N'oublions pas ce que nous devons à l'Europe !

OPINION. Le 9 juin prochain, en France, c'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu. Ne nous laissons pas tromper par les discours populistes de ceux qui veulent faire de l'Union européenne un bouc émissaire responsable de tous nos maux. Et qui, se complaisent dans les fausses promesses et les beaux discours. Par Shannon Seban, élue locale à Rosny-sous-Bois en Seine-Saint-Denis et Présidente du parti Renaissance dans ce département (*)
(Crédits : DR)

À Bondy, en Seine-Saint-Denis, ce sont près de 25 entreprises et des centaines d'emplois qualifiés qui ont pu être créés grâce à l'accompagnement de l'incubateur Bond'Innov, financé par l'Union européenne. À La Capelle, dans l'Ain, c'est une nouvelle Maison de Santé qui accueille médecins généralistes et infirmières qui a pu voir le jour. Dans la Manche, c'est l'Abbaye du Mont-Saint-Michel, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a pu être restaurée. En Guadeloupe, c'est le lycée Baimbridge, le plus grand de France, qui a pu être rénové pour se conformer aux normes parasismiques. Et la liste est longue... De l'éducation, au logement, en passant par la santé et la culture : l'Union européenne agit concrètement pour améliorer notre quotidien et n'est pas l'affaire de technocrates déconnectés et bunkérisés à Bruxelles. L'Europe, c'est une chance : il faut le savoir et le faire savoir.

Alors oui, il faut aussi l'admettre, l'Union européenne est loin d'être parfaite. Le président de la République Emmanuel Macron l'a d'ailleurs lui-même reconnu dès 2017, avec beaucoup de lucidité, en appelant, dans son discours de la Sorbonne à « la refondation d'une Europe souveraine, unie et démocratique ». Trop lente et parfois trop administrative, elle a bien sûr ses insuffisances et ses lacunes. Mais arrêtons-nous un instant sur l'exemple du Royaume-Uni dont le divorce avec l'Union européenne a été acté par référendum il y a quatre ans. Isolée, l'économie britannique semble tanguer sévèrement entre récession, pénurie, et inflation. Selon un rapport de Cambridge Econometrics, commandé par la mairie de Londres et dévoilé en janvier 2024, le Brexit aurait coûté 162 milliards d'euros à l'économie britannique et la perte de deux millions d'emplois dans le pays. D'ailleurs, ne parle-t-on pas aujourd'hui d'un « Bregret », contraction de Brexit et regret, pour désigner le sentiment d'une nette majorité des Britanniques qui regrettent d'être sortis de l'Union européenne ? Le constat est clair : nous avons tout à gagner à être pro-européens et à préférer une Europe imparfaite à « pas d'Europe du tout ».

Le 9 juin prochain, dans l'isoloir, les questions que nous devrons tous nous poser à la fois très simples et très sérieuses : Que serait aujourd'hui la France sans la mise en place du marché unique qui a conduit au développement des échanges ? Que seraient aujourd'hui nos régions sans le financement à hauteur de 9,1 milliards d'euros du FEDER (fonds européen du développement régional) ? Que serait aujourd'hui notre agriculture sans les 10 milliards d'euros par an dont bénéficient près de 450 000 agriculteurs dans notre pays dans le cadre de la PAC (Politique agricole commune) ? Que seraient devenues nos entreprises sans le plan de relance européen mis en place pour faire face, de façon très rapide, à la crise de la Covid-19 ? Enfin, que serait aujourd'hui l'Ukraine sans les 85 milliards d'euros d'aide financière déjà fournis par l'UE depuis le début l'offensive russe ? N'oublions pas ce que nous devons à l'Europe. Cette Europe qui permet à la fois, aujourd'hui, de peser face aux grandes puissances et d'améliorer concrètement notre quotidien. De protéger nos agriculteurs. De financer des logements. De construire des maisons de santé. De lutter contre l'immigration irrégulière.

Le 9 juin prochain, en France, c'est l'avenir de nos enfants qui est en jeu. Ne nous laissons pas tromper par les discours populistes de ceux qui veulent faire de l'Union européenne un bouc émissaire responsable de tous nos maux. Et qui, se complaisent dans les fausses promesses et les beaux discours.

Ne soyons pas dupes. Quand Jordan Bardella appelle au patriotisme économique, il prône en réalité un Frexit qui ne dit pas son nom. Il promeut une France isolée, repliée sur soi-même, moribonde et dont l'avenir est voué à l'échec. Est-ce de cette France que nous voulons ? Je ne le crois pas. Ce que nous devons souhaiter, c'est une France forte dans une Europe souveraine. Une Europe de progrès qui se donne les moyens de devenir leader dans la recherche et l'innovation. Une Europe qui protège et nourrit. Une Europe indépendante qui peut se défendre et s'affirmer face aux grandes puissances.

