Macron, ministre de l'économie : un premier bilan

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, le bilan d'étape de la stratégie d'Emmanuel Macron.
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi. / DR

Voici un peu plus de 9 mois qu'Emmanuel Macron est arrivé à la tête du ministère de l'économie, de l'industrie et du numérique. Les premiers mois de son ministère ont bien sûr été marqués par la loi qui porte son nom et qui a occulté le reste. Elle, a fait de lui le symbole du tournant libéral de la présidence Hollande.

Je ne suis pas certain pour autant que cette mosaïque législative, avant tout pragmatique et soucieuse de toiletter notre droit pour faciliter la vie des affaires soit la plus emblématique de son action.

Car c'est finalement plus par sa capacité à donner du sens  aux instruments légués par ses prédécesseurs, en les mettant en phase avec une vision contemporaine de la transformation de l'économie française qu'Emmanuel Macron imprime sa marque.

Loin du fourre-tout de la loi qui porte son nom, qui  ferait de lui un ministre gadget de la doxa libérale, destiné à séduire Bruxelles, Emmanuel Macron est en train de s'affirmer comme ministre de l'industrie. Instillant au sein de l'Etat une philosophie d'action, défendant une vision longue qui nous sort du registre colbertiste défensif et industrialiste habituel.

De ces premiers mois, 3 choses à retenir

D'abord peut-être sa rapidité à dégainer un dispositif de soutien à l'investissement.  Au bon moment. C'est à dire au moment où les anticipations de demande s'améliorent et que s'amorce une reprise. Avec notamment un dispositif de suramortissement fiscal   assez peu coûteux, puisque étalé sur 5 ans, mais qui permet néanmoins aux entreprise d'économiser 13% de leur coût pour les investissements engagés entre avril 2015 et 2016. Un dispositif qui pourrait s'avérer très efficace et peut-être même décisif, dans le contexte où il a pris place.

Je mettrai ensuite en avant la volonté de jouer la double partition de l'entrepreneuriat et des groupes, en en faisant deux piliers complémentaires de notre renouveau industriel. Avec d'un côté le gonflement plusieurs enveloppes de la BPI destinées à favoriser le développement des PME. De l'autre, la volonté d'adapter notre fiscalité pour favoriser l'ancrage des centres décisionnels. Et surtout le plaidoyer en faveur d'un État actionnaire actif.

L'ancien banquier d'affaire ne veut pas se contenter de veiller aux joyaux de la couronne. Mais entend prendre une part active dans le jeu de recomposition permanente des portefeuilles d'actifs de nos grands groupes : en jouant la partition défensive s'il le faut à travers le double droit de vote, ou la partition offensive, n'hésitant pas à recomposer les participations de l'État et à en retirer les bénéfices.

Il y a enfin la tentative de développer une nouvelle grammaire de la politique industrielle avec le lancement le 18 mai de la seconde phase de la Nouvelle France Industrielle. La politique industrielle ne peut plus se concevoir autour de la seule industrie, de grandes filières, ou de quelques champions. Mais elle perd en lisibilité lorsqu'on la décline autour des produits du futur ce que faisait le premier projet de la Nouvelle France Industrielle. Or en proposant de la structurer autour de 9 grandes solutions, la ville durable, la mobilité, la santé etc. le ministre vient de franchir un cap important. Car c'est bien en associant l'Etat, les collectivités, le citoyen, l'entreprise à l'éclosion de nouveaux usages que s'opérera la mue de notre appareil productif.

 Un renouveau industriel

Autre pas important : le numérique et la transition écologiques sont affirmés comme des enjeux transversaux. Qui concernent toutes les entreprises. Il ne s'agit ni de secteurs, ni même de filières. Mais de la matrice même du renouveau industriel. Un renouveau qui passe par une meilleure diffusion de la robotique, de la digitalisation, l'invention de business models, nous ne cessons d'en parler sur Xerfi Canal à travers l'Iconomie. Bref, notre ministre libéral pourrait bien s'affirmer peu à peu comme le premier depuis longtemps à assumer une politique industrielle active qui ne soit pas sortie d'un magasin d'antiquité.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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