Les entreprises sommées de décarboner leur activité

OPINION. Acteurs clés de la transition énergétique, les entreprises ont aujourd'hui le devoir de décarboner leur activité. Il en va de la lutte contre le réchauffement climatique mais aussi, de façon moins altruiste, de leur image et de de leur capacité à attirer clients, partenaires et talents. Si les efforts à consentir apparaissent différents entre petites et grandes entreprises, et entre secteurs d'activité, le renforcement de la réglementation impose un agenda serré. Par Maxime Guibet, Consultant manager chez Lamarck Group
(Crédits : DR)

Côté réglementaire, la Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) exige des entreprises de préciser les implications sociales, environnementales et sociétales de leurs activités. Document d'autant plus important que l'European Financial Reporting Advisory Group (EFRAG) a publié le 22 novembre 2022 ses normes de reporting extra-financier, appelées ESRS (European Sustainability Report Standards).

L'objectif : améliorer la comparabilité et la fiabilité de la DPEF existante. Une révision qui s'inscrit dans le cadre du « Pacte Vert Européen » et de la publication de la CSRD (Corporate Sustainable Reporting Directive). Elle vise plus de 50 000 entreprises en introduisant une obligation de reporting en matière de durabilité fondée sur le principe de la double matérialité - d'une part l'estimation des enjeux ESG sur la base de leur impact sur l'entreprise et d'autre part sur l'impact que l'entreprise peut avoir sur l'environnement et la société. A tout cela, s'ajoute en France l'obligation pour les entreprises de plus de 500 salariés de réaliser un bilan d'émissions de gaz à effet de serre (BEGES ou bilan GES).

Garantir une collecte de données de qualité pour un bilan carbone fiable

Cette imposante réglementation soulève un problème crucial : comment mesurer son bilan GES alors que nous manquons de référentiels précis pour le mener à bien ? Un exercice d'autant plus périlleux qu'il doit couvrir le scope 1 (les émissions directes de l'entreprise), le scope 2 (ses émissions liées à l'électricité et à la chaleur achetées) mais aussi le scope 3 qui réunit toutes les émissions indirectes, en amont, comme en aval de l'entreprise.

S'il existe des outils performants pour réaliser une mesure des rejets de GES, la difficulté réside dans la collecte de données. Il convient pour les entreprises d'en faire une priorité, ce qui n'est pas encore assez souvent le cas. Car avec des données de qualité, un bilan solide peut être effectué en quelques semaines. Lequel pourra être validé par un cabinet de certification indépendant pour éviter tout procès en « greenwashing ».

Différents leviers d'action pour réduire les émissions de CO2

Sur la base de ce rapport, une phase analytique permettra de déterminer les postes qui consomment le plus. Ils s'avèrent très variés suivant le secteur d'activité : ils relèvent essentiellement du scope 1 dans l'industrie mais davantage du scope 3 dans les services. En face de chaque poste, des mesures doivent être prises pour réduire les rejets de CO2, ce qui suppose une connaissance intime du fonctionnement de l'entreprise et une organisation adaptée.

Et il existe beaucoup de leviers pour agir ! Il est possible d'intervenir sur les déplacements domicile/travail en encourageant le télétravail. Bien sûr il faut aussi s'intéresser aux fournisseurs, en privilégiant les circuits courts et en les incitant à réduire leur propre bilan carbone. Pour les institutions financières, leur engagement passe par le financement de projets durables. Dans l'industrie, l'efficacité énergétique et l'électrification des chaines de production constituent des solutions efficaces.

L'impératif d'un management engagé

L'implication de la direction apparait nécessaire pour réaliser des progrès tangibles. Des dirigeants engagés sauront entrainer l'entreprise dans une direction vertueuse. A l'inverse, une culture centrée sur des critères de performance purement financiers, ou une direction climato-sceptique sera moins incitée à investir pour la décarbonation de l'entreprise. Une frilosité qui peut coûter cher. Car si elle implique des investissements, la décarbonation rime aussi avec économies : la facture énergétique s'allège, les process sont optimisés.

Sur un marché carbone où les prix sont structurellement conçus pour grimper, réduire ses rejets permet aussi de revendre des surplus de quotas ou de diminuer ses achats. Même le financement de l'entreprise peut être impacté positivement par des efforts sur l'émission de GES grâce aux obligations vertes. Dès lors, la décarbonation de l'activité des entreprises apparait plus que jamais nécessaire.

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