toutes les matières. Tout d'abord, aux apprentissages fondamentaux qui bénéficient de l'apport de nombreuses applications pour simplifier les acquisitions voire les rendre désirables. Par exemple, avec Plume, les élèves ne s'arrêtent plus aux simples rédactions mais peuvent se rêver en écrivains, éditer leurs textes et recevoir chez eux le livre dont ils sont en partie l'auteur. Pour les élèves souffrant de troubles des apprentissages, Mobidys offre une palette d'outils numériques qui soulagent "la charge cognitive des DYS" et leur facilitent ainsi l'accès à la lecture. Dans le domaine des langues étrangères, Holy Owly s'est imposé comme un incontournable de l'initiation à l'anglais des plus petits via de la reconnaissance vocale et des parcours adaptés.

Une porte ouverte à d'autres disciplines, essentielles elles aussi

Mais bien au-delà de ces enseignements, le numérique ouvre le spectre de l'éducation à d'autres disciplines, encore trop peu considérées à l'école. C'est ainsi qu'avec Soft Kids, les enfants vont pouvoir travailler leur persévérance ou leur confiance en soi qui sont tout aussi précieuses à l'épanouissement cognitif des enfants que les compétences purement scolaires. Comment réussir en français si on doute de soi ? Comment aller au bout d'exercices épineux sans persévérance ? Attention car, si excellentes soient-elles, toutes ces applications requièrent de passer du temps derrière les écrans. Il convient donc, en tant qu'adultes, de contrôler, d'accompagner et préserver des moments (de longs moments) loin des écrans.

Les robots ont le vent en poupe

Cette année s'est aussi traduite par la percée de l'offre autour des robots éducatifs. Événement notable des dernières semaines : Winky, le robot fabriqué en France, qui initie les enfants de 5 à 12 ans à la programmation, est allé beaucoup plus loin en lançant un métaverse via une ICO (Initial Coin Offering, levée de fonds s'appuyant sur la blockchain). L'objectif de ce développement est d'élargir les contenus éducatifs destinés aux enfants. De son côté, le projet Leka, conçu pour les enfants qui présentent un trouble du spectre de l'autisme, connaît un regain de vitalité et annonce le déploiement de mille robots ces prochains mois.

L'institution au service de l'inclusion

Face à toutes ces innovations, l'Éducation Nationale n'est pas en reste. Après une phase pilote, le programme TED-i, qui met à disposition des établissements des "dispositifs innovants de télé-éducation inclusive", se déploie sur le territoire national jusqu'à fin 2022. Près de 4.000 systèmes de téléprésence robotisés seront mis en place dans les classes pour permettre aux élèves malades de suivre en direct les cours. En parallèle, le réseau Canopé, éditeur de ressources pédagogiques qui dépend du ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, développe le dispositif Territoires numériques éducatifs. Cette initiative remarquable vise à accompagner les enseignants dans la transformation des pratiques scolaires, accélérée par la crise sanitaire. Notons aussi l'appel à projets Numérique Inclusif, Numérique Éducatif de la banque des Territoires, dont l'objectif est de favoriser le développement de projets numériques inclusifs sur tout le territoire français (plusieurs vagues d'appels à projet sont prévues ces prochains mois).

Bref, le numérique rebat les cartes de l'éducation des enfants et la crise actuelle hâte l'adoption de nouveaux outils par les parents, par les enseignants et par les enfants. Cette avalanche de nouveautés peut sembler vertigineuse et exige de l'adulte de prendre le temps de sélectionner les contenus adaptés. Suggestion fantasque pour conclure ce bilan : durant cette période de réunions familiales, laissons pour quelques jours la technologie de côté, et savourons pleinement le plaisir d'être ensemble et la joie de ralentir.

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Commentaires 4
à écrit le 03/01/2022 à 9:34
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Le contresens est total ! Le numérique, fait sociétal total, culturel et paradigmatique, n'est au service ni au secours de quoi que ce soit.

à écrit le 31/12/2021 à 11:28
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J'espère que les profs ont bien compris que le distanciel/educ à distance/EdTech etait le test grandeur nature du volet "éducation" de la plus grande opération de reingenierie sociale de l'histoire humaine. Et qu'avec quelques améliorations, sur les...

à écrit le 31/12/2021 à 10:15
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Ne retenir de cet article que la suggestion fantasque. Le constat est implacable, rien ne peut remplacer le contact humain. Dans tous les domaines de la vie. Si nous n'y prenons garde, les générations futures ne seront guère plus humaines que des ro...

à écrit le 31/12/2021 à 9:02
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Un mal nécessaire mais un mal quand même maintenant de la part l'incompétence généralisée de notre classe dirigeante et sa bêtise crasse on ne peut que craindre que cela se reproduise, se multiplie afin que ce mal là aussi devienne permanent. Plus c'...

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