Ne soyons pas anti-France. Ce que promet Marine Le Pen, c'est la capitulation devant le régime totalitaire de Vladimir Poutine. En 2022, elle proposait dans son programme présidentiel, une alliance avec Moscou en matière de défense. En 2023, les eurodéputés du Rassemblement national au Parlement européen ont voté contre une résolution qui condamnait la détention arbitraire d'Alexeï Navalny, mort dans les geôles de Vladimir Poutine. Il y a quelques jours, ils se sont opposés une nouvelle fois au déblocage d'une aide financière de près de 50 milliards à l'Ukraine. C'est désormais un secret de Polichinelle : le Rassemblement national est le porte-voix du Kremlin en Europe.

Ne soyons pas rétrogrades. Au Parlement européen, Jordan Bardella a voté contre une loi environnementale majeure pour la restauration de la nature en Europe, contre le projet de non-prolifération des énergies fossiles en Europe, contre la résolution condamnant la quasi-interdiction du droit à l'avortement en Pologne, contre l'accès à un droit à un avortement légal et gratuit pour toutes les femmes en Europe, et s'est abstenu sur le renforcement de l'égalité salariale entre hommes et femmes... C'est cela le vrai visage du Rassemblement national. Ce même Rassemblement national qui a récemment dîné en catimini avec la patronne de l'AfD, parti d'extrême droite allemand, qui prônait il y a peu la « remigration » de ses étrangers. Derrière le ripolinage de façade, l'ADN du Rassemblement national reste le même : une extrême-droite rance et ultra-conservatrice,

Le 9 juin prochain, un sursaut européen est plus que jamais nécessaire. Nous avons rendez-vous avec notre Histoire. Ne boudons pas les urnes. Ne gâchons pas ces élections. Ne laissons pas les forces d'extrême droite aux positions souverainistes prendre le pouvoir au Parlement européen. Ces démagogues qui servent d'alliés objectifs de l'impérialisme américain ou du totalitarisme russe, toujours avide de diviser les Européens et de les dresser les uns contre les autres. Ne leur laissons pas l'opportunité de mettre à mal cette Europe de paix et de solidarité que nous avons construit sur les ruines des deux guerres mondiales. Ne nous laissons pas duper par les discours démagogues et populistes de ceux qui cherchent à déconstruire notre Europe. Il en va de l'avenir de nos enfants. Plus que jamais, nous avons besoin d'Europe !

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(*) Diplômée en Affaires européennes, membre du Secrétariat général pour les Consultations citoyennes sur l'Europe en 2019 et ayant travaillé pour plusieurs institutions européennes à Bruxelles et à Paris, Shannon Seban est spécialiste des questions européennes. Elle est aussi élue locale à Rosny-sous-Bois en Seine-Saint-Denis et Présidente du parti Renaissance dans ce département.

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Commentaires 6
à écrit le 06/03/2024 à 11:30
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Contrairement à ce que l'on croit, c'est l'Europe qui nous doit tout ! ;-)

à écrit le 06/03/2024 à 10:29
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Cette litanie des avantages ( incontestables) que nous devons à l'Europe a quelque chose de dérangeant parce que plus politique que convaincante. Elle ne suffit pas à donner foi en une Europe qui n'a pas d'identité, dont les dirigeants sont sous l'em...

à écrit le 06/03/2024 à 9:28
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Une propagande pour l'extrême droite, si vous voulez vraiment empêcher que cette idéologie renverse l'UE arrêtez de faire parler ces gens aux propos qui sortent trop souvent de la route:"Et moi et moi et moi, pensez à moi !". Un minimum d'amour propr...

à écrit le 06/03/2024 à 9:17
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Nous ne devons rien à l'europe ! Bien au contraire. C'est elle qui nous doit . Nous sommes contributeurs net de 7 milliards/ an ( source touteleurope.eu). Ce qui veut dire en clair que nous payons chaque année 7 milliards de plus que ce que nous rece...

à écrit le 05/03/2024 à 17:13
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Qui avait intérêt à supprimer les frontières, si ce n'est les multinationales pour en simplifier leur gestion ! ;-)

le 05/03/2024 à 20:07
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l'euro aussi, les multinationales (surtout US) trouvaient trop compliqué de gérer autant de monnaies avec des taux variables, des frais de change, un cauchemar (le fourbi dans les tableurs). :-) Pour parler à des douaniers, il faut aller en Suisse (...

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